OMAR AL-QATTAA / AFP
Jeudi 10 octobre, une commission d’enquête de l’ONU a accusé Israël de « crimes de guerre » à Gaza. (Photo : L’hôpital al-Shifa détruit à Gaza, le 17 septembre 2024)
INTERNATIONAL – Un rapport « scandaleux ». Israël a vivement critiqué, ce vendredi 11 octobre, une enquête de l’ONU l’accusant d’avoir délibérément ciblé des établissements de santé et fait de nombreuses victimes parmi le personnel médical de la bande de Gaza.
Dans une longue déclaration, l’ambassade d’Israël auprès de l’ONU à Genève rejette avec véhémence les allégations portées contre elle. « Ce rapport présente sans vergogne les opérations israéliennes dans les établissements de santé infestés de terroristes à Gaza comme une stratégie contre le système de santé. » fustige l’État hébreu, ajoutant que « Les installations médicales de Gaza ont été systématiquement utilisées par le Hamas et le Jihad islamique palestinien à des fins terroristes ».
Actes de torture sur des détenus par Israël et le Hamas
Ce rapport, publié jeudi 10 octobre, est le résultat d’une enquête menée par trois experts de l’ONU. Il conclut que« Israël met en œuvre une politique concertée de destruction du système de santé de Gaza. » Il dénonce également les exactions commises par le Hamas et les groupes armés palestiniens.
Dans un communiqué, la Commission d’enquête internationale indépendante des Nations Unies a ajouté que l’État juif « commet des crimes de guerre et le crime contre l’humanité d’extermination » avec ses attaques ciblées contre les hôpitaux et le personnel médical. Selon les chiffres de Médecins sans frontières, seuls 17 hôpitaux sur 36 à Gaza sont encore en état de marche, les autres ayant été détruits par les frappes israéliennes.
Quant au personnel hospitalier, il travaille sous la menace des bombes et est soumis à des scènes d’horreur. « Nos équipes ont été contraintes de réaliser des opérations chirurgicales sans anesthésie, de voir des enfants mourir dans les étages des hôpitaux, faute de moyens »» rapportait le Dr Amber Alayyan, responsable du programme médical de MSF, dans un communiqué de presse début octobre.
Le rapport de l’ONU souligne également les mauvais traitements infligés aux détenus palestiniens en Israël et aux otages détenus à Gaza, accusant à la fois Israël, les groupes armés palestiniens et le Hamas de » torture « et les violences sexuelles. Sur ce point, Israël a répondu qu’il était « pleinement attaché aux normes juridiques internationales concernant le traitement des détenus »ajoutant que « cela inclut l’interdiction du recours excessif à la force et des mauvais traitements ». Le Hamas n’a pas encore réagi à ces accusations.
Un premier rapport sur la malnutrition « intentionnelle »
L’État juif a de nouveau accusé la Commission d’avoir créé un « réalité alternative »contribuant ainsi à «l’exacerbation de ce conflit». « Nous appelons les États à dénoncer cette approche biaisée, qui ne fait que ternir davantage la crédibilité du Conseil des droits de l’homme et de l’ONU dans son ensemble. »
Cette commission a été créée par le Conseil des droits de l’homme en mai 2021 pour enquêter sur les violations présumées du droit international en Israël et dans les territoires palestiniens. Il publie son deuxième rapport depuis l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023.
Dans leurs premières conclusions révélées en juillet, les enquêteurs estimaient « que la malnutrition observée à Gaza était intentionnelle, liée à des facteurs politiques »expliquait le président de Médecins du Monde il y a quelques jours dans un entretien au HuffPost. Jean-François Corty a également rappelé que depuis un an, Israël impose un blocus à la bande de Gaza, limitant l’entrée de nourriture, d’eau, de médicaments, de carburant et d’électricité.
» Nous devons permettre aux travailleurs humanitaires d’entrer sur le territoire sans être tués, rétablir l’accès à l’eau potable et garantir que les infrastructures sanitaires fonctionnent à pleine capacité », a poursuivi Jean-François Corty, appelant à un « un cessez-le-feu à Gaza afin que les civils ne paient pas le prix de la stratégie politique israélienne de punition collective.
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