Quand il est temps de changer d’équipe, les employés se dépêchent, personne ne veut parler. Marianne a 56 ans, elle travaille dans l’entreprise depuis 33 ans et elle confirme que depuis l’annonce des suppressions d’emplois, personne n’est de bonne humeur : « Nous le prenons très mal. Heureusement, au centre de production, nous sommes soudés entre nous. Pour le moment, nous ne réfléchissons pas trop car sinon nous serions très mal psychologiquement.
Dominique, 62 ans, ressent la même chose, il pourrait bientôt prendre sa retraite, mais Il subit la situation comme ses jeunes collègues.qui devra retrouver du travail : « Nous sommes déçus, mais c’est comme ça, nous nous y attendions. Toutes les entreprises ferment, nous n’avons pas le choix. Maintenant, elles vont de toute façon à la catastrophe, et elles ne font rien pour y remédier.«
Il est temps de négocier
Début juillet, l’annonce a été faite que l’entreprise qui fabrique les moteurs de lève-vitres utilisés dans les voitures thermiques et électriques envisage de licencier plus de la moitié du personnel de l’usine (110 salariés sur 210).
Pour certains syndicats, s’ils sont là où ils sont aujourd’hui, c’est la faute de Renault, le constructeur automobile qui les aurait abandonnés du jour au lendemain à la fin de 2023 et qui leur aurait fait perdre 35% de parts de marché. Mais ce n’est pas tout : « « Nous n’avons pas réussi à répercuter sur nos prix de vente les fortes hausses des coûts de l’énergie et des pièces primaires sur nos clients. Il y a aussi la concurrence des équipementiers chinois qui s’implantent sur le sol européen », a-t-il ajouté. ajoute Philippe Guilbert, délégué syndical CFTC et président du CE (comité d’entreprise) Inteva Europe.
L’heure est désormais aux négociations sur le plan socialmais Julien Van Dyck, le délégué CGT de l’usine, estime qu’il faut élargir la lutte : « On attend aussi des pouvoirs publics, de l’Etat, qu’ils fassent leur travail. Mais aussi des industriels, qu’ils viennent nous soutenir au maximum en nous redonnant du business. On a le savoir-faire, on sait faire, on produit de la qualité. En revanche, ce qui nous manque, ce sont les volumes.
« Pas de désengagement de Stellantis sur ce site »
Les différentes parties prenantes ont été contactées. Stellantis assure que «conserve tous ses contrats et volumes avec le site d’Inteva à Esson. Il y a pas de désengagement de Stellantis sur ce site (…) Nous ne sommes pas responsables de la restructuration du site d’Esson (…).«
Le groupe Renault, constructeur français, le site d’Inteva à Esson et Elisabeth Borne, députée de la 6e circonscription du Calvados, n’ont pas souhaité répondre à nos sollicitations.