Santé

INTERVIEW. Junk food : « Les aliments ultra-transformés sont comme des drogues »… un médecin appelle à réduire la consommation d’aliments industriels

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Près d’un tiers des calories que nous consommons proviennent d’aliments ultra-transformés, selon un récent rapport du Sénat. Ces produits sont bon marché et facilement accessibles, mais ils ont des effets néfastes sur notre santé. Analyse

Présents dans une gamme de produits toujours plus large, les aliments ultra-transformés favorisent l’apparition de pathologies. Antoine Flahault, directeur de l’Institut de santé globale de l’Université de Genève et auteur du livre Prévenez-moi ! Une meilleure santé à tout âge (éditions Robert Laffont), appelle à limiter leur consommation.

Professeur Antoine Flahault
Professeur Antoine Flahault
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Quelles sont les critiques des aliments ultra-transformés (ATU) ?

Ces produits industriels sont conçus pour satisfaire rapidement la faim, être agréables au palais, voire créer une addiction chez le consommateur. Les fabricants n’hésitent pas à charger les céréales pour petit déjeuner, gâteaux, chips et frites, plats préparés et autres sodas, etc. de sel (exhausteur de goût), de sucre (addictif) et de gras.

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De plus, les aliments AUT sont souvent plus abordables que de nombreux aliments plus sains. Un autre avantage est qu’ils sont généralement faciles d’accès : au travail, dans les transports en commun, dans les supermarchés et à peu près partout où nous passons du temps libre.

Quel impact leur consommation a-t-elle sur notre santé ?

Des études récentes montrent que les AUT sont responsables du diabète de type 2. Elles favoriseraient également l’apparition de cancers, de maladies cardiovasculaires, ainsi que le déclin cognitif lié à l’âge (maladie d’Alzheimer et démences séniles apparentées). En perturbant la flore bactérienne intestinale, elles favoriseraient également l’obésité.

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jeIls sont également conçus pour que nous en consommions toujours plus…

Il s’agit en quelque sorte de drogues, certes légales, mais qui utilisent les mêmes principes pour chercher à rendre leurs consommateurs accros. Si l’on ne connaît pas encore toutes les conséquences de ces aliments sur notre santé, les études affluent presque sans interruption pour montrer leurs effets souvent néfastes.

Comment les identifier et les remplacer dans notre alimentation quotidienne ?

Dans la mesure du possible, nous devrions consommer des aliments frais que nous cuisinons nous-mêmes. Cela ne prend pas beaucoup plus de temps et peut même être une activité partagée à la maison. Nous pouvons alors cuisiner en privilégiant l’utilisation de l’huile d’olive, avec peu d’ajout de sel et de sucre.

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Des études scientifiques montrent également que les produits déjà cuits mais peu transformés (classification Nova* 1 et 2 ou Nutri-Score A, B – ou C à la rigueur) sont plus souvent sains. Il est conseillé de privilégier les aliments les plus proches possible de leur état frais. Pour les autres, la consommation doit être limitée. Néanmoins, il est toujours important de garder à l’esprit qu’un écart occasionnel n’est pas un déni d’une alimentation saine.

Les bénéfices santé apparaissent très rapidement si l’on réduit notre consommation de produits Nutri-Score D et E. Et si l’on adopte un régime alimentaire qui réduit la quantité de viande rouge (bœuf, veau, porc, agneau) en la remplaçant plus largement par de la volaille, du poisson et des fruits de mer, des fruits, des légumes et des noix.

L’étiquetage nutritionnel sur les emballages devrait-il être obligatoire pour mieux informer les consommateurs ?

Toute information sur la qualité nutritionnelle des produits alimentaires est bonne à prendre. Par souci de simplicité, je recommande de s’en tenir au Nutri-Score. Il a été récemment démontré que les consommateurs qui optent pour des produits bien notés réduisent leurs risques cardiovasculaires. Il y a fort à parier que les études à venir montreront que ces produits Nutri-Score A et B réduisent également leurs risques de cancer, de diabète et de maladie d’Alzheimer.

* Moins connu que le Nutri-Score, le Classification Nova divise les aliments en quatre groupes selon le degré de transformation des matières qui les composent.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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