Israël sous le choc après le suicide d’un jeune survivant le 7 octobre
Son regard chocolaté et facétieux a inondé les médias et les réseaux sociaux israéliens ce lundi 21 octobre. La photo du visage juvénile de Shirel Golan accompagnait l’annonce de son décès. Cette jeune survivante du Nova Festival s’est suicidée dimanche 20 octobre, jour de son 22e anniversaire.
La jeune femme souffrait du syndrome de stress post-traumatique. Sa famille dénonce le manque de soutien de l’État : « Ma sœur a été tuée deux fois par l’État d’Israëlaccuse son frère, Eyal Golan, dans un post sur Facebookk. Elle a été assassinée mentalement le 7 octobre 2023 et physiquement le 20 octobre 2024. Si les survivants de Nova recevaient 5 % du soutien que reçoivent les familles d’otages, nous ne serions pas dans cette situation. »
« L’âme pleure, le cœur parle »
Shirel Golan a été sauvée de l’attaque du Nova Festival par le sergent Ramon Salman Al Huzail, un policier bédouin chargé de sécuriser le lieu, qui l’a mise avec quatre autres personnes dans sa voiture. Le reste du groupe monta dans une jeep qui prit la tête du petit convoi. « Nous avons raté le carrefour. La voiture devant nous a tourné à gauche, nous avons continué tout droit. Ils ont été piégés par le Hamas alors que nous arrivions sains et saufs à Kfar Maimon. »dit-il dans un documentaire. De nombreux survivants se sentent coupables d’être restés en vie.
Le 13 août, la jeune femme exprimait son mal-être sur Facebook en partageant une publication qui disait : « L’âme pleure, le cœur parle. » En réponse au message, elle a écrit le mot désertsuivi d’un emoji de cactus. Des membres de la famille ont déclaré à la chaîne câblée israélienne 12 que l’état mental de Shirel s’était détérioré au cours de l’année et qu’elle ne recevait aucune aide autre que celle de la communauté de Nova.
Celui-ci rassemble et prend en charge la grande famille de 3 600 survivants et certains proches d’otages. « Ma mère a dû prendre une retraite anticipée pour être aux côtés de Shirel »détaille Eyal Golan devant la caméra avant de promettre : « Son histoire sera un tournant. Il n’est pas possible qu’un autre survivant de Nova mette fin à ses jours. »
Un enjeu de santé publique
Un mois après le 7 octobre, le représentant du ministère de la Justice, Daniel Raz, a déclaré à la presse qu’au moins 10 survivants du festival avaient été hospitalisés de force dans des établissements psychiatriques. La question du traumatisme de ces survivants est devenue un enjeu de santé publique.
D’autant que de fausses informations sont venues parasiter le débat. Un survivant affirmait en avril dernier que 50 festivaliers s’étaient suicidés depuis le massacre. Un chiffre réfuté par le ministère de la Santé, qui a affirmé ne pas connaître les données relatives au sujet.
« La mort de Shirel met en lumière les conséquences tragiques des lacunes du système de santé mentale israélien. Les survivants d’un traumatisme comme elle sont souvent confrontés à de longues listes d’attente pour une thérapie ou des soins psychiatriquesdénonce Stuart Katz, docteur en psychologie qui mène un travail de plaidoyer en faveur de la santé mentale, sur Facebook. Nous ne pouvons pas attendre que le gouvernement règle tout. Il est urgent d’agir au niveau local. »