En cette période de Toussaint, l’Insee dévoile de nouvelles données sur la saisonnalité de la mortalité, marquée par des différences notables selon les tranches d’âge.
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A la veille d’Halloween et trois jours avant la Journée catholique de toutes les âmes, l’Insee apporte sa contribution aux débats saisonniers. L’Institut national de la statistique a publié mercredi 30 octobre des données révélant les périodes de l’année où l’on meurt le plus et le moins en France. Si les décès sont relativement peu nombreux durant l’été, c’est dans la foulée des fêtes de fin d’année qu’ils atteignent leur apogée, avec le 3 janvier comme point culminant. Sur le plan individuel, soyez prudent si vous êtes sur le point de souffler vos bougies : c’est le jour de votre anniversaire que vous avez statistiquement la plus forte probabilité de mourir.
Un pic de mortalité en hiver, sauf chez les jeunes
De novembre à avril, chaque année, le nombre de décès quotidiens est supérieur à la moyenne. La mortalité s’intensifie au cœur de l’hiver, avec un écart de +14% en janvier et +12% en février, du fait notamment d’une plus grande circulation de virus saisonniers, comme la grippe.
Cette saisonnalité s’observe dès l’âge de 30 ans et s’accentue avec l’âge. « L’été, malgré les canicules, est nettement moins meurtrier que l’hiver pour les personnes âgées »grâce notamment aux efforts de prévention menés depuis 2003 face aux fortes chaleurs, note l’Insee.
A l’inverse, les jeunes, notamment ceux âgés de 18 à 29 ans, « se distingue par des décès plus nombreux durant l’été ». Plus résistants aux épidémies hivernales, ils sont surreprésentés parmi les décès sur la voie publique ou dans l’espace public, qui surviennent davantage aux beaux jours, notamment sur les routes.
Le 3 janvier, jour le plus meurtrier de l’année
Chaque année, entre 2004 et 2023, quelque 1 900 décès ont été recensés en moyenne le 3 janvier, faisant de cette journée la plus deuil. « Le 3 janvier est une journée d’hiver, qui suit les vacances de fin d’année »analyse l’Insee. « L’envie de passer ces vacances avec ses proches, ainsi que l’envie de franchir une nouvelle année, pourraient retarder la survenue de décès de personnes en fin de vie et expliquer en partie ce pic. De plus, cette période correspond à une reprise des opérations chirurgicales programméesce qui peut entraîner des complications mortelles.
En revanche, le jour le moins meurtrier est le 15 août, en plein été, avec une moyenne de 1 410 décès chaque année. L’Insee rappelle qu’il s’agit d’un jour férié, mais ces périodes chômées sont marquées « par un appui moins fréquent (à l’hôpital) et un nombre inférieur d’interventions programmées ».
Et les différents jours de la semaine ? Même si les variations sont très faibles, le pic des décès intervient mardi (1,2%), tandis que la mortalité la plus faible par rapport à la moyenne est observée dimanche (-2,7%). L’Insee explique ce répit dominical par la baisse d’activité hospitalière ce jour-là, ainsi que par « visites de la famille ou des amis aux malades, sans doute plus fréquentes le week-end »ce qui inciterait à moins de lâcher prise le samedi et le dimanche. En revanche, la mortalité chez les adolescents et les jeunes adultes est plus élevée le week-end, période où les taux d’accidents sont plus élevés.
Risque plus élevé de mourir le jour de votre anniversaire
En comparant les dates de naissance et de décès des personnes décédées entre 1994 et 2023, l’Insee a mis en évidence une augmentation de 6 % de la mortalité le jour de leur anniversaire. Le risque, qui touche toutes les tranches d’âge, augmente « fortement » pour les 18-39 ans (+21%). Les centenaires ne sont pas épargnés, bien au contraire : « Le nombre moyen de décès à l’âge de 100 ans est 29% supérieur au nombre moyen de décès quotidiens pour les personnes du même âge »rapporte l’agence publique des statistiques.
Plusieurs hypothèses sont avancées à ce sujet « syndrome d’anniversaire »déjà documenté à l’étranger. «En Suisse, les accidents de la route, les chutes et les accidents cardiovasculaires sont plus fréquents ce jour-là, ce qui pourrait s’expliquer par des excès (alcool, fatigue due à la fête, etc.)»rapporte l’Insee. Au Japon, une étude publiée en 2016 dans la revue Sciences sociales et médecine a également souligné une augmentation de 50% des décès par suicide ce jour-là, en lien avec la « blues d’anniversaire » que peuvent ressentir les personnes seules ou en détresse. Enfin, dans le cas des personnes en fin de vie, l’Insee suggère que « le désir d’atteindre le jour de son anniversaire pourrait retarder la survenue du décès ». Encore une bougie et c’est parti.
Si vous avez besoin d’aide, si vous êtes inquiet ou si vous êtes confronté au suicide d’un membre de votre entourage, il existe des services d’écoute anonymes. La Ligne d’écoute Suicide est joignable 24h/24 et 7j/7 au 01 45 39 40 00. D’autres informations sont également disponibles sur le site du Ministère de la Santé.