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INTERVIEW. Boxe aux JO 2024 – Sofiane Oumiha et Billal Bennama en finale : « Les Jeux, c’est le Graal ! » La star Tony Yoka décrypte les combats

INTERVIEW. Boxe aux JO 2024 – Sofiane Oumiha et Billal Bennama en finale : « Les Jeux, c’est le Graal ! » La star Tony Yoka décrypte les combats

l’essentiel
Présent à tous les combats de l’équipe de France depuis le début des Jeux Olympiques, le médaillé d’or à Rio 2016 analyse les parcours des deux Toulousains, ainsi que l’engouement renouvelé autour de la discipline.

Le fait que ces finales se déroulent à Roland-Garros, cela ajoute-t-il une saveur particulière ?

C’est incroyable. Il va y avoir une ambiance légendaire, devant 15 000 personnes, trois fois plus qu’à Villepinte (où se déroulaient les précédents combats). Je suis très content, car après Rio en 2016, il y avait un gros engouement autour de la boxe (les Bleus ont ramené six médailles, Tony Yoka a gagné l’or, Sofiane Oumiha l’argent). C’est un peu retombé après Tokyo et l’élimination de Sofiane au premier tour. Aujourd’hui, c’est « Team Renaissance » : ils ont montré que la boxe n’était pas morte en France. Maintenant, on veut l’or.

Cette dynamique vous rappelle-t-elle l’équipe de France de 2016 ?

La dynamique est très bonne. Il y a quelques semaines, je l’avais déjà remarqué en venant les voir à l’entraînement. Il y avait une émulation, et en même temps je les avais sentis très soudés. En boxe, si l’équipe n’est pas soudée, on a du mal à se pousser à l’entraînement. La préparation est tellement dure… Donc il faut ça. Quand je les ai vus ensemble, je me suis dit : « Ça peut le faire ».

Vous qui avez combattu à Roland-Garros en 2023, comment l’avez-vous vécu ?

Ça va être énorme. Ça va être encore plus grand que pour moi. C’était un combat professionnel, ils vont faire une finale olympique… Tout le monde va perdre la voix. En demi-finale, j’ai même vu les bénévoles qui étaient tous derrière les Français, qui sautaient, qui les encourageaient.

De plus, Billal Bennama a un style spectaculaire…

Oui, parce que c’est un mec qui se donne à fond. Il ne triche pas. Je l’avais dit avant les JO : 80% du travail se fait dans la tête. Celui qui laisse filer sa victoire, il finit par le regretter. Mais Billal, lui, ne lâche rien, il va au plus profond de ses tripes. Et même s’il ne gagne pas à 100%, il y va à 200%. C’est pour ça qu’il a gagné sa demi-finale.

Dans quelle mesure est-ce de la désinformation lorsque vous célébrez un combat très serré, comme ce fut le cas pour Billal Bennama en demi-finale ?

Il faut montrer que c’est toi le patron. Après tout, on ne fait pas de l’escrime, ça ne compte pas pour les juges. Ça peut faire du bien mentalement, mais ça s’arrête là. Billal, il a gagné sur le ring.

Le fait qu’il ait été touché dans les salles d’arcade, cela pourrait-il jouer un rôle dans la préparation de sa finale ?

Non… C’est une finale olympique ! Il a juste les arches ouvertes, ce n’est rien du tout. Après ma demi-finale à Rio, j’avais deux ligaments abîmés (il montre son pied), et je me suis battu comme ça, parce que c’est une finale olympique, les gars.

Sofiane Oumiha a eu une carrière assez incroyable en équipe de France, qu’est-ce que cela vous inspire ?

Sofiane, je l’ai vu venir. Il est plus petit que moi (ils ont trois ans d’écart) et chez les juniors, on accueille toujours des nouveaux cadets. Il a toujours été costaud, avec un super style de boxe. A un moment, il a dû franchir cette bosse dans son travail pour aller chercher des médailles d’or. Il a gagné le bronze aux Championnats du monde juniors, le bronze ici et là, l’argent aux JO… Les JO ne sont pas les championnats du monde, c’est le Graal de la boxe. Il a dû se battre dur. Et là, ça fait deux ans qu’il bosse comme un fou. Je suis presque plus content pour la finale de Billal, parce que pour Sofiane, c’est normal qu’il soit là, c’est légitime. Maintenant, on va savoir s’il est un champion, le champion qu’il prétend être.

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Une médaille d’or lui donnerait-elle la reconnaissance qu’il mérite et qu’il recherche depuis longtemps ?

Bien sûr, car il a toujours été un peu dans l’ombre. Il a fait l’argent à Rio, et forcément, la visibilité est moindre par rapport à ceux qui ont pris l’or. Avec Sofiane, on a un petit défi : il a à cœur d’être le plus grand vainqueur de boxe en France. Il a été trois fois champion du monde, mais pas encore champion olympique… Il faut qu’il aille le chercher. Je rêve d’élargir ce cercle où, pour l’instant, je suis tout seul avec Brahim Asloum. Je veux d’autres médailles d’or !

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