Jeudi 16 août, un premier cas du nouveau variant Mpox a été détecté en Europe. L’OMS a prévenu que le continent devrait voir de plus en plus de cas dans les « prochains jours ». Mais, il n’y a pas lieu de paniquer, selon Christophe Rapp, médecin spécialiste des maladies infectieuses et tropicales à l’Hôpital américain de Paris.
Autrefois connue sous le nom de variole du singe, la maladie Mpox (ou Monkeypox) suscite une vive inquiétude en Europe. Surtout depuis la découverte du premier cas de la nouvelle souche du virus hors d’Afrique, à Stockholm, en Suède.
L’OMS a prévenu le 15 août 2024 que d’autres cas importés pourraient bientôt être détectés en Europe. Christophe Rapp, médecin spécialiste des maladies infectieuses et tropicales à l’hôpital américain de Paris et président de la Société française de médecine des voyages, analyse les risques de ce virus sur le continent européen.
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Christophe Rapp :En 2022, le clade 2 du virus Mpox s’est propagé par voie sexuelle dans des groupes à haut risque, notamment des personnes ayant de multiples partenaires dans la communauté homosexuelle. Et le virus s’est propagé à l’échelle mondiale, des cas étant survenus dans presque tous les pays du monde entre 2021 et 2022.
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Cette année, ce n’est pas le clade 2 mais le clade Ib qui a été trouvé à l’automne 2023 en République démocratique du Congo chez des adultes et des travailleuses du sexe. Désormais, il se propage dans toute la communauté, notamment chez les enfants avec des cas mortels. Il commence donc à toucher des personnes qui n’appartiennent pas aux groupes à risque. L’hypothèse principale est la transmission par contact avec de la literie contaminée, car les lésions cutanées et les croûtes restent contagieuses pendant deux à quatre semaines. Une autre possibilité est une mutation du virus le rendant transmissible par gouttelettes respiratoires, mais cela reste à prouver.
Un premier cas a été détecté en Suède jeudi 15 août. Faut-il s’attendre à une augmentation des cas dans les « prochains jours » en Europe, comme l’a prévenu l’OMS ?
En effet, il faut s’attendre à de nouveaux cas. Avec l’intensité des voyages et des connexions internationales entre l’Afrique et l’Europe, l’épidémie de Mpox va probablement se propager hors d’Afrique, notamment vers l’Europe, du fait des voyages et des contacts humains. Cependant, maintenant que l’alerte est lancée, les pays seront plus vigilants et attentifs à la détection de ces cas en Europe. Nous avons plus de moyens de détection que l’Afrique, et nous serons particulièrement attentifs aux manifestations cutanées, aux fièvres ou aux ganglions lymphatiques chez les personnes revenant d’Afrique.
Existe-t-il un risque de pandémie de Mpox ?
Non. Les pandémies de type Covid sont principalement des maladies à transmission respiratoire. Ici, on a affaire à une transmission par contact, il est donc difficile de penser à ce stade que le virus puisse se propager de manière significative, notamment dans les pays modernes où les gens sont diagnostiqués et directement isolés. Le risque est quand même très différent, sauf mutation du virus. Mais le plus plausible est qu’il se propage principalement en Afrique, avec plusieurs cas sur d’autres continents.
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Il faut rester vigilant mais ne pas céder à la panique. Pour l’instant, on a très peu d’informations sur sa létalité, sur sa transmission. On dit que ce nouveau variant est plus transmissible mais on ne le sait pas encore. Ce variant est sans doute plus mortel et il y a plus de décès actuellement que les décès en 2022-2023 sur deux, mais les pays ne sont pas comparables en termes de prise en charge.
Quel plan de vaccination est envisagé face à la résurgence du virus ?
Deux vaccins ont été utilisés lors de l’épidémie de 2022 et sont homologués en Europe. Bien qu’ils aient été principalement testés sur le clade de type 2, on suppose qu’ils sont également efficaces contre le clade de type 1, mais cela reste à confirmer. Le problème réside principalement dans le stock mondial de vaccins, qui est d’environ 200 000 doses. Une stratégie de prévention plus large est donc compliquée à mettre en œuvre en raison du manque de doses. La priorité sera de vacciner les contacts à risque, c’est-à-dire les personnes ayant été en contact avec un cas confirmé.