Nouvelles locales

Interpellation musclée d’un avocat, un direct de France 24 interrompu

Le président tunisien Kais Saied à l’Élysée.
Jean-Christophe Marmara / Le Figaro

Les forces de sécurité ont investi samedi soir la Maison de l’Avocat à Tunis et arrêté Sonia Dahmani, avocate et chroniqueuse, après avoir tenu des propos sarcastiques sur la situation dans le pays, une scène filmée par France 24 qui a été contrainte d’arrêter le son en direct. « Assaut de la police contre la maison de l’avocat »situé face au palais de justice de Tunis, « des avocats agressés et une collègue Sonia Dahmani enlevée (conduite) vers un lieu inconnu »a indiqué Dalila Msaddek, membre de son équipe de défense sur Facebook.

Islam Hamza, un autre défenseur de l’avocat, a confirmé à l’AFP « l’arrestation de Mme Dahmani par des policiers ». La chaîne d’information continue France 24, dont les journalistes étaient sur place pour couvrir le mouvement de soutien à l’avocat, était en direct au moment de l’interpellation. La chaîne a vivement protesté dans un communiqué contre l’attitude des policiers cagoulés qui, selon elle,  » s’est ensuite dirigé vers l’équipe de la chaîne en leur disant d’éteindre la caméra sous les vives protestations de Maryline Dumas « le journaliste sur place.

« La police a fini par arracher violemment la caméra de son trépied, stoppant la retransmission en direct de la scène, et a interpellé Hamdi Tlili. Le caméraman a été relâché au bout d’une dizaine de minutes et le correspondant de France 24 va bien.» a ajouté la chaîne, qui a diffusé les images de la scène sur X. France 24 « condamne fermement cette entrave à la liberté de la presse et cette intervention brutale et intimidante de la police empêchant ses journalistes d’exercer leur métier, alors qu’ils couvraient une manifestation d’avocats pour le respect de la justice et en faveur de la liberté d’expression »a ajouté la chaîne.

« Incitation aux discours de haine »

Selon les médias, Sonia Dahmani fait l’objet d’une enquête notamment pour l’audiovisuel « fausses informations visant à nuire à la sécurité publique » Et « incitation au discours de haine »en vertu du décret-loi 54. Ce décret, promulgué en septembre 2022 par le président Kais Saied, punit d’une peine pouvant aller jusqu’à cinq ans de prison quiconque utilise les réseaux d’information et de communication pour « écrire, produire, diffuser (ou) propager de fausses nouvelles (…) dans le but de porter atteinte aux droits d’autrui ou de porter atteinte à la sécurité publique ».

Mardi, lors d’une émission télévisée, Sonia Dahmani a lancé de manière ironique « De quel pays extraordinaire parlons-nous ?, en réponse à un autre chroniqueur qui venait d’affirmer que des migrants venus de plusieurs pays d’Afrique subsaharienne cherchaient à s’installer en Tunisie. Cette déclaration a été jugée par certains utilisateurs des réseaux sociaux comme « dégradant » pour l’image de la Tunisie. Jeudi, Sonia Dahmani a reçu une convocation, à laquelle elle n’a pas répondu, pour comparaître vendredi devant un juge d’instruction sans que les motifs soient précisés, selon Msaddek.

Sonia Dahmani a expliqué à la presse qu’elle refusait de comparaître devant le tribunal « sans connaître les raisons de cette convocation ». En raison de son absence, le juge d’instruction chargé de ce dossier a émis un mandat d’arrêt contre lui. En un an et demi, plus de 60 personnes, parmi lesquelles des journalistes, des avocats et des opposants à Kais Saied, ont été poursuivies sur la base de ce texte, selon le Syndicat national des journalistes.

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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