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INFOS LA DEPECHE. Usurpation d’identité, facturation douteuse : les pratiques commerciales louches d’un géant du pare-brise

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Les réactions se multiplient suite à notre article du 13 mai 2024. Il mettait en lumière des pratiques commerciales douteuses chez l’un des géants du remplacement de pare-brise, présent à Toulouse. Un employé a même proposé d’endommager lui-même le verre d’un client, afin de bénéficier de l’assurance bris de verre. Nouvelles révélations aujourd’hui.

Les réactions se multiplient suite à notre article du 13 mai 2024. Notre enquête a suscité des réactions de la part de nombreux internautes et professionnels du secteur automobile et de la réparation. Nous avons révélé les pratiques douteuses d’une entreprise ayant pignon sur rue, au nord de Toulouse. Une entreprise de 250 salariés et une cinquantaine de commerciaux en France. Son nom : Élite Pare-Brise. Elle propose notamment des bons d’achat ou les dernières consoles de jeux si le client vient faire changer un ou plusieurs pare-brise. Comment un tel modèle économique peut-il tenir le coup ? Un journaliste de La Dépêche du Midi se fait passer pour un client équipé d’un pare-brise neuf : « Peu importe, ramenez la voiture dans la semaine, prenez des photos de la carte grise et de la carte verte (…) et s’il y a une expertise je tu vas mettre un petit coup sur le pare-brise, tu n’auras rien à faire » a répondu un employé de l’EPB enregistré à son insu. « Ces pratiques existent bel et bien », confirme une source interne à l’entreprise.

« Ces pratiques existent »

Pour rappel, la loi du 17 mars 2014 relative à la consommation, dite « loi Hamon », légalise le libre choix du réparateur. Une avancée qui permet aux consommateurs de profiter de la concurrence entre les différents acteurs du secteur. Problème : des marques aux pratiques douteuses arrivent sur le marché « depuis environ 5-6 ans » nous disent les professionnels du secteur.

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Une source interne confirme les pratiques commerciales du géant du pare-brise

Nous avons pu remonter à un témoin direct des pratiques commerciales d’Élite Pare-Brise, qui selon lui sont « le résultat d’une politique managériale » : dans les séminaires d’affaires, les individus seraient qualifiés de « distributeurs automatiques de billets ». Selon cette source interne, changer du matériel en bon état tout en facturant un sinistre serait une pratique répandue chez EPB, « pour gonfler leurs commissions, les vendeurs poussent aux achats : ils font par exemple changer la lunette arrière. Donc une seule facture » Un seul incident de verre brisé, mais cela leur donne deux commissions », assure-t-il.

Comment les compagnies d’assurance ne s’en rendent-elles pas compte ? « L’expert vient toujours après l’intervention et on ne sait pas démonter un pare-brise sans le casser ou le fissurer : l’expert passe, observe et s’en va. » Trompée, la compagnie d’assurance paierait parce que « chez nous, six avocats se relaient en permanence pour plaider les dossiers ».

La direction d’EPB mettrait aussi beaucoup de pression sur ses équipes commerciales, « si les commerciaux ne font pas au moins 31 rendez-vous par mois, ils sont payés au smic ».

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Calibrage des caméras embarquées : nouvelle arnaque ?

Les centres spécialisés dans le remplacement de pare-brise doivent être capables de calibrer les systèmes de caméras des véhicules. Le travail d’un technicien certifié équipé d’un appareil spécial : « L’EPB facture le calibrage des caméras, sauf que beaucoup de leurs centres ne sont pas équipés, les calibrages des caméras ne sont pas effectués, mais facturés » confirment des sources internes.

Autre pratique qui pose question : la technique des cessions de créances. Ainsi, les centres prennent en charge la déclaration de créance du client : « On dit au client qu’on s’occupe de tout, on lui fait signer une cession de créance mais parfois on la signe nous-mêmes. »

Pour 90% des dossiers clients traités par EPB, il n’y aurait pas de déclaration de sinistre avant intervention, alors même que c’est la loi : « On fait l’inverse. L’appel d’assurance situé en Tunisie se fait passer pour le client, juste pour savoir. le montant des franchises, c’est une usurpation d’identité. »

Clients déçus

Nous avons pu discuter avec Julien*, un client qui a eu quelques déboires avec Élite Pare-Brise : « Ils ont changé trois fois le pare-brise et la lunette arrière qui étaient soit trop petits, soit trop grands. Je n’arrivais plus à fermer le coffre. J’ai attendu quatre fois. des mois pour qu’ils calibrent l’appareil photo puis j’ai dû parcourir 400 kilomètres de ma poche pour ce réglage Finalement, ils ont endommagé ma carrosserie, je dois faire une peinture complète, ils me doivent 4000 à 5000 euros et mon assurance refuse. pour payer. 4 ou 5 amis sont passés par Élite Pare-Brise, tous ont eu des problèmes. »

L’EPB se défend

Contactée et informée de ces témoignages accablants, Élite Pare-Brise a répondu : « tout comme les autres réparateurs non agréés », l’entreprise « est tenue de demander le paiement de ses prestations aux assureurs des bénéficiaires des réparations, à la suite d’une cession de créance ». à son profit, dans le respect des prix des constructeurs » ajoutant « aujourd’hui, un litige majeur est ouvert devant les tribunaux de commerce (…) c’est dans ce contexte qu’intervient votre article, où certains assureurs tentent de déstabiliser économiquement des non-agréés réparateurs, en leur opposant l’absence de déclaration de sinistre, les cadeaux offerts aux assurés et certaines pratiques ». EPB ajoute « aujourd’hui, certains abus peuvent être rencontrés comme dans toutes les professions. Notre entreprise (…) est vigilante (…) et dispose d’une charte éthique de transparence.

« Pas d’amalgames » préviennent les professionnels vertueux

Le syndicat automobile Mobilians « condamne avec la plus grande fermeté tous les abus en matière de surfacturation et de cadeaux offerts par les réparateurs aux assurés ». Les pratiques commerciales « selon lesquelles les réparateurs offrent des cadeaux aux assurés sont absolument déviantes et fermement condamnées par la profession, puisque les cadeaux seraient en réalité payés par des indemnités d’assurance » explique l’interprofession. D’autres réparateurs regrettent tout autant ces pratiques. « Il ne faut pas tout mélanger, il ne faut pas être assimilé à ces gens-là » prévient Christophe Jean, directeur commercial de SOS Pare-Brise+, entreprise artisanale fondée à Toulouse. « Nous ne sommes pas agréés, mais nous avons des accords avec de grandes compagnies d’assurance. Chez nous, il n’y a pas de cadeaux mais du service et une garantie bris de glace premium. Nous ne promettons pas n’importe quoi. » Il ajoute : « Nous prenons des photos avant et après pour prouver qu’il y a bien eu une catastrophe. »

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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