Interview croisée : Jason Isbell et Barry Gibb
L’un des auteurs-compositeurs les plus doués d’aujourd’hui (Jason Isbell) parle à la légende des Bee Gees (Barry Gibb) des paroles et de la joie de faire de la musique en famille : « Je connais tes chansons depuis toujours. »
1er septembre 1946 : Naissance de Barry Gibb.
L’année dernière, Jason Isbell il est rentré chez lui et l’a joué à sa femme et à son partenaire, Amanda Shiresun duo qu’il venait d’enregistrer avec Barry Gibb. « Elle a dit : « Je ne t’ai jamais entendu chanter aussi bien. »dit Isbell. « J’ai dit : « Je chantais avec Barry Gibb. J’ai dû me surpasser. » Isbell est peut-être un auteur-compositeur originaire d’Alabama, mais il est aussi un fan de longue date des Bee Gees. La chanson qu’il a enregistrée avec Gibb, « Les paroles d’un fou »figure sur le prochain album de ce dernier, Des champs viergessur lequel il a repris de vieilles chansons avec des artistes comme Brandi Carlile, Dolly Parton et Alison Krauss.
« J’ai toujours été fou de la vieille musique countrya déclaré Gibb. « À la fin des Bee Gees, je me suis laissé emporter par mon propre bonheur, qui était ce type de musique. » « J’étais nerveux, Barry. »Isbell a dit de leur duo. « J’étais abasourdiGibb a répondu. Tu n’étais pas obligé de faire ça. Aimer ces chansons est très important.
« Je ne sais pas si les gens se rendent compte de l’influence que les Bee Gees ont sur la musique populaire d’aujourd’hui. » – Jason Isbell
ISBEL :Je crois que tu as eu ton étoile sur le Hollywood Walk of Fame deux mois après ma naissance, donc je connais ta musique depuis toujours.
GIBB : Oh ! Je dois vous parler un peu de nos racines. Nous étions une famille d’immigrés qui s’est installée en Australie en 1958 et à partir de là, nous avons écouté beaucoup de disques américains. Roy Orbison et Elvis… c’étaient des stars de la country et du rock aussi… George Jones, Dolly, ils ont eu une influence radicale sur nous.
ISBEL :Pensez-vous que le fait de ne pas avoir passé vos années de formation en Angleterre a contribué à créer un mélange différent ? Je n’entends pas beaucoup de skiffle dans votre musique. Cela ressemble à de la country.
GIBB :Nous avons été inondés de country américaine et n’oubliez pas : nous avons traversé toute cette période folk.
ISBEL : Absolument. Des chansons comme « Massachusetts » devraient être country. Et il y a aussi des boucles et des samples. Je ne sais pas si les gens se rendent compte de l’influence des Bee Gees sur la musique populaire d’aujourd’hui. C’est sur la bande originale de La fièvre du samedi soir que j’ai entendu ma première boucle.
GIBB :« More Than a Woman » a la même boucle de batterie que « Stayin’ Alive ». Sur « Woman in Love » aussi. Nous l’avons utilisé sur différents disques, mais je pense que c’était une sorte d’obsession de la précision. Le groove devait être parfait.
ISBEL :Que faites-vous depuis le début de la pandémie ?
GIBB :Je suis devant Netflix. Je regarde toujours En bas de la montagne. En boucle.
ISBEL :Je le fais assez souvent aussi. Je joue de la guitare toute la journée. Si j’en ai besoin, je sors un ampli Marshall dans la cour et je joue pour les voisins. Je ne suis pas loin.
GIBB :Si je joue, c’est pour moi. Si j’aime la chanson, j’applaudis.
ISBEL :Cela me rappelle pourquoi j’ai commencé à faire de la musique.
GIBB :Vous savez que notre premier concert a eu lieu sur un circuit automobile ? Nous avons convaincu les gens de nous laisser chanter au milieu de l’ovale, entre les courses. Nous étions à l’arrière d’un camion avec un micro. Les spectateurs jetaient des pièces sur la piste.
« J’ai toujours écrit ou enregistré des chansons pour faire plaisir à quelqu’un. » – Barry Gibb
ISBEL :Cela aurait très bien pu se produire en Alabama, où j’ai grandi.
GIBB :Dès qu’on a un peu de succès, ça se transforme en compétition. Je pense que c’est dur pour les groupes. Si on est une famille, on peut faire durer les choses. Sinon, les choses peuvent se fragmenter assez vite.
ISBEL :J’ai vu ça. J’ai longtemps fait partie d’un groupe où il y avait trois auteurs-compositeurs et trois chanteurs. C’était dur. Depuis, j’ai l’impression de faire de mon mieux quand on me dit quoi faire ou quand je prends des décisions. Mais je ne suis pas bon dans quoi que ce soit entre les deux.
GIBB :J’ai toujours écrit ou enregistré des chansons pour faire plaisir à quelqu’un et je ne sais pas si c’est votre cas. J’ai très rarement écrit une chanson pour me faire plaisir.
ISBEL :Je pense que nous vivons tous cela. Même si c’est une sorte de fusion de différentes personnes dans votre vie. Ma femme est la première à voir mes chansons. Elle a une maîtrise en poésie et est également auteure-compositrice.
GIBB :Cela m’arrive. Si je suis dans une pièce et que Linda entre, elle fait parfois un commentaire du genre : « Je pense que tu peux faire mieux que ça. »
ISBEL :Je pense que c’est ce qui m’impressionne le plus chez toi : le fait que tu t’engages à être une bonne personne.
GIBB :J’espère que nous pourrons chanter en live un de ces jours.
Cet entretien croisé paraît dans notre numéro 128, toujours disponible chez vos kiosques.
GREENFIELDS Le recueil de chansons des frères Gibb, vol. 1par Barry Gibb, disponible à l’écoute.
Propos recueillis par ANGIE MARTOCCIO
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