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« J’ai acheté une place dans mon collège » : comment ce pensionnat royal renaît de ses cendres


« J’ai passé une partie de ma scolarité ici et j’achète un logement dans mon ancien collège. J’attends la livraison des appartements en juin 2025 pour y passer un week-end« Une dizaine d’anciens pensionnaires, qui ont passé leur scolarité au Pensionnat Royal de Juilly, en Seine-et-Marne (77), juste derrière l’aéroport Paris-Charles de Gaulle, se sont précipités pour acheter l’un des 217 logements qui seront construits en juin 2025 dans l’ancien collège privé catholique, fondé en 1638 sur ordre de Louis XIII.

Depuis 400 ans, des générations d’étudiants se succèdent dans les murs de cet établissement qui a fermé ses portes en 2012 après plusieurs années de difficultés financières. Parmi les élèves illustres qui ont fréquenté les lieux, on note La Fontaine, Montesquieu, le frère de l’empereur, Jérôme Bonaparte, Claude Brasseur, Michel Polnareff mais aussi une figure plus sombre, celle du criminel Jacques Mesrine.Le bon vieux temps de Juilly est révolu depuis longtemps…», écrit-il avec une pointe de nostalgie, depuis sa prison, à son ami Jean-Jacques Debout à propos de ses années au pensionnat de Juilly.

« Les anciens élèves sont attachés à leur ancien pensionnat. Ils gardent de nombreux souvenirs en tête. Certains ont fait des bêtises dans cet établissement. Certains élèves ont construit un radeau pour rejoindre une petite île juste à côté et ont séché les cours.« , explique Marine Boyer, responsable marketing chez Histoire & Patrimoine, l’entreprise à l’origine de cette rénovation d’envergure. Julien Dufour fait partie des anciens élèves qui ont décidé d’investir dans un logement au sein de leur ancien collège. »J’ai séjourné à l’internat de Juilly de 1984 à 1988, de la quatrième à la première année. Nous gardons toujours un excellent souvenir de ces années. Pendant les vingt années qui ont suivi, dès que nous avons croisé d’anciens élèves, le reste de l’humanité n’existait plus, nous nous sommes raconté nos souvenirs. Pendant le Covid, je regardais des vidéos sur Youtube concernant Juilly et je suis tombée sur l’annonce d’Histoire & Patrimoine qui évoquait la réhabilitation du collège et la possibilité d’acheter un logement. » explique-t-il.

Un investissement locatif

Il a acheté un appartement de 25 mètres carrés.Je vais le mettre en location mais avant de le louer, je prendrai trois/quatre jours pour dormir sur place. Et entre deux locataires, je viendrai ici me reposer dans ce cadre bucolique et profiter du parc« , projette-t-il. Julien Dufour a récemment visité les lieux et a retrouvé l’odeur du jardin et de la pierre qui ont marqué son enfance. « En rentrant, j’ai eu des flashs de tranches de vie. Le terrain de foot qui est aujourd’hui une forêt vierge notamment. J’avais le souvenir du plus beau but que j’ai marqué. J’avais aussi oublié tous ces avions qui passent au dessus de nos têtes. A mon époque, quand le Concorde passait, on s’amusait à ouvrir les fenêtres 5 minutes avant, en faisant comme si il faisait trop chaud pour faire une pause et le regarder passer sous nos fenêtres » se souvient-il, avec une pointe d’émotion dans la voix.

Certains appartements auront vue sur le célèbre lac où les élèves faisaient l’école buissonnière. Et aussi sur le pigeonnier qui sera rénové. C’est le cas du logement de Julien Dufour. Il est situé à quelques dizaines de mètres de son ancien dortoir, où il dormait lorsqu’il était en seconde. Parmi les logements, qui vont du T1 au T4, figure un deux-pièces aménagé dans l’ancienne salle de réception. Un ensemble patrimonial composé de boiseries d’époque et de menuiseries d’origine ainsi que de peintures datant du XVIIIe siècle, qui servira désormais de pièce principale au futur logement, une fois les peintures restaurées.

25 millions d’euros de travaux

« Le bâtiment s’est dégradé très rapidement depuis sa fermeture en 2012. La mairie a appelé à l’aide. Chaque année qui passait mettait ce lieu en péril. Histoire & Patrimoine sauve le patrimoine français et l’intègre dans la politique de l’habitat« , explique Agnès Rouffiac, directrice générale adjointe d’Histoire & Patrimoine. « Nous avons eu pas mal de mauvaises surprises. La pourriture sèche avait infesté certaines parties ainsi que des parasites. Il y avait aussi des infiltrations d’eau« , note Faustine Cailleux, directrice des travaux. Des travaux qui coûtent 25 millions d’euros.

Il ne reste plus que 4 logements à vendre dans le plus ancien pensionnat de France. Comptez 137 000 euros pour un studio. La part des travaux représente 65% du prix. Le pensionnat de 10 000 m² est protégé au titre des Monuments Historiques.La DRAC (Direction régionale des affaires culturelles, NDLR) suit le projet. Les matériaux nous sont imposés, donc le prix est plus élevé que pour des logements neufs. Là où une construction neuve serait à 2000 euros le mètre carré, nous sommes à 4000 » explique Faustine Cailleux.

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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