« J’ai dit : ‘Les filles, n’y allez pas, sinon je tombe !’ », raconte Marie Patouillet, médaillée d’or qui s’est sentie mal.
La Française, vainqueur de la poursuite 3000 m (C5), revient sur l’épisode qu’elle a vécu lors de la remise des médailles.
À Saint-Quentin-en-Yvelines
Dès le début du protocole, qui a rapidement suivi après la course, Marie Patouillet tentait de reprendre son souffle. Les mains sur les genoux, elle manquait de souffle dans un vélodrome écrasé par la chaleur. Il lui a fallu le soutien d’Heidi Gauguin et de la Néo-Zélandaise Nicole Murray pour arriver au bout de la cérémonie. Avant de quitter le podium en fauteuil roulant. La généraliste, après quelques minutes, est revenue avec le sourire sur l’épisode en zone mixte. Elle qui, à 36 ans, née avec une malformation au pied gauche, dispute ses derniers Jeux et a remporté, au bout de l’effort et de l’émotion, sa première médaille d’or (après deux médailles d’argent en 2021 à Tokyo) sur la poursuite 3000 m (C5). Extraits.
Le podium : « Dans les couloirs, je ne me sentais déjà pas bien. À Tokyo (en 2021), j’avais des picotements, ça a tenu. Là, rien n’a tenu. Je me suis dit, il faut que je le dise sinon ça va finir en malaise et j’ai encore du chemin à faire. Ce serait bête de faire l’accident sur malaise, j’ai des coéquipières, notamment une coéquipière en or Heïdi (Gauguin) qui m’a soutenue malgré sa déception. On aura vécu une Marseillaise contre le protocole. On nous a demandé de nous séparer, j’ai dit »Les filles ne partez pas, sinon je tombe ! » On a vécu une Marseillaise atypique. Il faudra que je regarde les images car je ne me souviens pas de tout. L’atypique me ressemble assez. Il y a la chaleur, les émotions, l’effort physique. Quand on fait une finale, on y va avec ses tripes, avec tout ce qu’on a et même plus. Et le public m’a emmenée au-delà de ce que je pouvais faire. »
Une fin en or : « Je ne m’en rends pas compte, déjà parce qu’il y avait ce malaise post-finale et parce que dans ma tête Heidi était la favorite. Elle avait réalisé un chrono tellement incroyable ce matin que je me suis dit ‘’Fais ce que tu sais faire, pas de regrets, ce sont tes derniers tours, il faut qu’ils soient magiques, pas à moitié. Il ne faut pas abandonner avant la fin, il faut juste pousser, pousser, pousser. C’est ce que j’ai fait. » Je pense que ma détermination m’a un peu poussée physiquement mais le résultat est là. Il me faudra un peu de temps pour m’en rendre compte. Je m’entraîne plus pour le 500 m que pour la poursuite. Faire deux efforts aussi rapprochés, ce n’est pas mon domaine. Souvent, soit je craque, soit je fais un chrono bien moins bon. Là, il y a eu le public, les mots de ma partenaire qui me disait ‘’Ce sont tes derniers tours, tu te les dois, ne pense pas au podium, il faut les rendre magiques. » Je suis partie avec ça, je pense que ça m’a libérée. Je suis en sous-performance depuis trois ans, des temps qui ne me convenaient pas, qui ne m’ont pas satisfait pendant tous ces championnats du monde entre Tokyo et maintenant, ça fait du bien d’aller chercher ce fameux record personnel qui était mon objectif principal.
Heidi : « Je l’ai vue. Inconsolable. Je la comprends. Comme toute compétitrice, elle voulait gagner. Il y a de la déception derrière. Avec le temps du matin, elle était favorite. Elle va se ressaisir. Et sur la route, elle va faire des choses incroyables. »
« Entre les deux poursuites, j’étais épuisée, je me disais ‘mais comment tu vas faire’. Mais il y a cette magie, ce sont les Jeux. La route va être une autre affaire, les efforts sont plus longs. Mais, moment présent. ‘Pas à pas’, ce que j’ai fait entre mes deux poursuites. Et on verra. Après ? Ça me fait encore moins regretter d’avoir arrêté. J’ai réussi à faire en sorte que tout soit aligné, ma tête, mon physique, je fais des Jeux incroyables. L’ambiance avec le staff est magique. Tous mes proches sont là. Tout est aligné. Je me dis que j’ai énormément de chance de pouvoir m’arrêter maintenant avec ces résultats. »
