Nouvelles locales

Israël : le Shin Bet dénonce le « terrorisme juif » en Cisjordanie

Ronen Bar ne mâche pas ses mots. Le chef du Shin Bet, le service de sécurité intérieure israélien, dénonce, dans une lettre ouverte adressée aux ministres, le danger que représentent les violences de plus en plus fréquentes commises par de petits groupes de colons extrémistes contre la population palestinienne en Cisjordanie.

Pour lui, ce genre d’agression relève incontestablement du « terrorisme juif », qui cause des « dégâts indescriptibles » et « met en danger l’existence d’Israël ». La menace est telle que Yoav Gallant, le ministre de la Défense, a repris cet avertissement avec un ton alarmiste sans précédent.

Tous deux faisaient notamment référence à un raid punitif mené la semaine dernière par une cinquantaine de colons extrémistes masqués, dont certains armés, dans le village de Jit, dans le nord de la Cisjordanie. Au cours de ce « pogrom », comme l’ont qualifié plusieurs commentateurs israéliens, un Palestinien a été tué par balle, d’autres blessés, tandis que plusieurs maisons et voitures ont été incendiées. Les images de ces atrocités ont provoqué un choc en Israël. Quatre suspects ont été arrêtés vendredi.

Possible complot

Mais pour Ronen Bar, le compte n’est pas là. Il évoque la possibilité d’un complot en raison de la multiplication de ce type d’agressions depuis le début de la guerre le 7 octobre dans la bande de Gaza. Selon le chef du Shin Bet, la police, contrôlée par le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, leader d’un parti ultranationaliste, fait preuve d' »incompétence » et « donne peut-être même l’impression d’un soutien caché à ces actes, ce qui provoque une augmentation significative du nombre de ceux qui y prennent part ».

Ronen Bar s’en prend également aux fonctionnaires qui sont des « membres de l’establishment » et qui, selon lui, donnent une légitimité à cette violence. Il ne manque pas non plus de souligner que les armes dont disposent ces extrémistes leur ont été distribuées « légalement », certaines avec l’autorisation et l’encouragement du ministre de la Police.

Sanctions

Et d’ajouter que ces attaques ne peuvent qu’alimenter un « cycle de terreur et de vengeance » sur le terrain, tout en provoquant des critiques « de la part de nos meilleurs amis dans le monde », en faisant notamment référence aux Etats-Unis, à l’Union européenne et à la France, qui ont pris ces derniers mois des sanctions contre les colons violents et les organisations qui les soutiennent.

Ronen Bar et Yoav Gallant ont dans leur viseur Itamar Ben-Gvir, qui est allé prier avec des centaines de ses fidèles le 13 août sur le mont du Temple, lieu saint du judaïsme dans la vieille ville de Jérusalem, où s’étend l’esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l’islam. En vertu d’un statu quo en vigueur depuis plus d’un demi-siècle, que la police est censée faire respecter, y compris par la force, les juifs peuvent se rendre sur le site, mais pas y prier.

Traitement spécial

Le chef du Shin Bet s’en est également pris à Itamar Ben-Gvir, en tant que chef de l’administration pénitentiaire. Les quelques auteurs de violences anti-palestiniennes arrêtés bénéficient d’un traitement de faveur durant leur détention et reçoivent des fonds de solidarité collectés pour eux par des députés et sympathisants d’extrême droite à leur libération.

En réponse, Itamar Ben-Gvir a exigé la démission de Ronen Bar, accusé d’être en partie responsable du fiasco du 7 octobre, lorsque l’armée et le Shin Bet ont été pris par surprise par des commandos du Hamas infiltrés depuis la bande de Gaza en Israël. S’adressant au ministre de la Défense, Ben-Gvir, dont le soutien est vital pour la majorité parlementaire de Benjamin Netanyahu, a proclamé qu’il ferait mieux, comme il l’a promis, de « ramener le Liban à l’âge de pierre » si le Hezbollah poursuivait son agression, plutôt que de « laisser le nord d’Israël revenir à l’âge de pierre » suite aux dizaines de roquettes tirées quotidiennement par cette milice chiite alliée à l’Iran vers la région frontalière.

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
Bouton retour en haut de la page