INFO LA DEPECHE. Un maire du Tarn-et-Garonne menacé de mort et sous protection après une vidéo de « Papacito »
Attaqué sur Youtube par l’influenceur toulousain, Christian Eurgal, le maire de Montjoi dans le Tarn-et-Garonne, est depuis menacé de mort par des militants proches de l’extrême droite. Plusieurs dégâts ont été commis dans le village.
« C’est ignoble, ils appellent à ce que je sois attrapé, battu et violé », témoigne sobrement Christian Eurgal. Depuis la diffusion d’une vidéo sur Youtube du très controversé influenceur « Papacito », le maire de Montjoi vit un véritable calvaire.
Depuis la diffusion de ce clip le 22 mai, visionné près de 470 000 fois, il fait partie des sept maires de France à se retrouver malgré lui sous protection suite aux multiples menaces de mort dont il fait l’objet.
Un danger pris très au sérieux par le ministre des Collectivités territoriales et de la Ruralité, Dominique Faure, qui recevait l’édile à Paris depuis les faits. « Elle me surveille régulièrement, et mon téléphone est en alerte : quand j’appelle la gendarmerie, j’ai la priorité », explique Christian Eurgal.
Il faut dire que le vidéaste toulousain, héraut du mouvement d’extrême droite, n’y va pas par quatre chemins. Il qualifie l’édile du Tarn-et-Garonnais de « Belette », enjoignant dans son habile montage à des hommes cagoulés et armés de chasser cet « animal » ayant « infesté » l’ancienne bastide de 167 habitants.
Les balises peintes à 15 km à la ronde sur la route indiquant le domicile du maire
Cette vidéo orchestrant une véritable chasse à l’homme aux accents homophobes, était accompagnée de tags apposés sur les routes indiquant la maison « de la belette ». « Ces graffitis ont été réalisés à 15 km à la ronde de Valence-d’Agen avec la mention Eurgal belette de Montjoi », confirme le maire indiquant que, depuis, ses proches ont peur de venir lui rendre visite, sa belle-fille et sa petite-fille du premier lieu.
Une histoire de cloche merlesque
Mais qu’est-ce qui a piqué le Youtubeur pour s’en prendre à Christian Eurgal, peintre reconnu de surcroît ? Papacito n’en est pas à son coup d’essai. En octobre dernier, il avait déjà réalisé une première vidéo visionnée plus de 420 000 fois en soutien à un éleveur de porcs de la commune. Pierre-Guillaume Mercadal s’estimait lésé dans un litige relatif à une route rurale l’opposant à son voisin, un ressortissant britannique.
Le maire devant le Chemin de Negra au coeur de cette affaire
Dans cette super production très biaisée dans son traitement en soutien à l’éleveur de porcs, l’influenceur n’a pas manqué de lancer une cagnotte en ligne pour soutenir l’exploitation qui serait au « bord de la ruine » après 5 ans de procédure devant la justice.
L’appel aux dons a dépassé toutes les attentes des associés car sur les 60 000 € espérés, près de 277 000 € auprès de 13 746 donateurs ont été récoltés.
Ce n’était évidemment pas suffisant pour l’influenceur et son nouvel ami du Tarn-et-Garonne qui ont remis le couvert en postant cette nouvelle vidéo au contenu dégradant et grossier. Elle appelle à la violence contre son voisin Roderick Sinclair, surnommé injustement le titre de Lord anglais, et le maire amené à s’entendre avec lui pour bénéficier d’un privilège.
La maison tachée de peinture rouge
Depuis, les gestes d’hostilité à l’encontre de l’édile se sont multipliés crescendo, et la maison du ressortissant britannique a été maculée de grands seaux de peinture rouge. Des militants proches du mouvement d’extrême droite ne lui seraient pas étrangers, à l’image de ces deux Lot-et-Garonnais de 23 ans interpellés la semaine dernière après avoir arboré le drapeau tricolore sur la devanture de la mairie de Montjoi. Le procureur de Montauban, qui voulait envoyer un signal fort, les a fait condamner à 3 mois de prison avec sursis lors d’une procédure de « plaidoyer de culpabilité ».
Parallèlement, Bruno Sauvage ouvre une enquête pour injure publique contre personne dépositaire de l’autorité publique, confiée à la section de recherche (SR) de Toulouse.
L’Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité et les crimes de haine (OCLCH) a également été saisi. Ce service interministériel rattaché à la gendarmerie a les moyens de tenter de faire supprimer la vidéo de la plateforme Youtube.
Une mission qui ne sera pas de tout repos, la législation américaine étant plus souple en matière de liberté d’expression.
En attendant de revenir à plus de tranquillité, les habitants de Montjoi ont apporté leur soutien à leur maire vendredi dernier en se rassemblant autour d’un rassemblement fraternel.
