Nouvelles locales

Istanbul assiégée pour empêcher le rassemblement syndical du 1er mai sur la place Taksim

Affrontements entre manifestants et policiers turcs, qui bloquent le passage vers la place Taksim, à Istanbul, lors du défilé du 1er mai 2024.

Rarement une telle démonstration de force n’a été réalisée pour un 1euh-Mai à Istanbul, avec barrières et cordons policiers partout, contrôles, rues fermées, véhicules blindés déployés depuis les rives du Bosphore jusqu’à la péninsule historique de Sultanahmet. Aucun bus, métro, tramway ou bateau ne pouvait accéder aux quartiers centraux de Beyoglu, Fatih et Sisli. Une ville assiégée s’est ainsi réveillée, mercredi matin, sous l’étrange ballet de dizaines et de dizaines de touristes étrangers tirant leurs valises à roulettes sur les grands axes désespérément vides, à la recherche d’un improbable taxi.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés En Turquie, la nette débâcle d’Erdogan aux élections municipales

La veille, le gouverneur de la mégapole avait dressé une liste à la Prévert des itinéraires et gares de transports en commun rendus inaccessibles à partir de 5h30, obligeant plusieurs partis d’opposition et centrales syndicales à changer de point de rendez-vous. Le ministre de l’Intérieur, Ali Yerlikaya, a annoncé le déploiement de 42 000 policiers dans la ville, soit plus du double des effectifs des années précédentes, dénonçant par avance le « les organisations terroristes (qui veut) faire 1euh-Que un champ d’action et de propagande ». Mercredi, selon un bilan de son ministère, 210 personnes ont été arrêtées, sans même pouvoir s’approcher de la place.

Très tôt, des images des premières arrestations de groupes de militants, pour la plupart très jeunes, ont commencé à circuler sur les réseaux sociaux. Des membres de partis de gauche et d’extrême gauche, qui tentaient de rejoindre Taksim, fermée aux manifestants depuis le mouvement de révolte Gezi (du nom du parc situé sur la place) réprimé par le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan en 2013. . Le lieu le plus hautement symbolique de l’histoire sociale, syndicale et politique turque.

« La résistance est partout ! »

En 1977, la traditionnelle manifestation du 1euh-Le mois de mai à Taksim s’est terminé dans un bain de sang. Des coups de feu tirés depuis plusieurs bâtiments ont été suivis d’une panique qui a fait 34 morts et 136 blessés. Suite à ce drame, les manifestations ont été systématiquement interdites sur cette place pendant plus de trois décennies.

C’est précisément là que les organisations syndicales et les partis d’opposition, dont le Parti républicain du peuple (CHP), ont appelé à des manifestations ces derniers jours. Galvanisés par la victoire aux élections municipales du 31 mars, qui se sont soldées pour la première fois par un revers majeur pour la coalition islamo-nationaliste au pouvoir, les groupes opposés à la politique du gouvernement d’Erdogan ont tenu à marquer ce jour de leur empreinte. Une marche, selon les communiqués, contre « Pauvreté et faim » et la mise en place de« une autre politique pour sortir le pays de la crise et de son autoritarisme ». En vain.

Il vous reste 43,68% de cet article à lire. Le reste est réservé aux abonnés.

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
Bouton retour en haut de la page