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Incidents de Fnideq : les leçons que le gouvernement doit tirer selon l’opposition


La tentative de centaines de jeunes marocains et d’autres nationalités, dimanche dernier, de rejoindre la présidence marocaine occupée de Ceuta a fait couler beaucoup d’encre et provoqué des commentaires véhéments. Orchestrée à la suite d’appels anonymes lancés sur les réseaux sociaux, cette opération de migration irrégulière a été déjouée par la police. Mais si l’incident en lui-même n’est pas nouveau – des tentatives similaires avaient eu lieu par le passé –, c’est son caractère coordonné ainsi que les intenses campagnes médiatiques qui l’ont accompagné qui suscitent de nombreuses interrogations, ainsi que le silence du gouvernement qui laisse perplexe. Partant de là, plusieurs partis d’opposition sont montés au créneau, appelant à une analyse détaillée et lucide des événements de Fnideq. Parti du Progrès et du Socialisme (PPS), le Mouvement populaire (MP) ou encore l’USFP, ces tentatives d’exode mettent en évidence une « crise profonde qui touche la jeunesse marocaine et suscitent des interrogations sur l’efficacité des politiques publiques dans ce domaine ». Ces partis politiques ont fermement condamné le silence et l’inaction du gouvernement, tout en appelant à des mesures urgentes pour s’attaquer aux causes de cet incident, tout en en tirant les leçons qui s’imposent.

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Pour le Mouvement Populaire, il faut s’attaquer aux causes profondes

Ainsi, dans une question écrite adressée au porte-parole du gouvernement, le groupe parlementaire du Mouvement populaire à la Chambre des représentants a exprimé son inquiétude face au manque de réaction de l’Exécutif. Il a notamment souligné le manque de communication et d’initiatives adéquates face à la vague de jeunes migrants qui a déferlé sur la ville de Fnideq, suite à un appel anonyme largement diffusé sur les réseaux sociaux. Ce silence du gouvernement a créé la confusion dans l’opinion publique, submergée par un flot d’informations difficilement vérifiables, rendant difficile de distinguer les faits avérés des fausses nouvelles.

Le groupe Haraki a également noté que l’incident, d’une ampleur sans précédent, remet en cause les politiques publiques dédiées à la jeunesse. « Cette crise nous interpelle tous et soulève des questions essentielles sur le développement de la jeunesse. politiques publiques destinées aux jeunes« Dans toutes leurs dimensions », affirme-t-il. Ce mouvement migratoire, poursuit la même source, a terni l’image du pays, un fait amplifié par le silence assourdissant des médias publics et l’absence injustifiée de toute déclaration ou initiative officielle expliquant ce qui s’est passé.

Dans ce contexte, le député a appelé le chef du gouvernement à prendre des mesures urgentes pour établir la vérité sur les événements survenus à Fnideq. Il l’a également invité à clarifier la vision du gouvernement pour s’attaquer aux causes profondes qui poussent un nombre croissant de jeunes à migrer illégalement. Le groupe parlementaire s’est également interrogé sur les alternatives envisagées pour élaborer de nouvelles politiques publiques susceptibles de favoriser l’intégration positive et effective des jeunes dans les différents aspects de la vie publique et au sein de l’Etat social, en cohérence avec le nouveau modèle de développement.

PPS : le gouvernement doit revoir ses orientations

De son côté, le Parti du progrès et du socialisme a exprimé sa « profonde préoccupation » face à cet incident qui révèle une tendance inquiétante : un nombre croissant de jeunes aspirent à quitter leur pays, souvent pour des horizons incertains. Dans un communiqué publié le 19 septembre, le parti s’interroge également sur l’efficacité des politiques publiques ciblant les jeunes et leur intégration dans le processus de développement. Le PPS souligne que, malgré les progrès réalisés, notre pays doit intensifier ses efforts pour assurer des conditions de vie décentes à tous. A cet égard, le parti estime qu’une remise en cause des orientations actuelles du gouvernement est indispensable. Ce dernier est appelé à écouter les aspirations de la société au lieu de « persister dans l’inaction politique et le silence assourdissant ».

« Il est impératif de cesser de se vanter de réalisations économiques et sociales qui ne reflètent pas la réalité, marquée par une augmentation des prixde la faillites d’entreprises« Nous sommes confrontés à une augmentation sans précédent du chômage, ainsi qu’à une incapacité à résoudre de nombreux problèmes sociaux. Il est temps aussi d’admettre le déni coupable face à la baisse alarmante des taux de participation politique », déplore le PPS qui appelle à la mise en place d’une nouvelle génération de réformes économiques, sociales et politiques. Ces réformes doivent garantir l’inclusion de tous les citoyens dans le processus de développement national, afin qu’ils puissent bénéficier équitablement de ses fruits. « Elles doivent également insuffler un nouvel élan démocratique à notre espace politique, ouvrir de nouvelles perspectives, restaurer la confiance, garantir la dignité et renforcer le sentiment d’appartenance à notre patrie, tout en favorisant l’appropriation de son projet de société », conclut le communiqué.

L’USFP déplore l’absence de toute communication officielle

De son côté, le groupe parlementaire de l’Union socialiste des forces populaires (USFP) a appelé le président de la première chambre à convoquer une réunion conjointe de la commission de l’Intérieur et des collectivités locales, du logement et de la politique de la ville, et de la commission de la justice, de la législation et des droits de l’Homme. Cette réunion, à laquelle devraient participer les ministres de l’Intérieur et de la Justice, aurait pour but d’apporter des éclaircissements sur ces « événements malheureux » et sur la véracité des informations circulant sur les réseaux sociaux, mais aussi sur les mesures prises pour éviter que ce qui s’est passé ne se reproduise. Le groupe socialiste d’opposition Ittihadi a déploré l’absence totale du gouvernement face à ces graves événements et l’absence de toute réaction de sa part, tant en termes de communication que d’initiative, laissant l’opinion publique nationale en proie à un fatras d’informations non crédibles, mais pas démenties.

lematin

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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