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Innovation en retard, industrie en relance : pourquoi l’UE est-elle confrontée à un « défi existentiel » selon Mario Draghi ?

Faut-il y voir un mea culpa ? En pleine crise de la dette grecque, l’ancien directeur de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, a refusé de reconnaître une quelconque responsabilité de la troïka (BCE, Commission européenne et Fonds monétaire international) dans le fiasco économique et la crise sociale.

Les temps ont-ils changé ? En présentant le 9 septembre son rapport de 400 pages sur la compétitivité de l’Union européenne (UE), Mario Draghi a cherché à choquer les consciences en suggérant que le bloc pourrait être confronté à « une crise économique et financière mondiale ». une lente agonie » économique face à la montée de la Chine et des États-Unis. « défi existentiel » C’est une forme d’aveu : le modèle économique et politique de l’UE mène droit dans le mur.

« Un acte d’accusation certifié » contre le dogme de l’austérité

Pour le député européen Pasquale Tridico du Mouvement 5 étoiles italien (La Gauche), interrogé par Euractiv, « Le rapport Draghi contient une critique lucide des politiques néolibérales sur lesquelles repose le cadre européen actuel. » Il en va de même pour l’écologiste allemand Sergey Lagodinsky, qui suggère que le rapport constitue « un acte d’accusation certifié « contre le dogme de l’austérité et la reprise du Pacte de stabilité et de croissance.

« La technocratie comptable qu’est, à quelques exceptions près, la Commission européenne semble, enfin, constater que les politiques d’austérité imposées aux États membres, notamment depuis 2008, ont eu des effets catastrophiques »« Ce réquisitoire vaut non seulement pour le déclin économique mais aussi pour la grave crise sociale que traversent les habitants du continent », a déclaré le sénateur socialiste français Mickaël Vallet sur le réseau social X. « Le revenu disponible réel par habitant a augmenté presque deux fois plus aux États-Unis qu’en Europe depuis 2000 »Mario Draghi le souligne à ce propos.

L’ancien Premier ministre italien identifie plusieurs pistes pour combler le déficit d’innovation et relancer l’industrie et la croissance. Pour redevenir compétitive, l’Union devrait consacrer 750 à 800 milliards d’euros supplémentaires par an, soit 5 % de son PIB, à l’investissement. Un montant jamais vu depuis la Seconde Guerre mondiale, lorsque l’écart de PIB entre l’UE et les États-Unis est passé d’un peu plus de 15 % en 2002 à 30 % en 2023.

Mario Draghi prône également l’émission de dettes communes, comme ce fut le cas lors de la relance post-Covid-19. Si le rapport note que certains retards technologiques ne peuvent être rattrapés, l’Europe a encore la possibilité de ne pas rater le train de l’Intelligence Artificielle générative afin de retrouver sa souveraineté.

La décarbonisation, un levier pour la production de véhicules électriques

Alors qu’elle emploie 14 millions de personnes, l’industrie automobile est elle aussi en panne en raison du recul des investissements et d’une dépendance accrue à la Chine. Mario Draghi souligne ainsi que la décarbonation pourrait servir de levier à la production de véhicules électriques, à condition qu’un plan commun soit mis en place.

« Une approche globale est nécessaire pour couvrir toutes les étapes « , souligne le rapporteur, c’est-à-dire une stratégie qui couvre la production, la recherche, l’exploitation minière et le recyclage et évite la « Les pièges du protectionnisme »à savoir les barrières douanières. Des recettes libérales sont également en place concernant la création d’un « Union des marchés des capitaux » censé mobiliser les investissements privés.

L’autre fait connu mis en lumière par le rapport concerne la défense. 63 % des commandes d’équipements passées entre mi-2022 et mi-2023 au sein de l’UE l’ont été auprès d’entreprises américaines. Un état de fait qui cadre mal avec la stratégie d’autonomie dans ce domaine prônée par le président français Emmanuel Macron, mais qui s’inscrit tout à fait dans la lignée de l’intégration à l’OTAN.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, devrait s’inspirer de ces recommandations pour le mandat qui débute. « Beaucoup de choses vont sortir et sont déjà sorties dans les directives politiques et seront incorporées dans les lettres de mission. » délivré aux futurs commissaires, assure-t-elle.

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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