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Israël transfère des centaines de Gazaouis hors d’un camp de détention où l’armée est accusée de torture

Caserne à l’intérieur d’une grande base militaire au milieu du désert du Néguev, dans le sud d’Israël : Sde Teiman est depuis des mois le principal centre de détention des prisonniers de Gaza. Ceux qui ont été libérés parlent de torture, de violences sexuelles et d’humiliation. Des centaines de détenus sont contraints de rester à genoux pendant des heures, enchaînés et les yeux bandés.

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Aucun observateur extérieur n’a pu entrer pour surveiller ce qui se passe dans le centre de détention ; depuis le 7 octobre 2023, le Comité international de la Croix-Rouge n’a plus accès aux prisons israéliennes. L’armée a déclaré au journal israélien Haaretz mener des enquêtes criminelles sur la mort de 48 Gazaouis, dont 36 à Sde Teiman. Le 3 juin, le quotidien rapportait qu’aucune arrestation n’avait eu lieu.

Une source militaire confirme Monde la mort de 36 détenus, « y compris les personnes souffrant de maladies ou de blessures liées aux hostilités en cours », sans préciser dans quel centre de détention ils sont décédés. L’armée a assuré avoir ouvert quelque 70 enquêtes sur des actes commis en lien avec ses actions à Gaza. Selon l’armée, « la plupart des enquêtes sont toujours en cours ; certains cas ont donné lieu à des sanctions pouvant aller jusqu’à des peines de prison. »

Plusieurs ONG israéliennes ont déposé un recours auprès de la Cour suprême, exigeant la fermeture immédiate de Sde Teiman. Au lendemain de l’audience, le 28 mai, le chef d’état-major de l’armée israélienne, Herzi Halevi, a annoncé la nomination d’un « Comité consultatif » d’examiner les conditions de détention dans le camp. Mercredi 5 juin, l’État hébreu a annoncé avoir commencé le transfert de détenus gazaouis vers les prisons militaires d’Ofer, en Cisjordanie occupée, et de Ktzi’ot, dans le Néguev. Sur 700 prisonniers, seuls 200 devraient rester à Sde Teiman, que les autorités veulent transformer en centre de détention provisoire – principalement pour trier les détenus et procéder aux interrogatoires préliminaires, selon son rapport. « première utilisation ».

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L’État semble ainsi reconnaître que Sde Teiman ne respectait pas, jusqu’alors, les garanties du droit israélien et international. L’armée réfute ces accusations, affirmant que les détenus reçoivent de la nourriture trois fois par jour et bénéficient d’un suivi médical. Les juges ont donné aux autorités jusqu’au 10 juin pour prouver qu’elles améliorent les conditions de détention. Les ONG pétitionnaires réclament toujours la fermeture du centre. « Sde Teiman est un établissement où les conditions sont inhumaines et où la poursuite de ses activités pourrait conduire à des accusations de crimes de guerre contre des responsables israéliens »a réagi mercredi l’Association pour les droits civiques en Israël dans un communiqué.

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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