Israël : des colons extrémistes déchaînent la violence en Cisjordanie

« Terrorisme juif » et « pogrom »: c’est ainsi que les chaînes de télévision les plus regardées en Israël ont qualifié les violences commises vendredi par des dizaines de colons extrémistes dans le village de Jit, en Cisjordanie. Un Palestinien a été tué par balles et six autres blessés, plusieurs maisons et voitures ont été incendiées. Dans un premier temps, aucun des émeutiers, qui prétendaient vouloir se venger d’un incident de jets de pierres dont ni les services de sécurité ni l’armée n’avaient eu connaissance, n’a été arrêté.

L’armée a pour sa part reconnu que les soldats qui se trouvaient à proximité de cette expédition punitive « manquaient de détermination » pour empêcher ces atrocités. Selon des témoignages recueillis par Haaretz, quotidien de gauche, les soldats présents sur les lieux ont assisté aux scènes de violence sans intervenir.

Les images d’hommes masqués incendiant une voiture avec un cocktail Molotov et d’individus masqués frappant un Palestinien devant son domicile ont provoqué une onde de choc en Israël. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, le président israélien Isaac Herzog, les leaders de l’opposition et le porte-parole de l’armée ont tous dénoncé ces actes et appelé à ce que les auteurs soient poursuivis.

Les représentants des quelque 500 000 Israéliens vivant dans les colonies de Cisjordanie, région conquise par l’Etat hébreu lors de la guerre des Six Jours en juin 1967, comme Yossi Dagan, n’ont pas non plus ménagé leurs critiques pour se démarquer de ces « jeunes marginaux violents, que je méprise ».

Impunité

Jusqu’à présent, les petits groupes de colons extrémistes qui commettent des attaques contre les Palestiniens jouissent d’une impunité quasi totale. Selon un décompte de La Paix Maintenant, une ONG israélienne de gauche, 11 Palestiniens ont été tués par des colons qui sont également responsables de 1 392 « incidents » violents depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza le 7 octobre.

Seul Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité intérieure et chef d’un parti ultranationaliste, s’en est pris non pas aux assaillants, mais surtout à l’armée. « Le fait que Tsahal ne soutienne pas les soldats qui tuent les terroristes qui jettent des pierres conduit à ce genre d’incidents », a-t-il expliqué. Détail important : Itamar Ben Gvir est le chef de la police. Or, selon les médias israéliens, il aurait tendance à ralentir les enquêtes ouvertes contre les émeutiers.

Effet dévastateur

A l’étranger, ces attaques et l’impuissance des autorités ont eu un effet dévastateur sur Israël. Les Etats-Unis ont immédiatement dénoncé les atrocités commises par les colons et appelé à ce qu’ils soient traduits en justice, tandis qu’ils ont déjà pris ces derniers mois une série de sanctions contre des individus et des organisations d’extrême droite.

De même, Stéphane Séjourné, le ministre français des Affaires étrangères, et son homologue britannique David Lammy, dans une déclaration commune à l’issue d’une visite en Israël vendredi, ont critiqué les « violences perpétrées par les colons en Cisjordanie qui menacent la sécurité d’Israël et des Palestiniens et risquent de compromettre les efforts diplomatiques en cours ».

Ils faisaient référence aux négociations lancées ce week-end lors d’un sommet à Doha sous l’égide des Etats-Unis, de l’Egypte et du Qatar avec la participation d’une délégation israélienne en vue de conclure un accord sur un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et la libération de 115 otages détenus par le Hamas. Les discussions présentées comme « encourageantes » doivent se poursuivre dimanche au Caire et en Israël avec une rencontre entre Antony Blinken, le secrétaire d’Etat américain et Benjamin Netanyahu.