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INTERVIEW – Dette de la France : « On ira tous à la caisse », anticipe un économiste

Ce lundi, TF1 et LCI consacrent une page spéciale à la situation financière du pays : « La France vit-elle au-dessus de ses moyens ? »
Alors que les comptes publics du pays sont au rouge, comment résoudre la situation budgétaire de la France ?
L’économiste Christian Saint-Étienne, ancien membre du Fonds monétaire international (FMI), répond à TF1info.

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La France vit-elle au-dessus de ses moyens ?

Un déficit qui se réduit et des comptes publics de plus en plus négatifs. Arrivé à Matignon il y a trois semaines, le Premier ministre Michel Barnier a constaté une situation budgétaire « extrêmement grave »a-t-il déploré samedi 28 septembre. C’est en tout cas ce que montrent les derniers indicateurs. Quelques jours avant lui, le ministre du Budget annonçait que le déficit « risquait de dépasser » 6% du produit intérieur brut (PIB) cette année, bien au-delà de l’estimation initiale de 5,1%. Et l’Insee prévenait le lendemain que la dette flirtait désormais avec les 3 230 milliards d’euros, soit 112 % du PIB.

Comment la France en est-elle arrivée là ? Est-ce grave ? Quelles sont les recommandations pour remettre les comptes en place ? L’économiste Christian Saint-Étienne, ancien membre du Fonds monétaire international (FMI) et ancien conseiller de l’UDI de Paris, nous éclaire.

TF1info : La situation économique du pays est devenue une préoccupation majeure… Comment la France en est-elle arrivée là ?

Christian Saint-Étienne : Nous subissons inévitablement les effets de la double crise du Covid-19 (2020-2021) puis de l’énergie (2022-2023). Durant cette période, l’État a donné beaucoup d’argent aux ménages et aux entreprises pour les aider. Cela a entraîné un déficit, soi-disant temporaire, lié à cette aide. Le problème est que le retour à la normale n’est pas assez rapide. Des éléments structurels majeurs sont également impliqués. Depuis la crise des Gilets jaunes en 2018, le président de la République Emmanuel Macron s’est montré extrêmement dépensier. Il essayait de résoudre chaque crise avec un chéquier. Mais ce n’est pas le sien, mais celui du pays. Cela a largement contribué à l’explosion des dépenses.

25 % des dépenses publiques sont consacrées aux retraites. Nous serons obligés d’augmenter l’âge de départ…

Christian Saint-Étienne, économiste

L’État est-il le seul responsable ?

Quand on parle de déficit public, c’est la somme du déficit de l’Etat, des collectivités locales et de la Sécurité sociale. Depuis deux ans, on assiste à une dérive extrêmement rapide des dépenses des collectivités locales. Il est absolument nécessaire que des limites législatives et constitutionnelles soient imposées. Et sur la Sécurité sociale, les dépenses augmentent extrêmement vite, notamment les retraites. En revanche, en 2024, les recettes de TVA et d’impôt sur les sociétés sont inférieures aux prévisions. D’où cet impact sur le déficit public.

Un déficit de 6 % est certes deux fois plus important que l’exigent les règles européennes, mais quelle est réellement sa gravité ?

Les marchés financiers commencent à perdre confiance dans la capacité de remboursement de la France. Compte tenu de l’augmentation du différentiel de taux d’intérêt entre la France et l’Allemagne, notre dette publique nous coûte de plus en plus cher. Cela réduit encore davantage nos investissements potentiels dans l’éducation, les infrastructures, la recherche… Ce sont de mauvaises dépenses. Notez aussi que nous dépensons beaucoup, mais pas là où c’est nécessaire : les dépenses de fonctionnement représentent 93 à 94 % de nos comptes. Toutefois, l’économie mondiale se transforme rapidement. La France n’investit pas suffisamment pour développer son appareil industriel.

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Comment pensez-vous que nous pouvons résoudre cette situation ?

Le point central est le contrôle des dépenses. Elle représente 57% du PIB, soit neuf points de plus que la moyenne de la zone euro. C’est un vrai problème. Rappelons que 25 % des dépenses publiques sont consacrées aux retraites. Quand j’entends qu’on veut revoir la réforme des retraites, c’est hallucinant. En réalité, nous allons être obligés de repousser l’âge de la retraite… Par ailleurs, de plus en plus de rapports montrent qu’il y a entre 13 et 15 milliards de fraudes, rien qu’à la Sécurité sociale. Une reprise est nécessaire, tout comme pour les collectivités locales.

Quid d’une hausse des impôts, mesure dont parle déjà le gouvernement de Michel Barnier pour augmenter les recettes ?

Pour qu’un plan de réduction du déficit ne perturbe pas l’activité économique, il doit être divisé en deux : 80 % de réduction des dépenses pour 20 % de hausse d’impôts. La France doit réduire son déficit de 25 milliards d’euros par an pendant trois ans pour se remettre sur les rails. En appliquant ces proportions, cela signifie réduire les dépenses de 20 milliards par an et augmenter les impôts de cinq milliards chaque année. Pour y parvenir, on peut imaginer des hausses de CSG, de TVA… Et, pour des raisons symboliques, une augmentation de l’impôt sur les très riches. Nous allons tous passer à la caisse.


Ider NABILI

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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