Ce mardi, pas d’effervescence devant le Musée social, dans le 7e arrondissement où la Commission nationale d’investiture républicaine a enregistré la liste des 31 premiers candidats de sa liste européenne. Quasiment pas de journalistes et de médias et peu de cadres pour s’exprimer. Les sénateurs présents, Muriel Jourda, Roger Karoutchi, ont poliment décliné nos demandes. La tête de liste François-Xavier Bellamy passe son tour, tout comme Laurent Wauquiez, le président de la région Auvergne Rhône-Alpes.
« Entre expérience et renouveau »
Éric Ciotti fait le service minimum. « C’est toujours un exercice difficile, mais je crois que nous avons veillé à avoir un équilibre territorial, entre expérience et renouveau. Le début de liste est presque entièrement renouvelé et la confiance est donnée à ceux qui partent pour la deuxième partie. Créditée entre 6% et 8% dans les sondages, la liste LR a fait l’objet d’âpres négociations.
Derrière les noms déjà connus de l’agricultrice Céline Imart et du général Christophe Gomart, l’ancienne députée d’Ille-et-Vilaine Isabelle Le Callennec est en bonne voie pour être élue à Bruxelles avec la quatrième place. Ancien porte-parole de l’UMP, l’actuel maire de Vitré était proche de François Fillon. Représentant une ligne conservatrice, elle s’est opposée au mariage pour tous lorsqu’elle était à l’Assemblée nationale. Elle avait également déposé un amendement visant à annuler le financement de l’avortement. « Sur cette liste, nous avons besoin de personnalités ancrées sur le territoire et qui connaissent les préoccupations des Français. Nous, en Bretagne, sommes très concernés par la pêche, l’agriculture et l’énergie. Ce sont autant de sujets qui font l’objet de textes au Parlement européen. Donc, c’est là aussi qu’il faut aller se battre», a-t-elle déclaré, volontairement, au micro de Public Sénat.
«Anciens ministres qui représentaient la France»
Il est suivi à 5 heurese lieu par Laurent Castillo, élu niçois et professeur de médecine, inconnu du grand public et proche d’Éric Ciotti. Les deux anciens sarkozystes, Nadine Morano et Brice Hortefeux pourraient conserver leurs sièges au Parlement en occupant respectivement 6e et le 7e lieu. L’ancienne ministre déléguée chargée de l’Apprentissage et de la Formation professionnelle, qui a déjà passé 10 ans au Parlement européen, n’a pas caché sa joie ce matin. « L’équilibre trouvé, tant géographique qu’entre renouveau et expérience. Donc avoir aussi d’anciens ministres qui représentaient la France quand il fallait se rendre aux réunions européennes», soutient-elle.
« Tout le monde est déçu de voir Morano et Hortefeux devant Anne Sander »
Mais sa présence et celle de Brice Hortefeux sur les places éligibles ont fait grincer des dents le Sénat. Selon nos informations, une large majorité du groupe LR a signé une lettre pour retirer les noms des deux anciens ministres des places éligibles. « Nous n’attendions rien de cette liste. Aujourd’hui tout le monde est déçu de voir Morano et Hortefeux devant Anne Sander qui, contrairement à eux, est une députée européenne qui a travaillé dur et qui a un bon bilan », glisse un sénateur.
En effet, l’eurodéputée sortante, Anne Sander, est reléguée à 10e place, derrière le président des jeunes Les Républicains, Guilhem Carayon (9e) et l’eurodéputée centriste sortante Nathalie Colin-Oesterlé (8e). Selon les informations du Figaro, Patrick Dray, conseiller de Gérard Larcher, aurait refusé la 9e place que lui avait proposée Éric Ciotti. L’existence de cette lettre est confirmée par la sénatrice Christine Bonfanti-Dossat, membre du Conseil national d’investiture (CNI). « Voir Anne Sander placée plus haut que Nadine Morano et Brice Hortefeux était le souhait de nombreux sénateurs. Cette liste ne fera pas l’unanimité, elle est le résultat d’un compromis difficile. Nous devons désormais avancer ensemble et ne pas affaiblir davantage notre famille politique. C’est notre devoir ».
Un autre membre du CNI confirme avoir vu passer cette lettre qu’il a probablement signée. «J’aime bien Anne Sander», confie-t-il. Du côté des autorités du groupe Les Républicains du Sénate, nous précisons que cette lettre ne mentionnait pas Nadine Morano et Brice Hortefeux mais seulement Anne Sander.
Nadine Morano, « c’est une grenade non épinglée »
Signe de trouble parmi ceux qui partent, le 11e La place a été « réservée » un temps, avant d’être officiellement attribuée, dans la matinée, à l’eurodéputé Geoffroy Didier. On retrouve enfin à 12he à la place, l’ancienne conseillère de Nicolas Sarkozy, Emmanuelle Mignon.
« Il y a la main invisible de Laurent Wauquiez sur cette liste. Isabelle Le Callennec et Brice Hortefeux comptent parmi ses amis proches. Jusqu’à hier soir, Nadine Morano n’avait pas été reconduite dans ses fonctions. Mais, Éric Ciotti a dû se résoudre à la conserver, car il s’agit d’une grenade non goupillée. Si on l’avait laissée dehors, elle serait allée à Reconquête dire tout le mal qu’elle pense de nous», raconte notre sénateur qui préfère garder l’anonymat.