Inquiétudes des patients après un mois de grève au Western Cancer Institute
Les radiodiffuseurs de l’établissement privé de santé, basé près de Nantes et d’Angers, réclament des effectifs supplémentaires et une augmentation de salaire. Un collectif d’usagers souhaiterait voir les grévistes et la direction enterrer la hache de guerre, pour le bien des malades.
Le Figaro Nantes
Cela fait plus d’un mois qu’ils ont commencé leur grève. L’activité du Western Cancer Institute (ICO) est au ralenti depuis le lancement, le 15 mai, d’un mouvement social illimité initié par les radios de cet établissement de santé privé. Quelque 140 techniciens paramédicaux, membres des services de radiothérapie, de médecine nucléaire et d’imagerie, réclament une augmentation de salaire et des effectifs supplémentaires dans les deux centres de l’Institut, à Saint-Herblain, en banlieue nantaise, ainsi qu’à Angers. Atténuée par le recours aux assignations de tâches, le bras de fer engagé avec la direction de l’ICO commence néanmoins à inquiéter les usagers du centre. Près de 1 200 patients ont vu leur parcours de soins perturbé.
La situation a provoqué une réaction de la part du collectif des utilisateurs d’ICO, qui a exprimé l’anxiété croissante des patients qui se retrouvent pris entre deux feux par le conflit social persistant. « Cette grève provoque notamment des annulations et des reports de rendez-vous et de séances de soins, parfois sans préavis suffisant, provoquant des désagréments importants, comme du stress et de la fatigue », alerte le collectif dans un communiqué. « Nous ne cherchons pas à créer du buzz, ajoute Charles Caro, l’un des porte-parole des utilisateurs d’ICO. Ce qui nous importe avant tout, c’est d’apaiser les inquiétudes des patients, notamment en début de traitement, qui ont besoin d’être rassurés, d’autant que les prochaines vacances d’été risquent d’ajouter aux perturbations.
Pénurie de personnel
La grève des techniciens radio de l’ICO a effectivement perturbé trois jours de prise en charge des patients, au début de la mobilisation. Depuis, la reprogrammation a fait boule de neige au sein de l’Institut. Cela a également eu pour effet de réduire certaines activités annexes, comme les consultations d’annonces. Les affectations du personnel ont néanmoins permis de retrouver un rythme de soins normal. Comme le rappelle l’établissement de santé Figarol’ICO est « tenu, en cas de grève, de concilier les deux impératifs suivants : continuité des soins et respect du droit de grève ». Les manipulateurs de la radio n’en ont pas moins critiqué cette démarche qu’ils assimilent à une négation de leurs droits, tout en réfutant avoir «pris en otage » les patients.
Il a toujours été hors de question de sacrifier des patients : c’est justement ce qui motive notre grève, car continuer dans ces conditions, c’est aller droit au désastre.
Le délégué syndical Force ouvrière au sein de l’ICO
« Il a toujours été hors de question de sacrifier des patients : c’est justement ce qui motive notre grève, car continuer dans ces conditions, c’est aller droit au désastre », évoque Figaro un délégué syndical Force ouvrière au sein de l’ICO. « Nous connaissons une pénurie de personnel qui affecte la qualité de nos services et provoque l’épuisement de ceux qui restent. Cette situation est très pénible. » poursuit-il en appelant la direction à investir une partie de ses bénéfices dans ses ressources humaines. Selon le syndicaliste, l’Institut a connu ces derniers mois le départ de deux « manips » qui n’ont pas encore été remplacés à ce jour. Un poste permanent reste également vacant depuis février, au détriment des activités de radiothérapie de l’ICO.
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Selon les représentants du personnel, la direction n’a proposé jusqu’à présent qu’une prime de 38 euros par mois aux techniciens radio, accompagnée d’une éventuelle « prime d’essoufflement » pour les techniciens contraints d’effectuer jusqu’à 12 heures de service d’affilée. L’idée a fait bondir les syndicats. « Cette solution était complètement aberrante, autant parler de « prime au burn-out »… », évoque le délégué FO. La direction n’a pas confirmé Figaro cette dernière proposition. En revanche, il met en avant une augmentation moyenne estimée des salaires qui aurait augmenté de 25% depuis 2020 ainsi qu’une « prime de retour inopinée » instaurée depuis le 1euh mai, et rémunéré lorsqu’un changement important d’horaire est demandé aux soignants. Six postes d’opérateur radio ont également été ouverts.
« En principe, c’est très bien, mais il faut quand même pourvoir ces postes, car ces créations ne résolvent pas le problème de l’attractivité du métier et des horaires imposés au détriment de notre vie privée », regrette le représentant de Force ouvrière. Assez « désabusé », les manipulateurs de radio mobilisés ont désormais peu d’espoir d’obtenir gain de cause même si leur pétition, mise en ligne le mois dernier, a dépassé les 10 000 signatures ces derniers jours. Ils ne baissent pas les bras pour autant et comptent bien se faire entendre, aux côtés des assistants médicaux, lors des négociations avec la direction de l’ICO prévues le 20 juin.