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Israël : des extrémistes de droite attaquent deux bases militaires

Un dessin publié par le quotidien israélien Yediot Aharonot résume bien ces scènes déjantées. Benjamin Netanyahu, le chef du gouvernement, aux côtés de Yoav Gallant, le ministre de la Défense, examinent des cartes militaires de la bande de Gaza et du Liban, tandis que le général Herzi Halevi, le chef d’état-major, qui se trouve à côté d’eux, leur demande « doit-on aussi se préparer à une guerre civile ? »

Tout a commencé lundi lorsque des membres de la police militaire sont venus arrêter neuf réservistes servant dans le centre de détention palestinien de Sde Taiman, dans le sud d’Israël. Ces soldats sont notamment soupçonnés d’avoir violé l’une des prisonnières palestiniennes. Aussitôt, des dizaines d’extrémistes de droite alertés par les réseaux sociaux se sont précipités et ont forcé l’entrée de ce camp dénoncé ces derniers mois par des ONG israéliennes et des lanceurs d’alerte, comme un centre où les mauvais traitements et la torture étaient monnaie courante, au point que sa fermeture est programmée.

Héros

Certains manifestants étaient armés et portaient des uniformes. Des affrontements ont eu lieu avant qu’un calme relatif ne revienne. Les neuf militaires suspectés ont ensuite été transférés à la base de Beit Lid, où siège le tribunal militaire qui doit les juger. Là aussi, des militants d’extrême droite, réclamant la libération immédiate des suspects présentés comme des héros, ont réussi à pénétrer dans la base, échangeant coups et insultes avec les soldats vilipendés comme des « traîtres ».

Détail important : une demi-douzaine de députés d’extrême droite, mais aussi du Likoud, le parti de Benjamin Netanyahu, ainsi que le ministre du Patrimoine, Amichai Eliyahu, ont activement participé à ces scènes d’émeutes. Yaïr Lapid, le chef de l’opposition centriste, a pour sa part dénoncé une « insurrection fasciste », une « tentative de coup d’Etat menée par des milices armées » susceptible de provoquer « l’effondrement du pays ».

« Procès méprisable »

Le ministre de la Justice Yariv Levin, le ministre de l’Economie Nir Barkat et le président de la commission de la Défense et des Affaires étrangères Yuli Edelstein, tous membres du parti Likoud, ont protesté non pas contre la tentative de coup d’Etat des centaines de manifestants, mais contre les conditions dans lesquelles les neuf soldats ont été arrêtés par des membres de la police militaire, qui portaient des masques, tout en dénonçant un « procès méprisable contre nos soldats qui ne sont pas des criminels ».

Les ministres des deux partis d’extrême droite, Itamar Ben Gvir (Sécurité nationale et police) et Bezalel Smotrich (Finances), sont allés encore plus loin, apportant leur soutien total aux émeutiers. Yair Netanyahu, le fils du Premier ministre, a qualifié le procès des neuf soldats de « criminel » et « antisioniste ».

Benjamin Netanyahu a pour sa part appelé au calme et « condamné fermement l’incursion » dans les deux bases, sans toutefois réclamer de sanctions contre ceux qui auraient participé à une telle opération. Dans un premier temps, la police n’a procédé à aucune arrestation contre les manifestants, même si pénétrer de force dans une base militaire est un crime.

« Attaque contre la démocratie »

Beaucoup plus fermement, Yoav Gallant, le ministre de la Défense, a exigé une enquête sur le comportement de la police qui, selon lui, a délibérément retardé son intervention sur ordre d’Itamar Ben Gvir pour faciliter la tâche des manifestants. Pour lui, les tentatives de prise d’assaut des deux bases « portent gravement atteinte à la démocratie et font le jeu de nos ennemis en temps de guerre ».

Sur le terrain, pour prévenir de nouvelles violences, l’armée a mis en place des barrages routiers et érigé une clôture autour de la base de Beit Lid. Trois bataillons stationnés en Cisjordanie ont été déployés dans la zone, ainsi qu’une unité qui devait être envoyée dans la bande de Gaza en renfort. Selon la radio militaire, les préparatifs de représailles contre le Hezbollah libanais après la mort de 12 enfants sur le plateau du Golan samedi par une roquette tirée depuis le Liban, ont également été retardés suite aux mesures d’urgence prises pour contrecarrer de nouvelles émeutes.

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides

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