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INFOGRAPHIE. Comment l’intelligence artificielle a augmenté les émissions de gaz à effet de serre des géants de la technologie

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Un centre de données Google à Hanau, en Allemagne, le 6 janvier 2023. (ARNE DEDERT / DPA / AFP)

Les émissions de CO2 de Google et Microsoft ont augmenté de plus de 40 % ces dernières années. Cette hausse est en grande partie due à la construction de nouveaux centres de données essentiels à l’IA.

Ils l’ont juré la main sur le cœur. Pour ralentir le changement climatique, les plus grandes entreprises technologiques ont multiplié ces dernières années les promesses de devenir au moins neutres en carbone d’ici 2030. Mais, loin de diminuer, les émissions de gaz à effet de serre de certains géants du net ont depuis gonflé, notamment en raison du développement d’une des technologies les plus en vogue ces derniers mois : l’intelligence artificielle.

C’est le cas de Google, dont les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté de 13% entre 2022 et 2023 et de 48% en cinq ans, selon le rapport annuel du groupe américain publié mardi 2 juillet. Les activités de l’entreprise (qui incluent son moteur de recherche, mais aussi les plateformes Google Drive et YouTube, et les smartphones Pixel) ont entraîné l’émission d’environ 17,16 millions de tonnes d’équivalent CO2 en 2023.

Comment expliquer cette hausse ? Google la justifie notamment par une hausse des émissions dites « de portée 2 », qui incluent la production d’électricité achetée par l’entreprise pour alimenter ses data centers. Or, ces unités de stockage de données informatiques sont indispensables au fonctionnement de la grande majorité des IA. Ces dernières, comme ChatGPT, doivent analyser des millions d’exemples de textes ou d’images pour pouvoir en générer de nouveaux à la demande – un processus lui aussi énergivore.

Google pointe également une augmentation des émissions de « scope 3 », qui incluent les émissions de tous les acteurs participant à la chaîne de production. Cela inclut donc les gaz à effet de serre liés à la construction des bâtiments de l’entreprise (dont les data centers) mais aussi les émissions liées à la fabrication des composants électroniques (les puces utilisées dans ses data centers, la fabrication de ses smartphones, etc.).

Une activité spécifique est donc particulièrement pointée du doigt : l’intelligence artificielle. « À mesure que nous intégrons l’IA dans nos produits, la réduction des émissions peut s’avérer difficile »L’entreprise le concède. Et pour cause : elle s’est lancée à corps perdu dans la course avec d’autres géants de la tech (comme Microsoft ou OpenAI) pour intégrer un maximum d’IA générative dans ses services, de la rédaction automatique d’emails à la retouche photo en passant par les recherches internet dites « augmentées ».

Google n’est pas la seule entreprise technologique à voir ses émissions exploser : l’un de ses principaux concurrents, Microsoft, est dans le même cas. Selon son rapport d’impact environnemental publié en mai, les activités de l’entreprise ont émis 17,16 millions de tonnes d’équivalent CO2 dans l’atmosphère en 2023, contre 12,22 en 2020 (la première année où de telles mesures ont été prises). Cela représente une augmentation de 40 % en quatre ans.

Là aussi, l’entreprise pointe du doigt « la construction de nouveaux centres de données ». Microsoft, qui s’est associé à OpenAI (le créateur de ChatGPT), produit également son propre logiciel d’IA et l’intègre dans la plupart de ses services. Cependant, l’entreprise a pour objectif d’être « carbone négatif » d’ici 2030, mais cet objectif a été dévoilé en 2020, « avant l’explosion de l’intelligence artificielle »justifie Brad Smit, le président de Microsoft, auprès de Bloomberg.

Les deux géants de la tech se défendent en mettant en avant leurs efforts pour réduire les conséquences de leurs activités. Ils disent notamment améliorer le fonctionnement de leurs data centers et s’approvisionner de plus en plus en énergie renouvelable, et assurent que les progrès en matière d’IA permettront d’optimiser la consommation énergétique ou de trouver de nouvelles solutions au réchauffement climatique. Qu’en est-il des autres entreprises du secteur ? C’est compliqué à savoir, car ces émissions sont difficiles à quantifier et souvent entourées d’un épais voile de secret.

Apple affirme que ses émissions de CO2 ont diminué ces dernières années (PDF)mais le concepteur de l’iPhone est toujours à la traîne par rapport à ses concurrents en matière d’IA, et les nombreuses fonctionnalités d’IA dévoilées en juin L’application n’arrivera sur iOS qu’à l’automne aux Etats-Unis. De leur côté, Amazon et Meta (maison mère de Facebook) n’ont pas publié de données sur le sujet depuis 2022, avant l’explosion des applications d’IA générative. Et c’est sans compter les émissions des centaines de start-up qui ont émergé ces derniers mois pour surfer sur la vague.

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