Divertissement

Iris (Canal+) – Doria Tillier : « C’est difficile de vivre dans un monde où il y a beaucoup de mensonges hypocrites »

Comment ce projet a-t-il démarré ?

Iris est né des frustrations que je vivais. Je trouve, et je ne suis pas le seul car mes amis ressentent souvent la même chose, que les gens disent tout le temps des bêtises. Mon personnage le dit : « Avez-vous remarqué que les gens sont prêts à dire tout et n’importe quoi pour éviter toute forme de désaccord ? On a l’impression d’être dans une société dans laquelle il ne faut absolument pas être en désaccord. C’est donc l’escalade vers le non-sens. Ça me fait flipper ! Mais comme je ne veux pas être trop en décalage, je me retrouve parfois à faire comme les autres. Peut-être que nous aimerions tous dire la vérité, comme Iris lorsqu’elle dit à quelqu’un que ses lasagnes ont un goût normal alors que tout le monde dit qu’elles sont délicieuses. Evidemment c’est un détail et personne ne s’en soucie mais ça nous aide à avancer. Personnellement, je suis à un stade où un compliment ne veut rien dire pour moi parce qu’on m’en fait tout le temps des faux. Je vois que ce n’est pas vrai donc ça ne me rend même pas heureux. Je trouve que cela enlève beaucoup de sens aux choses.

Le pitch de la série indique que « c’est difficile d’être Iris ». Et être Doria Tillier, c’est dur ?

Oui, mais pas à cause de faux compliments. Je trouve qu’il est difficile de vivre dans un monde où il y a effectivement beaucoup de mensonges et d’inexactitudes hypocrites. C’est comme si nous ne nous souciions pas de la vérité, parce que nous ne voulons pas blesser les gens et dérailler. Mais où allons-nous alors ? J’ai parfois du mal à vivre dans un monde dans lequel il faut se conformer à dire « oui c’est normal » bien que ce ne soit pas le cas. Mais quand nous disons la vérité, on nous considère comme si nous étions aptes à l’asile. Soit vous êtes inhibé, soit vous êtes considéré comme un cinglé. Iris ne comprend pas, par exemple, pourquoi il faut féliciter une femme enceinte. Je ne pense pas que ce soit grave de ne rien lui dire. J’aimerais être dans une société où nous pouvons avoir un peu plus confiance en nous-mêmes. La personne ne doit pas être pointée du doigt. Que crois-tu ? Que nous sommes tous pareils ? Et bien non !

Revendiquez-vous l’esprit Fleabag de la série ?

Il n’y a rien à redire mais cela me flatte beaucoup car j’adore cette série. Mes inspirations sont plus Seinfeld, Limitez votre enthousiasme Ou Ally McBeal. Il est vrai qu’il y a des points communs avec Sac à puces. C’est le même format : une saison de six épisodes de vingt-six minutes avec un personnage féminin à peu près du même âge. Mais le ton est un peu différent.

Ce n’est pas votre première production Vous aviez déjà signé un court métrage pour Talents Adami…

J’ai déjà tourné un court métrage qui m’a donné envie de réaliser. Mais il n’y a aucun lien avec la série même si Claude (la compagne d’Iris ndlr) et Daphné (la cousine d’Iris qui est journaliste) s’inspirent de personnages existant dans mon court métrage. Réaliser est cohérent pour moi. Quand j’étais à la météo, j’écrivais, je me dirigeais même s’il n’y avait pas grand chose à faire, je trouvais mes costumes… Mais c’est vrai qu’être à la fois le principal du rôle et devoir vérifier ce qui se tourne quand on ne pas avoir beaucoup de temps de tournage n’est pas facile. Heureusement, j’avais un co-réalisateur.

Ce gros changement refusé par Doria Tillier pour Iris (Canal+)

Vous vous mettez en scène pour la première fois. Quel a été le plus difficile ?

Manque de temps. Je ne pouvais pas toujours vérifier ce que je venais de jouer car je devais avancer.

« Je ne supportais pas les critiques sur mon travail. Si j’écrivais un livre, je ne laisserais personne le lire », raconte Odile (Pascale Arbillot), la collègue d’Iris, à propos de son livre. Et vous, que pensez-vous des critiques ?

J’ai un avis sur les choses que je fais et il prime sur les critiques positives ou négatives qui peuvent m’être faites. Ce n’est pas parce que je le mérite, mais il y a pas mal de critiques négatives. Les journalistes critiquent mais disent rarement la vérité lorsqu’ils pensent de mauvaises choses. Et comme je n’ai pas de réseaux sociaux, les avis sur internet ne me parviennent pas.

Quel est le pourcentage de situations vécues et imaginées ?

Je pense qu’il n’y a pas de « création pure », car on se base toujours sur des expériences même si on ne les retranscrit pas telles que nous les avons vécues. Personne ne dresse un tableau sans avoir déjà observé le monde. À travers IrisJe représente le monde dans lequel je vis. Iris c’est un peu un fantasme, je lui fais dire ce que j’aimerais dire et ce que je pense.

Aviez-vous une liberté totale pour imaginer Iris ?

J’ai eu de la chance, je n’ai pas eu à me battre, j’ai juste insisté un peu pour me faire entendre. Certains craignaient au départ que mon personnage soit trop dur, un peu agressif et pas assez attachant. Mais pour moi, l’adoucir, c’était mentir. Ceux qui avaient réservé ont fini par aimer la série !

Doria Tillier (Iris) sur sa relation avec Canal+

Iris est aussi agaçante qu’attachante…

Heureusement, je ne vous ai pas dit qu’Iris, c’était moi (rires) ! D’ailleurs, certaines personnes qui me connaissent m’ont dit : «Ah, c’est toi ! Comme elle est ennuyeuse ! On a envie de le gifler !« Je suis bien conscient qu’elle est agaçante, c’était mon intention. Elle est un peu obsessionnelle : tant qu’on n’est pas d’accord avec elle, elle n’abandonne pas.

Vous avez choisi un genre difficile, la comédie. Était-ce difficile d’écrire ?

Je ne peux pas comparer car c’est ma première série. Écrire est toujours difficile si l’on veut être exigeant et sincère. Avec Constance Verluca, ma co-auteure, nous y avons passé du temps et apporté beaucoup de soin au langage de chaque personnage. Ils s’expriment tous différemment. C’était du travail. Et comme tout métier, c’était parfois dur, divertissant, agréable, drôle… et très ennuyeux !

Voulez-vous écrire un autre projet?

Honnêtement, je n’ai pas encore de projets pour l’avenir. Je ne sais vraiment pas. Peut-être que je vais juste rester à la maison et réfléchir.

Voulez-vous réaliser à nouveau ?

Oui, beaucoup ! Mais je veux aussi continuer à jouer pour les autres.

Iris est diffusée sur Canal+, où vous avez fait vos débuts. Vous aviez envie d’un retour aux sources ?

Ce projet a été réalisé avec Canal+ mais je n’ai pas d’attache particulière à cette chaîne. J’avais des liens avec les gens avec qui je travaillais à l’époque, mais ils ne sont plus là, à part Maxime Saada (Président du directoire du groupe Canal+, ndlr) que je remercie pour cette série. J’avais de bonnes relations avec lui à l’époque et cela a peut-être facilité les choses. Travailler avec lui plutôt qu’avec des gens que je ne connaissais pas avait du sens.

Iris, lundi 2 décembre à 22h06 sur Canal+

Malagigi Boutot

A final year student studying sports and local and world sports news and a good supporter of all sports and Olympic activities and events.
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