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Inondations, tremblements de terre, sécheresses… comment le Maroc peut renforcer sa résilience


Les plus récents inondations s’est produit dans le sud-est de Maroc ont relancé le débat sur la vulnérabilité croissante du Royaume aux catastrophes naturellesAvec un territoire fortement exposé à ce type de risques, le pays fait face depuis plusieurs années à différentes formes d’aléas : séismes, inondations, crues, sécheresses, désertification, tsunamis, épidémies, invasions de criquets… Ces événements dramatiques ont mis à rude épreuve la capacité du pays à gérer les catastrophes naturelles. Ils ont surtout révélé d’importantes lacunes en matière d’aménagement du territoire et de gestion des crises, notamment dans les zones reculées, ainsi qu’un déficit de connaissances scientifiques et de savoir-faire territoriaux.

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Ces observations sont issues d’une journée de réflexion organisée par leInstitut Royal d’Etudes Stratégiques (IRES)organisé en marge de l’édition 2023 des Assemblées annuelles du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, au cours de laquelle les capacités d’anticipation du Maroc concernant gestion des catastrophes naturelles ont été discutées. Les discussions ont également porté sur les orientations des politiques publiques dans ce domaine, tant sur le plan des aspects économiques et financiers que sociaux et environnementaux.

Il est important de noter que les lacunes identifiées ne minimisent pas les progrès réalisés par le pays, notamment sur les plans juridique, institutionnel et financier. Les discussions lors de la réunion de l’IRES ont souligné que la gestion des catastrophes naturelles au Maroc a connu des améliorations significatives. Cependant, des défis persistants appellent une approche intégrée et proactive, basée sur l’innovation et une gouvernance forte, pour assurer une protection efficace des citoyens et de leur environnement.

Un cadre juridique et institutionnel renforcé

Face aux défis croissants liés à ces événements dévastateurs, la Maroc a renforcé son cadre juridique et institutionnel pour mieux gérer les risques associés. Au cours des dernières décennies, le Royaume a développé une « Stratégie nationale de gestion des risques de catastrophes naturelles 2020-2030 »Ses objectifs sont ambitieux : améliorer la connaissance et l’évaluation des risques, promouvoir la prévention pour renforcer la résilience et assurer un relèvement rapide après les catastrophes. Les institutions nationales, telles que la Protection civile et le Centre de surveillance, d’alerte et d’aide à la gestion des risques d’inondations, ont été créés pour renforcer cette réponse institutionnelle.

LE Forces armées royales ont également montré leur efficacité lors des crises, notamment au cours de la dernière tremblement de terre dans le Haut Atlas, démontrant l’importance d’une approche multisectorielle, intégrant la société civile et les élus locaux. Ces acquis institutionnels sont certes importants, mais des insuffisances subsistent, notamment au niveau de la gestion locale des crises.

Un cadre financier en mutation

Sur le plan financier, plusieurs mécanismes (tels que le Fonds de lutte contre les effets des catastrophes naturelles ou le Fonds de solidarité) ont été mis en place pour soutenir la prévention et la gestion des catastrophes. Récemment, un nouveau fonds a été créé suite à la Séisme d’Al Haouzillustrant la volonté de fédérer les efforts financiers en cas de catastrophe. Toutefois, la pérennité et l’efficacité de ces mécanismes méritent une attention continue.

Gestion et coordination inadéquates en temps de crise

Des événements catastrophiques, tels que Séisme d’Al HaouzLes résultats de cette étude ont mis en évidence des lacunes importantes dans la planification territoriale et la gestion des crises, notamment dans les zones rurales. L’absence de scénarios de coordination préétablis, de plans locaux de prévention, ainsi que l’accès difficile des services d’urgence aux zones sinistrées ont entravé les efforts rapides de réponse aux situations d’urgence. L’absence de systèmes d’information géographique précis s’est également révélée problématique.

Déficits en connaissances et savoir-faire territoriaux

Un autre enjeu crucial identifié dans la récente catastrophe concerne les connaissances scientifiques et territoriales. La gestion des risques souffre d’un manque de données scientifiques, alors que la prise en compte des facteurs sociologiques et culturels est essentielle pour une gestion efficace des crises. De plus, l’obsolescence des cartes géologiques et hydrogéologiques, ainsi que la modélisation peu fiable des phénomènes extrêmes, suscitent des inquiétudes majeures en matière de prévention des catastrophes.

Vers une gouvernance proactive

Pour renforcer la gouvernance mondiale de risques de catastrophes naturellesPlusieurs orientations stratégiques ont émergé des débats de l’IRES. Parmi celles-ci, il convient de repenser le cadre juridique et institutionnel, ce qui implique une gouvernance globale et structurante ainsi que d’accroître les compétences des institutions existantes. Il est également essentiel d’intégrer les connaissances prospectives dans les politiques publiques tout en favorisant l’innovation technologique en matière de prévention et d’alerte. Par ailleurs, la structuration des systèmes d’information est cruciale, ce qui implique de développer des systèmes viables de production de données sur les différents risques. Enfin, il convient de promouvoir une diplomatie nationale du risque en créant des partenariats internationaux pour échanger les meilleures pratiques et partager les ressources.

Actions d’anticipation, de résilience et d’éducation

Pour éviter les catastrophes, l’anticipation des risques doit être placée au cœur des priorités des politiques publiques, selon les recommandations de l’IRES. Il est également essentiel de développer des stratégies adaptées aux caractéristiques des différentes zones géographiques, notamment celles des régions côtières et rurales. Cet objectif nécessite également de favoriser la résilience des communautés. Par ailleurs, il est crucial d’améliorer l’éducation et la formation locales en matière de gestion des risques pour renforcer la préparation des populations face aux situations catastrophiques.

lematin

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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