Insolite. La Peugeot 206 renaît en Tunisie, sous le nez de Peugeot
La marque Wallys Cars est née en 2005, lors d’une rencontre sur l’île de Wallis et Futuna entre les frères Guiga et l’ancien constructeur automobile de la Dallas (une voiture de plage française, au look Jeep et fabriquée sur une base de Renault 4 dans les années 80), René Boesch. Les nouveaux amis décident de lancer la première marque automobile tunisienne.
Le constructeur tunisien
Trois ans plus tard seulement, la Wallys Izis est présentée au Mondial de l’Automobile de Paris 2008. Equipée d’une carrosserie entièrement en fibre de verre, d’un châssis galvanisé et d’un moteur PSA Powertrain, le modèle est homologué en Europe et entre en production en 2009.
Depuis ses débuts, Wallys a produit plus de 2 200 voitures, équipées de moteurs Peugeot, et l’entreprise emploie 120 personnes. Mais aujourd’hui, le premier constructeur tunisien veut passer à la vitesse supérieure.
Un nouveau modèle ?
Depuis peu, l’usine située à Tunis a commencé à commercialiser un nouveau modèle de berline citadine, la Wallys 719. Mais étonnamment, il s’agit d’une berline Peugeot 206 restylée.
Peugeot serait impliqué dans les Wallys ? Absolument pas, mais revenons un peu en arrière. Après sa carrière en Europe, la 206 a poursuivi sa carrière dans les pays en développement, notamment en Iran où elle a été introduite en 2001.
Une version tricorps, baptisée 206 Sedan, a été développée entre Iran Khodro et Peugeot et lancée en janvier 2006.
Mais alors que Peugeot est leader sur le marché iranien et s’apprête à lancer Citroën sur le marché local, les sanctions américaines contre le pays obligent le constructeur français à y abandonner ses activités.
Une Peugeot 206 sans Peugeot
Depuis 2012, PSA ne fournit plus de pièces détachées à Iran Khodro pour l’assemblage de la 206. Pourtant, les Iraniens continuent de la produire sur place avec des pièces contrefaites importées de Chine au lieu de pièces d’origine Peugeot.
Les Iraniens se sont même permis d’offrir un lifting à la 206 avant de la rebaptiser Iran Kodro Runna. En 2022, les Iraniens d’Iran Khodro et les Tunisiens de Wallys ont trouvé un accord.
Le premier fournira au constructeur tunisien des SKD (Semi Knocked Down, que l’on pourrait traduire par « partiellement assemblé ») pour les Wallys.
La 206 renaît en Tunisie
Wallys Cars importe des 206 partiellement assemblées d’Iran. L’assemblage final est réalisé dans la petite usine Wallys de Kabaria, dans la banlieue de Tunis.
Une pratique souvent utilisée pour les questions de droits de douane et qui permet, sur le papier, le développement d’une industrie automobile en Tunisie.
Pour Zied Guiga, fondateur de Wallys Cars, le choix d’une base Berline 206-207, « nous permet de proposer un véhicule qui a fait ses preuves, solide, fiable et accessible pour l’automobiliste tunisien ».
L’assemblage final est réalisé sans robot, par une main d’oeuvre bon marché, et prend 40 heures par voiture. L’usine assemble six voitures par jour.
Meccano sino-iranien-tunisien
La 719 est développée sur la base d’une Peugeot 206 Berline et reçoit la calandre de la marque Wallys. Si la voiture vient d’Iran, elle y est construite avec des pièces essentiellement chinoises, avant d’arriver en Tunisie et de recevoir certains éléments locaux.
Selon le constructeur Wallys, le taux de composants tunisiens se situe entre 24% et 28%. Il s’agit notamment des pneus, des jantes, de la ligne d’échappement, de la sellerie, du réservoir, du câblage et de certains vitrages.
Une voiture adaptée à la Tunisie
Ce Willys 719 semble plutôt équipé pour lutter contre la concurrence avec l’ABS, la direction assistée, deux airbags, les sièges Isofix, les vitres électriques, la climatisation et même un kit mains libres.
La Wallys reçoit le moteur quatre cylindres atmosphérique, 1,6 litre, 115 ch, développé par PSA, fabriqué selon les plans Peugeot avec des pièces chinoises.
Il est proposé sur le marché tunisien au prix de 47.140 DT, soit environ 14.000 €.
Ces fausses Peugeot tunisiennes s’ajoutent aux 206 et 405 assemblées en Iran sans contrôle de Peugeot et à l’histoire du C5 Aircross assemblé en Russie sans l’autorisation de Citroën…