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Incursion ukrainienne, évacuations de civils… Ce que l’on sait des combats dans la région russe de Koursk

Les combats se poursuivaient mercredi dans la région russe de Koursk, frontalière de l’Ukraine, où les troupes ukrainiennes attaquent depuis la veille des troupes russes, entraînant l’évacuation de milliers de personnes des deux côtés de la frontière. Kiev est jusqu’ici restée largement silencieuse sur l’opération.

Ces manœuvres interviennent alors que les soldats russes gagnent progressivement du terrain dans l’est de l’Ukraine depuis des mois, face à une armée ukrainienne en manque de nouvelles recrues et de munitions. Le Parisien fait le point.

Ce qui s’est passé ?

Les forces ukrainiennes sont entrées mardi dans la région avec jusqu’à un millier de soldats et des dizaines de chars et de véhicules blindés, selon le Kremlin. Le chef d’état-major de l’armée russe, Valéry Guerassimov, a assuré à Vladimir Poutine que « l’avancée de l’ennemi dans les profondeurs du territoire a été stoppée par des frappes aériennes et d’artillerie », selon une vidéo télévisée.

Le gouverneur local a cependant décrété mercredi soir l’état d’urgence dans la région, affirmant que la situation opérationnelle restait « difficile dans les zones frontalières ». L’ampleur des avancées ukrainiennes n’est pas claire. Selon la chaîne Telegram Rybar, proche de l’armée russe, les militaires ukrainiens ont pris le contrôle de plusieurs villages et ont atteint le sud de Soudja, une ville de 5 500 habitants située à environ 10 km de la frontière.

Un prêtre habitant la ville, Evgueni Chestopalov, a déclaré dans une vidéo diffusée par les médias russes que Soudja était « en feu » et que les habitants s’étaient réfugiés dans son église. La télévision locale a diffusé des images montrant des bâtiments détruits, des débris et des cratères d’obus dans le centre-ville. La Garde nationale russe a également annoncé avoir renforcé la protection de la centrale nucléaire de Koursk, située à une soixantaine de kilomètres de l’Ukraine.

Sans faire de lien avec l’incursion, une source au sein des services de sécurité ukrainiens (SBU) a revendiqué auprès de l’AFP la destruction en vol par un petit drone d’un hélicoptère russe Mi-28, ce qui serait une « première dans l’histoire de la guerre ».

Poutine dénonce une « provocation », Washington le contredit

Le président Vladimir Poutine a dénoncé une « provocation à grande échelle », accusant les troupes ukrainiennes de « tirer sans discrimination avec différents types d’armes, y compris des roquettes, sur des bâtiments civils, des habitations et des ambulances ».

Un porte-parole de la diplomatie américaine, Matthew Miller, réagissant aux propos du président russe, a estimé qu’il était « un peu fort de qualifier cela de provocation étant donné que la Russie a violé l’intégrité territoriale et la souveraineté de l’Ukraine ».

Kyiv garde le silence

La Maison Blanche a également indiqué qu’elle contactait Kiev pour en savoir plus sur les « objectifs » de l’incursion. Les autorités ukrainiennes gardent depuis mardi un silence quasi total sur la situation. Plusieurs hauts responsables ukrainiens interrogés par l’AFP n’ont pas souhaité commenter.

Dans son discours quotidien mercredi soir, le président Volodymyr Zelensky a salué la « bravoure » des forces ukrainiennes, sans faire explicitement référence à l’incursion. « Plus nous exercerons de pression sur la Russie (…) plus nous nous rapprocherons de la paix », a-t-il ajouté.

Des milliers de personnes évacuées

Les affrontements et les bombardements ont provoqué l’évacuation de civils des deux côtés de la frontière. En Russie, les autorités ont indiqué que « plusieurs milliers » de personnes avaient quitté les zones frontalières, où au moins cinq civils ont été tués et 28 blessés, dont des enfants.

En Ukraine, dans la région de Soumy, qui fait face à Koursk, les autorités ont ordonné « l’évacuation obligatoire » de 23 localités, une mesure qui concerne environ 6.000 personnes, dont 425 enfants, selon le gouverneur Volodymyr Artioukh.

Détourner les forces russes d’autres fronts ?

« Je pense que l’un des objectifs de Kiev est de retirer les réserves (russes), de simplifier les actions de nos militaires dans le secteur de Kharkiv (nord-est) et peut-être dans d’autres régions », a déclaré à l’AFP Sergueï Zgourets, expert militaire ukrainien.

La géographie de cette zone en Russie permet « de mener efficacement ce type d’action de dissuasion contre l’ennemi avec une force réduite, et c’est probablement ce que fait l’armée ukrainienne », a ajouté Zgourets.

Plusieurs attaques de drones

Des attaques de drones ukrainiens ont également visé mercredi des bâtiments résidentiels dans deux autres régions russes frontalières de l’Ukraine, Voronej et Belgorod, ont indiqué leurs autorités respectives.

« Deux drones ont attaqué un immeuble d’appartements » à Chebekino, dans la région de Belgorod, brisant les fenêtres d’un appartement et provoquant un incendie dans un autre, a écrit le gouverneur Viatcheslav Gladkov sur Telegram, selon lequel « personne n’a été blessé ».

A Voronej, capitale de la région du même nom, les débris de deux drones abattus par les défenses antiaériennes ont endommagé la façade d’un immeuble et brisé les fenêtres de plusieurs appartements dans un autre, a expliqué son gouverneur Alexandre Goussev.

Plusieurs précédents

Plusieurs incursions ukrainiennes en Russie, notamment dans les régions de Belgorod et de Koursk, ont eu lieu depuis le début de l’attaque massive contre l’Ukraine en février 2022.

L’armée russe a affirmé les avoir repoussés, mais certains d’entre eux l’ont conduite à recourir à l’artillerie et à l’aviation, comme ce fut le cas pour celle qui a débuté mardi.

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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