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INTERVIEW : Extreme – Rolling Stone


Retour sur l’interview que le musicien et producteur Nile Rodgers a accordée à Rolling Stone, dans laquelle il revient sur sa carrière prolifique.

19 septembre 1952 : Naissance de Nile Rodgers

La notion de temps est un concept qui a largement évolué dans l’esprit des Nil Rodgers depuis qu’il s’est débarrassé de deux cancers successifs. Il n’est certes pas le premier ni le dernier à relativiser dans ce scénario, mais à 65 ans, il se présente comme un homme plus libre que jamais, avec deux mots en guise de motivation : « fun et excitation ». Peu importe donc que le nouvel album de Chic ait mis un quart de siècle à voir le jour. Au contraire, amusez-vous : It’s about time (pas trop tôt) est le titre, avec un visuel qui renvoie malicieusement à celui de l’album éponyme du groupe en 1977. Un album que Rodgers sait hanté par quelques fantômes, même s’il a essayé de ne pas se laisser… submerger par eux. Et si le passé et le présent s’entrechoquent volontiers dans son discours, c’est pour mieux retenir le positif. C’est peu dire qu’il y a de quoi faire…

Lorsque votre biographie Le Freak est sortie il y a sept ans, on pouvait lire cette phrase dans son introduction : « Avant de réinventer la pop, Nile Rodgers s’est réinventé. » À quelle fréquence considérez-vous vous être réinventé artistiquement ?

Jamais ! On ne se réinvente pas en passant d’un style de musique à un autre, on ajoute de nouveaux mots à son vocabulaire musical pour mieux s’exprimer. Tout est une question de vocabulaire. Quand j’étais enfant, quelqu’un m’a dit que les Romains avaient quelque chose comme 125 mots pour exprimer le sentiment amoureux. Ça m’est resté en tête.

Votre vocabulaire est-il complet aujourd’hui ?

Bien sûr que non. J’ai toujours rêvé d’avoir plus de mots pour exprimer la notion de danse, qui va bien plus loin que se déhancher sur une piste de danse. On danse non-stop toute notre vie, pour séduire, pour obtenir quelque chose. C’était d’ailleurs un peu l’idée générale de David Bowie quand il est venu chez moi et qu’il a présenté Let’s Dance. C’est ça qu’il voulait exprimer aussi.

A propos de Bowie, une chanson devait lui être dédiée sur ce nouvel album de Chic. Elle avait même été annoncée à un moment comme possible second single. Est-elle toujours d’actualité ?

Non, ce n’est pas sur l’album au final. J’ai toujours vu chaque album de Chic comme la bande originale d’un film, avec une histoire à raconter, avec un début, un milieu, une fin. Ça a toujours été ma méthode de travail, très old school, mais je ne vais pas la changer maintenant. D’une certaine manière, cette chanson appartient au passé.

C’est à dire ?

Quand j’ai commencé à l’écrire, je sortais d’un cancer et un deuxième cancer s’est déclaré. David avait aussi un cancer et ça m’a un peu assommé. C’était comme si, tout d’un coup, le cancer était devenu une maladie du rock’n’roll. Jusque-là, mes amis musiciens mouraient d’overdoses, d’accidents de voiture, d’arrêts cardiaques, pas de cancer. Tout d’un coup, le film-album est devenu différent, intéressant aussi. Mais deux ans plus tard, c’est une autre histoire…

La musique de danse est plus que jamais affaire de machines, d’ordinateurs, de programmation. Comment vivez-vous cette évolution en tant que guitariste dont la guitare a forgé à elle seule un son funk ?

Cela me convient. La musique est justement en constante évolution. C’est même cette diversité de points de vue qui l’a toujours rendue forte et intéressante. De plus, rien n’est jamais définitivement figé. Daft Punk en est un très bon exemple. Ils n’avaient jamais utilisé d’instruments live sur leurs albums avant Random Access Memory. Ils le considèrent eux-mêmes comme leur véritable premier album studio. On a vu le résultat !

Vous souvenez-vous de l’époque où vous pensiez avoir quelque chose de vraiment intéressant avec ce fameux riff de picking – qui ferait votre réputation et plus encore ?

1973. Notre groupe de l’époque, Bernard (Edwards), de New York, était en concert à Miami Beach, un jour de repos de notre tournée avec mes Jackson 5. Nous avions laissé le groupe jouer sur notre matériel et un gamin sans prétention est entré, a branché sa Stratocaster sur mon ampli et a commencé à jouer. Bernard s’est tourné vers moi et m’a dit : « C’est ce que j’essaie de te dire depuis des mois ! Avec tes connaissances musicales, si tu joues comme ça, tu vas changer l’histoire de la musique ! » Je pensais qu’il était fou, nous n’étions signés nulle part à l’époque…

Et l’identité de ce « gamin » ?

Aucune idée ! (Rires) C’était juste un de ces groupes à l’époque qui réussissaient à décrocher un concert dans un bar ou un club de temps en temps…

Pourquoi continuer à appeler le groupe Chic puisque c’est essentiellement vous qui êtes désormais impliqué ?

Parce que je veux faire partie de Chic ! (rires) C’est aussi simple que ça. Je veux faire partie d’un groupe. Nile Rodgers, c’est « juste » mon nom dans une certaine mesure. Chic a toujours été bien plus que moi ou Bernard. C’est une entité qui nous a permis de prétendre être quelque chose que nous n’étions pas, de créer des personnages pour nous-mêmes.

D’où la référence à Kiss que vous faites souvent lorsque vous parlez de Chic ?

Oui. Je ne connaissais rien du monde de la mode à l’époque. La seule mode que je connaissais était la mode de rue. Je faisais mes propres vêtements et il en est toujours resté quelque chose. Je sais coudre, je lave encore mes chemises tous les soirs, même en tournée. J’étais un hippie et je le suis resté.

Propos recueillis par Xavier Bonnet

Grb2

Jewel Beaujolie

I am a fashion designer in the past and I currently write in the fields of fashion, cosmetics, body care and women in general. I am interested in family matters and everything related to maternal, child and family health.
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