Elle est d’autant plus mal accueillie que les bombardements russes ont fait plus de 30 morts en Ukraine lundi et dévasté un hôpital pour enfants, provoquant un choc dans le pays et parmi ses alliés. « Viktor Orban ne représente en aucune manière l’UE. Il exploite la présidence de l’UE pour semer la confusion », s’insurge la Première ministre estonienne Kaja Kallas, récemment choisie par les Vingt-Sept pour succéder à Josep Borrell à la tête de la diplomatie européenne.
La question est à l’ordre du jour d’une réunion des ambassadeurs de l’UE mercredi à Bruxelles. « De nombreux Etats exprimeront leur grand mécontentement face aux récentes actions d’Orban », a déclaré un diplomate européen s’exprimant sous couvert d’anonymat.
« Un troll »
« Orban est un troll, il se moque du monde… Nous voulons lui montrer un carton jaune et lui dire que nous ne sommes pas dupes de ses bêtises », a déclaré un autre. Aucune annonce concrète n’est attendue mercredi, mais les ambassadeurs devraient commencer à discuter de possibles mesures contre la Hongrie, notamment un éventuel boycott des réunions informelles de l’UE prévues dans le pays dans les prochains mois.
« La tension est à son comble après seulement sept jours de présidence hongroise », a déclaré un troisième diplomate, ajoutant que « l’inquiétude grandit au sujet de la soi-disant mission de paix que M. Orban a entreprise ». Plusieurs sources ont toutefois démenti une rumeur selon laquelle la présidence du Conseil de l’UE pourrait être retirée à la Hongrie et transmise à la Pologne dès septembre. « Aucun pays n’en a parlé », a déclaré un diplomate.
La visite d’Orban au président russe « pour mettre fin à la guerre » devrait également alimenter les discussions au sommet de l’Otan à Washington, auquel participe le dirigeant hongrois, au terme d’un voyage international qui l’a vu se rendre à Kiev, avant Moscou, puis Pékin. Selon une lettre envoyée par Orban au président du Conseil européen, Charles Michel, Poutine s’est dit ouvert « à toute proposition de cessez-le-feu qui ne servirait pas la réorganisation des forces ukrainiennes ». Le président russe a également dit avoir des « idées précises » sur ce à quoi devrait ressembler la « nouvelle architecture européenne » après la fin du conflit, mais la lettre d’Orban ne donne aucun détail.
Soutenu par Trump
Malgré la guerre, la Hongrie a renforcé ses liens avec le Kremlin, au nom de ses intérêts économiques, notamment énergétiques. Viktor Orban critique les sanctions contre la Russie et l’aide militaire à Kiev. Il s’oppose à l’adhésion de l’Ukraine à l’UE. Comme par hasard, le traditionnel discours du président de la République, habituellement prononcé en juillet, devant les eurodéputés sera finalement reporté à septembre.
Au Parlement européen, on insiste sur la nécessité de se concentrer la semaine prochaine sur les nominations aux postes clés des institutions. Mais on n’a visiblement pas envie de discours tonitruants d’Orban dans ce contexte. Le dirigeant hongrois a accru son influence dans cette enceinte en s’alliant lundi au Rassemblement national de Jordan Bardella pour créer le troisième groupe politique. L’Europe est d’autant plus embarrassée qu’elle craint un retour de l’ancien président américain Donald Trump, qui pourrait miner le soutien à Kiev.