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« J’ai dit que je ne vivrais plus jamais à la campagne »

La Croix L’hebdomadaire : Comment vas-tu ?

Juliette Hahn : Très bien, surtout depuis le retour du beau temps. Nous avons traversé la fin du printemps et le début de l’été – pluvieux et peu ensoleillé – avec beaucoup d’inquiétude pour la vigne. C’est une saison compliquée, mais tout n’est pas perdu. De nombreux vignobles du secteur ont été touchés par le mildiou. Quand je reçois des gens au gîte, c’est plus sympa de les accueillir avec du beau temps. Et puis, nous avons plein de projets, comme l’ouverture d’un deuxième gîte à la Toussaint.

En cette année de Jeux Olympiques, avez-vous ressenti un engouement particulier des visiteurs pour l’événement ? Votre gîte a-t-il bénéficié d’une hausse de fréquentation ?

JH: Je ne m’en suis pas vraiment rendu compte : le gîte est toujours complet depuis 2014. Nous avons une clientèle qui, pour la plupart, revient chaque année. Mais depuis la crise sanitaire, les étrangers qui viennent de loin réservent moins. Les Français les ont remplacés, alors que je n’en recevais jamais les premières années.

Au printemps par exemple, un monsieur qui fêtait ses 60 ans a amené ses trois enfants. Ils redécouvrent leur pays, ils ont envie de se retrouver en famille, surtout en hiver, ou pour de petits événements. Ce paysage agricole et viticole très agréable, la destination facile d’accès en voiture ou en train, et la gastronomie, ont dû favoriser cette tendance. Si l’on en croit ce que nous disent d’autres propriétaires de gîtes, la demande est forte dans la région. Nos clients avaient envie de s’échapper de la capitale.

Quel est le lieu auquel vous êtes attaché ?

JH: Ici ! Le logement, bien sûr, et surtout cette maison ! J’aurais du mal à quitter cet endroit. Nous conservons les archives de la maison depuis 1624. Au XXe siècleet Au 19e siècle, les dernières familles de propriétaires l’avaient acquis pour y passer leur retraite. Les deux enfants de Peter et notre fille sont les premiers depuis très longtemps à avoir grandi ou à être nés ici. Ils nous implorent de ne jamais déménager. C’est ici que nous avons construit notre vie.

La première fois que j’ai découvert les lieux, j’ai eu un véritable coup de cœur pour la maison. Mon mari, qui l’avait achetée en 2002 avant de me rencontrer, ressentait la même chose. Pourtant, je viens d’une famille d’agriculteurs, j’avais dit que je ne vivrais plus jamais à la campagne. Je suis revenue sur mes paroles. J’ai tout l’espace pour bricoler et peindre. Ici, c’est non-stop, presque un peu trop ! J’ai toujours des outils à portée de main. Ma plus grande joie est d’aller chez Leroy Merlin. Et, dans cette maison, la musique est présente partout. Le vin est élevé en musique, ce qui fait beaucoup rire nos hôtes, à qui nous montrons comment il est élaboré.

Quelles sont les idées reçues sur votre métier qui vous agacent ?

JH: Il n’y a pas grand-chose qui parle de location de chambres d’hôtes. Les gens pourraient penser que nous gagnons très bien notre vie, mais ils comprennent que ce n’est pas le cas. J’ai très rarement eu des familles qui venaient en pensant être dans un hôtel et penser que je serais là pour elles, comme un concierge. C’est arrivé avec des Australiens. Mais, en général, tout le monde est très respectueux. Certains nous ont même offert du vin pour nous inviter à l’apéro. D’autres nous ont envoyé des cadeaux pour notre mariage, alors qu’ils n’étaient venus qu’une fois. Nous avons rencontré des gens très sympathiques. Comme cette maison est notre lieu de vie et notre lieu de travail, elle induit une atmosphère un peu différente, peut-être plus humaine.

À quand remonte la dernière fois où vous avez pris un risque ?

JH: C’est en venant vivre ici, en Touraine, que j’ai tout quitté pour cette région que je ne connaissais pas du tout ! Le 30 juin 2009, j’ai quitté mon travail et commencé une formation de carreleur à l’Afpa. Avant de m’occuper des gîtes, j’avais envie de monter un atelier de mosaïque. Mais je me suis vite rendu compte que ce ne serait pas viable. Et puis, je suis tombée enceinte…

Quelle chanson représente le mieux votre vie ?

JH: Parmi les dizaines qui m’accompagnent, si je devais en choisir un, je dirais « Quel monde merveilleux » « , par Louis Armstrong.

New Grb1

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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