Israël accuse le Hamas de « tourner le dos » à une « offre très raisonnable » en vue d’une trêve
Retrouvez ici notre point sur la situation d’hier
Jeudi 11 avril, l’armée israélienne a annoncé avoir mené dans la nuit « une opération de précision au centre de la bande de Gaza », « afin d’éliminer les agents terroristes ». Selon le ministère de la Santé du Hamas, les bombardements israéliens ont fait soixante-trois morts en vingt-quatre heures sur le territoire palestinien. « La situation est désastreuse et empire, les bombardements n’ont pas cessé et continuent »a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) un témoin sur place dans le secteur de Nousseirat, au centre du territoire assiégé.
Dans son dernier rapport, le ministère palestinien fait état de 33.545 personnes tuées dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre. Côté israélien, 1.170 personnes, en majorité des civils, ont perdu la vie, selon le dernier bilan établi par l’AFP à partir de données officielles israéliennes.
Les progrès vers une trêve sont lents
Ils s’étaient donnés quarante-huit heures, mais le Hamas et Israël n’avaient pas encore répondu jeudi au projet de trêve soumis dimanche par les médiateurs : sous une forte pression, aucun des deux camps ne semble vouloir quitter la table des négociations en premier. .
Le gouvernement israélien a accusé jeudi le Hamas de « pour tourner le dos » à une « offre très raisonnable ». Devant la presse, le porte-parole du gouvernement israélien, David Mencer, a également critiqué « pressions internationales exercées sur Israël » qui, selon lui, « l’effet d’aider le Hamas, de le repousser » de négociation.
Le plan présenté au Caire par les médiateurs américains, égyptiens et qatariens prévoit dans un premier temps une trêve de six semaines, un échange d’otages israéliens et de centaines de prisonniers palestiniens, une augmentation de l’aide humanitaire et le retour des habitants du nord de la bande de Gaza. déplacés par la guerre, selon une source au sein du Hamas.
A terme, tous les otages seraient libérés ainsi qu’un nombre indéterminé de détenus palestiniens. L’armée quitterait complètement Gaza et lèverait le siège du territoire imposé après la prise du pouvoir par le Hamas en 2007.
Au cœur des revendications du Hamas se trouve un cessez-le-feu permanent. Inacceptable à ce stade pour le Premier ministre israélien, qui ne cesse de répéter que la guerre se poursuivra jusqu’à la victoire sur le Hamas et la libération de tous les otages. Benjamin Netanyahu reste déterminé à » éliminer « les derniers bataillons du Hamas, regroupés selon lui à Rafah, où 1,5 million de Gazaouis fuyant la guerre ont trouvé refuge.
Un responsable du Hamas prévient que la localisation des otages prendra du temps
« Une partie des négociations consiste à parvenir à un accord de cessez-le-feu afin de disposer de suffisamment de temps et de sécurité pour collecter des données définitives et plus précises sur les Israéliens capturés. »Bassem Naïm, membre de la direction du Hamas, a déclaré jeudi dans un communiqué.
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Selon lui, les captifs « se trouvent à différents endroits, entre les mains de différents groupes. Certains d’entre eux sont sous les décombres, tués avec nos propres citoyens. ». Il a ajouté que le mouvement négociait « matériel lourd » pour les localiser. M. Naïm a souligné que la question des otages israéliens n’était qu’un des thèmes des pourparlers de trêve en cours.
Menaces de représailles de l’Iran contre Israël : « Israël répondra et attaquera l’Iran »
Les menaces de représailles de l’Iran contre Israël ont encore accru jeudi les tensions au Moyen-Orient. Le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, dont le pays, ennemi d’Israël, soutient le Hamas, a assuré mercredi qu’Israël serait « puni » après un attentat meurtrier qui lui est imputé le 1ereuh Avril en Syrie. Cette frappe a détruit le consulat iranien à Damas et fait seize morts, dont sept membres du Corps des Gardiens de la révolution, l’armée idéologique de la République islamique, selon une ONG.
« Si l’Iran mène une attaque depuis son territoire, Israël ripostera et attaquera l’Iran »Le ministre israélien des Affaires étrangères, Israel Katz, a répondu en persan.
Depuis le début de la guerre à Gaza, il y a plus de six mois, les tensions se sont accrues entre l’Iran, Israël et leurs alliés respectifs. Joe Biden a assuré son allié Israël de son soutien « indéfectible »malgré les tensions entre les deux pays autour de la conduite de l’offensive israélienne contre le Hamas, et a exhorté le Hamas à » Avance « sur l’offre de trêve.
Des groupes pro-iraniens du Liban, d’Irak et du Yémen mènent des attaques contre des cibles israéliennes et américaines pour soutenir le Hamas. Israël, de son côté, a intensifié ses frappes contre les positions de l’armée syrienne, mais surtout contre les groupes pro-iraniens, comme le Hezbollah au Liban, et les cibles militaires iraniennes en Syrie.
« Nous sommes au milieu d’une guerre à Gaza qui se poursuit à toute vitesse (…) mais nous nous préparons également à relever des défis sur d’autres théâtres »a déclaré Benjamin Netanyahu jeudi. « Nous sommes prêts à défendre et à attaquer »a-t-il assuré.
Le même jour, la Russie a appelé l’Iran et Israël à montrer » retenue « pour éviter le « déstabilisation » du Moyen-Orient, « ce qui n’est déjà pas très stable et prévisible », a déclaré aux journalistes le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. La chef de la diplomatie allemande, Annalena Baerbock, a également appelé à » retenue « afin d’éviter un « nouvelle escalade régionale ».
Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken s’est entretenu jeudi avec ses homologues chinois, turc et saoudien, les appelant à faire pression sur l’Iran contre toute attaque visant Israël, a annoncé jeudi le département d’Etat. « Personne n’a intérêt à une escalade » dans la région et « Tous les pays devraient exhorter l’Iran à ne pas escalader »Le porte-parole du Département d’État, Matthew Miller, a déclaré aux journalistes.
Le général Michael Erik Kurilla, en charge du Moyen-Orient, doit également rencontrer en Israël«des dirigeants importants de (l’armée israélienne) et discuter des menaces sécuritaires actuelles dans la région »Le porte-parole du Pentagone, Pat Ryder, a déclaré aux journalistes.
Aide humanitaire à Gaza : le Conseil de sécurité de l’ONU appelle Israël à faire « plus »
Dans un communiqué publié jeudi, les membres du Conseil de sécurité de l’ONU ont souligné leur « profonde inquiétude face au bilan humain du conflit, à la situation humanitaire catastrophique et à la menace d’une famine imminente. » Ils ont appelé « la suppression immédiate de tous les obstacles à l’acheminement d’une aide humanitaire à grande échelle à la population civile et à la distribution sans entrave de cette aide ».
Les membres du Conseil également « a pris note de l’annonce d’Israël d’ouvrir le passage d’Erez et d’autoriser l’utilisation du port d’Ashdod pour l’aide à Gaza, mais a souligné qu’il fallait faire davantage pour acheminer l’aide humanitaire nécessaire compte tenu de l’ampleur des besoins à Gaza ». Ils insistent sur le « il est nécessaire de mettre en œuvre immédiatement et pleinement cette décision de manière durable ».
Des ONG, dont Amnesty, intentent une action en justice contre les livraisons d’armes à Israël
Huit organisations, dont Amnesty International France, ont annoncé jeudi avoir saisi – ou s’apprêtent à le faire – le tribunal administratif de Paris pour exiger « la suspension des livraisons d’armes » de la France vers Israël, une action décrite comme « tout à fait exceptionnel ».
« Il existe clairement un risque que les armes et équipements militaires que la France exporte vers Israël soient utilisés pour commettre de graves crimes contre les populations civiles de la bande de Gaza occupée »ces ONG, associations et syndicats – dont Attac et Solidaires – s’alarment dans un communiqué.
« Ce faisant, la France viole les règles internationales relatives notamment au Traité sur le commerce des armes et risque de devenir complice de violations du droit international – y compris de crimes de guerre – et d’un éventuel génocide »alerter ces organisations, qui ont ou vont déposer trois procédures judiciaires d’urgence distinctes.