intellectuels et nationalisme
De nombreux intellectuels ont pris position ces derniers jours contre le RN et l’extrême droite. Une posture contre le nationalisme qui perdure dans le temps.
Publié
Mise à jour
Temps de lecture : 5 minutes
Cette semaine, des intellectuels comme Patrick Boucheron, Franck Thilliez, Pierre Rosanvallon et l’éditeur François Nyssen se sont prononcés contre l’extrême droite nationaliste. Ils reprennent ainsi une posture ancienne du monde de la pensée. C’est une histoire qui commence lors de l’affaire Dreyfus, ce capitaine juif accusé à tort d’avoir trahi la France en fournissant des informations à l’Allemagne. Le 13 janvier 1898, l’écrivain Emile Zola publie dans le journal une lettre ouverte pour le défendre. Aube, titré J’accuse. C’est le début du combat pour la libération de Dreyfus.
Quelques jours plus tard, professeurs, bibliothécaires et journalistes s’engagent dans le débat et publient un article en faveur de Zola, et le 1euh Février 1898, Maurice Barrès, écrivain de droite, écrit une chronique sur Le Manifeste des Intellectuels. Pour la première fois il utilise ce mot « intellectuels » pour se moquer de ces gens qui vivent selon leurs pensées, sous-entendant qu’ils ne font pas grand-chose de leurs mains. Pour Barrès, ces « intellectuels » sont le produit de l’échec de la société à créer une élite. Ceux-ci sont « Les Juifs », « protestants », « étrangers »de la « simples »…
Les intellectuels utilisent ce nom pour se définir et en faire la marque d’une qualité face à des nationalistes jugés grossiers, racistes et xénophobes. Ainsi, sur le long terme, les intellectuels se sont opposés au nationalisme. C’est le même cas pour un gaulliste comme Romain Gary, engagé pour la France Libre, contre la collaboration. En 1956, il avait cette fameuse formule qui disait tout : « Le patriotisme est l’amour de soi. Le nationalisme est la haine des autres. Il pense en effet que le nationalisme a conduit aux désastres de la Seconde Guerre mondiale, à la Shoah, aux destructions…
En 1970, François Mitterrand, intellectuel, avocat entré en politique, dans une émission du journaliste Michel Pollack est toujours sur cette ligne. Il exprime son admiration pour Barrès de La colline inspirée mais dénonce « petitesse », « médiocrité » du nationaliste Barrès. Bref, l’analyse est la même jusqu’à nos jours.
À tel point que les intellectuels nationalistes ou souverainistes, comme Barrès lui-même ou Maurras, ont toujours eu du mal à se positionner comme tels, de peur d’être confondus avec les intellectuels de gauche. Aujourd’hui encore, un Mathieu Bock-Côté, une Elisabeth Levy ou un Ivan Rioufol ont la même répugnance.