Israël est confronté à une pénurie de troupes sans précédent alors que le pays est confronté à des menaces sur plusieurs fronts. Dans ce contexte, l’idée de recruter des demandeurs d’asile africains pour renforcer l’armée se développe. Cette proposition suscite de vifs débats sur son efficacité et ses implications politiques.
Israël fait face à une pénurie de soldats
Le contexte actuel en Israël est marqué par une grave crise de recrutement au sein de l’armée. En effet, l’armée israélienne, confrontée à des conflits sur plusieurs fronts – Gaza, Liban, Syrie et au-delà – peine à combler les vides laissés par les réservistes déjà mobilisés. Malgré les efforts du gouvernement pour maintenir ses forces militaires opérationnelles, entre 10 000 et 20 000 soldats sont toujours portés disparus.
La pression sur l’armée s’accroît avec la multiplication des menaces extérieures, notamment la présence d’acteurs comme le Hamas, les Houthis ou encore l’Iran. Dans ce contexte, Israël explore des solutions non conventionnelles pour renforcer ses rangs, notamment le recours aux demandeurs d’asile africains, une population généralement marginalisée.
Recruter des demandeurs d’asile africains : une solution controversée
Le recrutement de demandeurs d’asile africains est une proposition qui divise. Actuellement, environ 30 000 demandeurs d’asile africains résident en Israël, souvent en situation irrégulière et dans des conditions précaires, selon l’hebdomadaire Marianne. L’armée israélienne envisage de leur offrir le statut de résident permanent en échange de leur service militaire. Ce « deal » serait un moyen de régulariser leur situation tout en répondant aux besoins criants en personnel.
Cette solution suscite cependant des débats. Certains pensent que le recours à des personnes vulnérables pour remplir les rangs de l’armée peut être considéré comme une forme d’exploitation. D’autres soulignent que cela permettrait aux demandeurs d’asile d’échapper à l’expulsion et d’obtenir la stabilité en Israël. Les partisans de cette initiative soulignent également que certains de ces immigrés ont déjà contribué à l’effort national, en travaillant dans des secteurs essentiels ou en s’impliquant dans l’aide humanitaire.
Les limites d’une telle mesure
Même si l’idée de recruter des demandeurs d’asile peut paraître une solution pragmatique, elle ne suffit pas à résoudre tous les problèmes de recrutement de l’armée. Relever l’âge maximum des réservistes ou allonger la durée du service militaire sont également envisagés, mais ces mesures restent insuffisantes compte tenu de l’ampleur de la pénurie. L’armée est contrainte d’allonger les périodes de réserve de certains soldats, ce qui pèse sur le moral et les capacités des troupes.
Par ailleurs, le défi logistique de la formation des recrues étrangères, parfois peu familières avec la langue ou la culture israélienne, complique la mise en œuvre de cette solution. Deux semaines de formation militaire accélérée sont envisagées, mais cela pourrait être insuffisant pour préparer ces soldats à des conflits de haute intensité.
La bataille des exemptions religieuses
Dans le même temps, une autre question majeure continue d’être débattue en Israël : celle de l’exemption militaire pour les juifs ultra-orthodoxes. Près de 60 000 jeunes de cette communauté sont exemptés du service militaire, une situation qui agace une grande partie de la population laïque, contrainte de servir. La Cour suprême a récemment jugé cette exemption illégale, mais le gouvernement de Benjamin Netanyahu, soutenu par les partis ultra-orthodoxes, hésite à appliquer cette décision, de peur de déstabiliser sa majorité.
Face à cette réalité, le recours aux demandeurs d’asile africains peut apparaître comme une solution temporaire pour combler les lacunes. Cependant, jusqu’à ce que la question des exemptions religieuses soit résolue, l’armée israélienne continuera à faire face à d’importants défis de recrutement, menaçant son efficacité à long terme.