Les sportifs en situation de déficience intellectuelle ne représentent qu’une minorité des athlètes qualifiés pour les Jeux Paralympiques de Paris (du 28 août au 8 septembre).
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Sur les 4 400 athlètes qui participeront aux Jeux paralympiques de Paris, à partir du 28 août, ils seront à peine plus d’une centaine. Au sein de la délégation française, composée de 237 athlètes, on en compte seulement six. Les personnes handicapées intellectuelles représentent une minorité des athlètes qualifiés et des médailles distribuées lors de la grand-messe paralympique. Des données qui posent question sur la représentation des déficiences intellectuelles aux Jeux.
Ce constat n’est pas récent et les athlètes ayant une déficience intellectuelle ont mis du temps à faire leur place dans l’histoire paralympique. « Les Jeux paralympiques ont été créés pour les blessés de guerre à Stoke Mandeville. Au départ, il s’agissait d’un mouvement uniquement destiné aux personnes handicapées physiques. »explique Marc Truffaut, président de la Fédération française des sports adaptés (FFSA). Les personnes handicapées mentales ont fait leur apparition aux Jeux en 1996, à Atlanta, 36 ans après la première édition des Jeux paralympiques.
Les personnes handicapées mentales ont été absentes pendant longtemps après l’un des épisodes les plus marquants de l’histoire des Jeux : la tricherie de la délégation espagnole à Sydney en 2000. Dans la plus grande ville d’Australie, sur les douze joueurs de l’équipe de basket qui a remporté les Jeux olympiques, dix n’étaient en réalité pas handicapés mentaux. En conséquence, le Comité international paralympique (IPC) a décidé de suspendre la participation des athlètes handicapés mentaux.
Leur absence durera douze ans, jusqu’à leur réintégration aux Jeux de Londres en 2012, durant lesquels les règles d’éligibilité et de classification seront redéfinies. Les athlètes ayant une déficience intellectuelle doivent avoir un QI (quotient intellectuel) inférieur à 75 et détecté avant l’âge de 22 ans, et se soumettre à la classification qui démontre que la déficience intellectuelle a un impact sur la performance sportive. Parce que le handicap intellectuel, invisible, peut aussi souffrir d’une mauvaise compréhension et connaissance du sujet. « Quand on les regarde, on pense qu’ils n’ont rien. Mais au quotidien, ce qu’ils doivent mettre en place pour atteindre ce niveau de performance est juste énorme. »assure Marc Truffaut.
Le retour est cependant limité. A Paris, ils ne seront représentés que dans trois disciplines : le para-athlétisme (où la France a remporté son seul titre olympique et paralympique en athlétisme à Tokyo, grâce à Charles-Antoine Kouakou sur 400 m T20), la para-natation et le para-tennis de table. Et dans chacune de ces disciplines, il n’existe qu’une seule catégorie pour ce type de handicap. « Quand on prend les déficients visuels, en athlétisme, il y a trois classes. Pour les déficients intellectuels, il n’y a qu’une seule catégorie parmi une multitude. C’est une spécificité du handicap mental, cela limite aussi le nombre d’épreuves qui peuvent être ouvertes »décrypte Marc Truffaut.
Au niveau international, comme lors des Virtus Global Games, un jeu mondial pour les athlètes ayant une déficience intellectuelle, trois catégories différentes existent : les personnes handicapées intellectuelles, les personnes handicapées intellectuelles avec un handicap supplémentaire et les personnes autistes.
Pour avoir plus d’athlètes, il faudrait plus de catégories. Mais Cette situation est également difficile à changer en raison des contraintes numériques qui pèsent sur l’organisation des Jeux. « Quand on est aux Jeux Olympiques, il y a un quota de 11 000 athlètes. Quand on est aux Jeux Paralympiques, il y en a 4 400. Tant que ce nombre n’augmente pas, c’est compliqué d’intégrer une nouvelle catégorie »explique Marc Truffaut. « Cela veut dire que si nous introduisons une nouvelle épreuve dans le sport adapté, nous retirons une épreuve à quelqu’un d’autre, à un autre handicap. » Une solution plutôt rejetée par le président de la FFSA, qui prône une « universalité des handicaps » aux Jeux Paralympiques.
La question est d’autant plus importante que les athlètes présentant une déficience intellectuelle n’ont toujours pas été réintégrés aux Jeux d’hiver, 26 ans après Nagano 1998, seule édition à laquelle ils avaient pu participer. « La gouvernance du sport est passée aux fédérations internationales, c’est la Fédération Internationale de Ski qui doit proposer au CIP l’intégration du sport adapté. Dans les discussions que nous avons aujourd’hui avec elle, elle ne dit pas qu’elle est prête »explique Marc Truffaut. La FFSA est également en contact avec l’organisation des Alpes Françaises 2030 avec la volonté de marquer le retour du sport adapté.