« Incarner un personnage qui plonge ivre et nu dans une piscine est pour moi la chose la plus difficile »
L’actrice joue dans Sortes de gentillessele nouveau film de Yorgos Lanthimos, en salles le 26 juin. Un film OVNI, sur lequel elle s’est confiée en compagnie d’un de ses partenaires, Mamoudou Athie.
Âmes sensibles, ou sujettes à un déficit d’attention chronique, s’abstenir. Types de gentillessele nouveau film de Yorgos Lanthimos (Le préféré, Pauvres créatures), présenté en mai au Festival de Cannes, est un défi à l’entendement, aux nerfs, voire à la morale. On y retrouve, au fil de trois moyens métrages qui n’ont apparemment aucun lien, les acteurs fétiches du réalisateur dans la peau de différents personnages. Dans le premier, Jesse Plemons (récompensé du prix d’interprétation masculine à Cannes) incarne un homme dont les moindres aspects de la vie, jusqu’aux plus intimes, sont contrôlés par un autre (Wilhem Defoe). Le second le voit incarner un mari qui refuse de croire que sa femme (Emma Stone), miraculeusement survivante d’un naufrage, est vraiment celle qu’il a épousée. Et qui la pousse aux extrêmes (« Fais-moi cuire un de tes doigts pour le dîner ? ») pour le lui prouver. Enfin, le dernier segment met en scène une femme adepte du freinage acrobatique et une secte consistant à boire les larmes de ses gourous, en quête d’un être capable de ressusciter les morts.
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Vous n’avez rien compris ? Vous n’êtes pas les seuls, la tranche la plus hermétique du public au cinéma de Lanthimos à avoir parfois eu du mal à percevoir les enjeux du film. Sortes de gentillesse permet en tout cas au cinéaste de continuer à explorer ses obsessions (contrôle, désir, cruauté) dans les décors léchés qu’il affectionne, et avec des comédiens qui forment désormais autour de lui une véritable troupe. Rencontre, à Cannes, avec Margaret Qualley (vue dans Pauvres créatures) et l’acteur mauritanien-américain Mamoudou Athie, pour qui il s’agit d’une première incursion dans le monde du réalisateur.
Madame Figaro .- Quel a été, pour vous, le plus grand défi à relever dans ce film ?
Mamoudou Athié.- Lâcher prise pour être pleinement à l’intérieur. J’étais terrifié avant de commencer. Je suis un grand fan des films de Yorgos Lanthimos, je voulais absolument travailler avec lui. Mais en même temps, ça m’a fait très peur. Si je voulais relever le défi, je devais le surmonter et y participer pleinement. Margaret Qualley.- Pour moi, et c’est le cas de tout film, l’enjeu réside dans tout ce qui existe au-delà du tournage. Être loin de chez soi, se coucher tôt alors qu’on doit être sur le plateau le lendemain à 5 heures du matin, jouer un personnage qui plonge nu et ivre dans une piscine… C’est selon moi le plus dur.
Maintenant que le film existe, que retenez-vous de cette expérience ?
MON .- C’était super. J’ai un peu l’impression d’avoir obtenu mon diplôme, d’avoir grandi en tant qu’acteur. En ce sens, je suis fier de moi : je me suis permis de prendre un risque sur un tournage qui, au début, m’a mis très mal à l’aise, même si je pensais que je ne le ferais jamais.
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Selon vous, qu’est-ce qui relie les trois histoires de Des sortes de gentillesse ?
MON .- Depuis que j’ai lu le scénario, et plus encore depuis que j’ai vu le film, je suis fasciné par la façon dont il traite du contrôle. Comment cela affecte les gens de différentes manières, qu’il vienne d’une organisation ou d’une seule personne.
MQ.- Je suis d’accord. J’avais aussi l’impression qu’il s’agissait de trois rêves d’une même personne. On voit surgir différentes parties de son subconscient, mais tout vient du même endroit.
Quelle était l’ambiance sur le plateau ? Différent du film, on imagine…
MQ.- Oui, mais en même temps, quelque chose du tournage se ressent dans le film. Yorgos travaille beaucoup avec les mêmes acteurs, sa collaboration avec Emma (Stone) est magnifique, ainsi qu’avec Jesse (Plemons) et Wilhem (Defoe). Ils sont tous très habitués à leur façon de faire les choses, et c’est agréable de voir comment ils évoluent. Il y avait aussi un côté très intimiste : nous étions une toute petite équipe. Robbie, le directeur de la photographie, est une personne très douce, très rapide, donc tout s’est déroulé très vite.
MON .-Oui, tout semblait très paisible. Et maintenant, nous voilà à Cannes !