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Inauguré en grande pompe, le nouveau tramway de Nantes s’avère moins accessible que prévu aux personnes handicapées

Les personnes à mobilité réduite accèdent difficilement aux fauteuils roulants à l’intérieur des nouveaux trains mis en circulation en mai, qui se voulaient pourtant « 100 % accessibles ».

Le Figaro Nantes

Comme une faille dans la rutilante communication de la métropole nantaise. Inauguré en grande pompe il y a à peine deux semaines, en présence de la maire socialiste de l’agglomération, Johanna Rolland, le nouveau tramway de Nantes devait être « ouvert sur la ville » Et « 100% accessible » à tous les utilisateurs. « Nous pourrons accéder au tramway de bout en bout en fauteuil roulant » » a ajouté Pascal Bolo, président élu local de Semitan, l’opérateur de transports publics métropolitains. Mais au final, il semble que la promesse d’accessibilité ne soit pas tout à fait tenue. Qu’ils soient équipés de fauteuils manuels ou électriques, plusieurs usagers à mobilité réduite ont constaté que les nouveaux trains Citadis produits par Alstom ne sont pas parfaitement adaptés pour accéder au tramway. Du moins sans utiliser vos bras ni demander de l’aide aux passagers.

« J’ai constaté dès le 18 mai, jour de l’inauguration du nouveau tramway, qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas »témoigne pour Le Figaro Chauffeur Semitan et délégué CFDT Didier Sauvêtre. « Sur les cinq personnes à mobilité réduite (PMR) que j’ai vues tenter d’accéder à l’intérieur du tramway avec leur fauteuil roulant, quatre n’y sont pas parvenues. Pas seul en tout cas. Il existe un défaut de conception lié à la largeur entre le plancher du véhicule et le bord du quai, mais aussi à la hauteur de la rampe d’entrée et aux lattes métalliques de ce dispositif, qui deviennent particulièrement glissantes en cas de pluie. , énumère-t-il, précisant avoir immédiatement signalé le problème à la direction de Semitan, présente à l’inauguration du véhicule. « J’ai reçu une réponse pour le moins laconique en me disant que les trains étaient aux normes. Or, il n’en est rien : ces Citadis s’avèrent moins accessibles que les véhicules précédents – à l’exception des anciennes TSF des années 1980. Il y a clairement eu un dysfonctionnement quelque part« .

La faute aux quais

Rejoint par Le FigaroPascal Bolo confirme « quelques petits problèmes de finition et d’accessibilité » nouveaux trains Citadis. « Je comprends la gêne que le sujet peut susciter chez les personnes concernées, mais ce tramway a été homologué et répond aux critères en vigueur en limitant à 5 centimètres les écarts horizontaux et verticaux entre le quai et le seuil du véhicule », se défend le président de Semitan, rappelant également que la hauteur d’un tramway peut varier de 4 centimètres en fonction de son remplissage. Si les véhicules ne sont pas en cause, comment expliquer l’expérience douloureuse des personnes en fauteuil roulant ? L’élu désigne un coupable. Les docks.

« Nous avons désormais quatre modèles de tramway en circulation, à quai unique, qui doivent pouvoir desservir tous les trains. On devrait donc pouvoir remédier au problème en modifiant ces quais pour gagner un ou deux centimètres selon les gares.évoque Pascal Bolo, qui ne s’attend pas à devoir négocier un « investissement lourd » pour ce travail. Cette perspective laisse sceptique Nicolas Toquec, délégué Force ouvrière du Semitan. « Tout cela me paraît difficilement envisageable : installer des bandes de caoutchouc à chaque gare améliorera peut-être l’accessibilité des Citadis qui posent problème, mais cela se fera au détriment des autres trains qui ne seront à leur tour plus adaptés », observe-t-il. Semitan réunira début juin les différents acteurs de ce dossier, dont le monde associatif, pour faire un point sur la situation.


C’est inadmissible d’avoir engagé des centaines de millions d’euros pour que ce soit un tel désastre à l’arrivée

Didier Sauvêtre, chauffeur et délégué CFDT à Semitan

Il est en effet difficile d’arrêter – pour d’éventuelles modifications – le train de modernisation du tramway de Nantes. L’acquisition de 61 nouvelles rames et le démantèlement des véhicules remplacés ont fait l’objet d’un chèque de 280 millions d’euros signé par Nantes Métropole. Depuis le 18 mai, cinq véhicules Citadis ont déjà été livrés à Semitan – il devrait y en avoir seize d’ici fin 2024. « J’ai peur que les usagers soient enlevés par la métropole et Semitan et que la gestion de ce dossier s’étende sur des années »soupire Didier Sauvêtre, d’autant plus « pessimiste » sur la situation selon laquelle cela augmente le risque d’accidents impliquant des personnes coincées aux portes du tramway. « C’est inacceptable d’avoir engagé des centaines de millions d’euros pour que ça finisse par un tel désastre »il ajoute.

« C’est étonnant, en 2024, qu’on puisse encore nous doter de matériels inadaptés », témoigne un utilisateur handicapé au média local Télénantes, qui a révélé mercredi ce défaut de conception. L’accrochage est d’autant plus surprenant que les habitants de la métropole avaient été impliqués dans la conception de cette nouvelle génération de trains, lors de cinq ateliers citoyens organisés à partir de 2018. Elu d’Herblin en opposition au conseil métropolitain, Matthieu Annereau (Renaissance) déplore pour sa part « un manque d’anticipation flagrant » malgré les années de gestation du projet. «Cela m’attriste autant que cela m’indigne : malgré les effets d’annonce, accessibilité universelle semble toujours relégué au bas des priorités de la métropole, loin derrière les questions environnementales. C’est d’autant plus angoissant que c’est un sujet qui devrait être transpartisan.», réagit-il. Egalement président de l’association pour la prise en compte du handicap dans les politiques publiques et privées, l’élu ajoute qu’il n’a pas été invité aux différentes rencontres organisées par la métropole et Semitan au sujet du nouveau tramway – ni à celle du mois prochain. .

Ces derniers jours, l’opposition métropolitaine a également mis en cause le faste affiché le 18 mai, pour le lancement officiel du nouveau tramway de Nantes. Ce « inauguration festive et populaire », pour reprendre les mots de la métropole, avait transformé l’esplanade Feydeau-Commerce, au centre de Nantes, en une petite foire publique, ponctuée d’expositions, d’un snack géant, de stands de maquillage, de concerts, et même de bulles de savon géantes et de spectacles d’humour, le tout en présence d’élus métropolitains présidés par le maire de Nantes. Budget de l’opération : 270 000 euros. Une dépense excessive aux yeux des élus de droite et du centre, qui ont fustigé le « choix délibérément marketing » de cette célébration. Et qui était d’ailleurs organisé deux ans avant les prochaines élections municipales.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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