Divertissement

Isabelle Huppert et Hafsia Herzi dans une amitié contrariée

Yann (Nahuel Pérez Biscayart) et Julia (Hafsia Herzi) dans « Les Gens d’à côté » d’André Téchiné.

L’OPINION DU « MONDE » – À VOIR

À 81 ans, André Téchiné, natif du Sud-Ouest, poursuit sans faille, dans le contexte de la France provinciale, une œuvre intimiste inaugurée à la fin des années 1960, marquée cependant par l’entrelacement des désirs individuels et des ressorts sociaux qui les contraignent.

D’un titre à l’autre, l’auteur de Souvenir de France (1975), de Baroque (1976) ouHôtel des Amériques (1981) ne retrouve pas toujours, il va sans dire, l’acuité des titres qui l’ont rendu célèbre, comme en témoigne ce nouveau film. Les gens d’à côté met d’abord en scène un duo d’actrices (Isabelle Huppert et Hafsia Herzi) que, par hasard, Patricia Mazuy a également choisi pour son nouveau film, Le Prisonnier de Bordeauxdans une répartition des rôles et une veine féministe sensiblement similaires.

Dans ce dernier, à découvrir le 28 août, les deux actrices incarnent des femmes issues de milieux sociaux différents qui nouent une amitié inattendue grâce à l’incarcération de leurs maris respectifs. Dans l’œuvre de Téchiné, elles incarnent une inspectrice de police et une enseignante, sur fond de troubles sociaux et de violences.

Actes criminels

Membre de la police scientifique, veuve d’un inspecteur récemment suicidé et dont le fantôme lui rend régulièrement visite, Lucie (Isabelle Huppert) rencontre une famille récemment installée dans un quartier résidentiel de Perpignan, juste en face de chez elle. Julia (Hafsia Herzi) est enseignante. Yann (Nahuel Pérez Biscayart) est artiste et, comme elle le découvre bientôt, militant d’extrême gauche, à tendance black bloc.

Le sujet du film se pose ainsi clairement entre l’amitié naissante qui lie la policière à ce jeune couple, parents d’un charmant enfant, et les actes criminels devant lesquels sa conscience professionnelle et sociale rechigne. À cet égard, et comme à son habitude, on peut faire confiance à André Téchiné pour éviter le manichéisme et mettre de la complexité dans son propos – pour faire en sorte, en un mot, que chaque personnage échappe un peu aux assignations sociologiques et idéologiques qui le déterminent, condition à laquelle une communauté humaine digne de ce nom peut se constituer sans s’entretuer.

Malgré un programme romanesque et incarné qui n’est qu’à moitié convaincant – problème de vraisemblance et de crédibilité, recours à un registre fantomatique sans portée réelle – on voit ici la résonance politique du film d’André Téchiné avec notre actualité la plus immédiate.

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Malagigi Boutot

A final year student studying sports and local and world sports news and a good supporter of all sports and Olympic activities and events.
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