« Inacceptable » : Anna Mouglalis, Marilou Berry, Marie Portolano, Emmanuelle Béart… la colère gronde avant Cannes
Le reste après l’annonce
A l’aube du Festival de Cannes qui s’ouvre ce mardi 14 mai 2024, de nombreuses personnalités, notamment du cinéma, ont publié un article dans Le Monde pour réclamer une loi globale contre les violences sexuelles en France. Un mouvement qui s’inscrit dans la continuité de celui de #Metoo qui remonte déjà à 2017 avec la chute du producteur américain Harvey Weinstein.
« Nous sommes 100, mais en réalité nous sommes des centaines de milliers« , écrivent les signataires de ce texte accompagné d’une pétition initiée par La Fondation des Femmes, #Metoomedia et l’actrice Anna Mouglalis. « Nos discours #Metoo ont révélé une réalité entourée de déni : les violences sexistes et sexuelles sont systémiques et non exceptionnelles. Mais (…) qui nous écoute vraiment ?« , peut-on lire dans la tribune également publiée sur le site du quotidien Le monde.
Parmi les signataires, évidemment Judith Godrèche qui a jeté la clé dans la mare en accusant les cinéastes Benoît Jacquot et Jacques Doillon, conduisant à la création d’une commission d’enquête sur « les abus et les violences » à l’Assemblée nationale, ainsi qu’Isild Le Besco , dont le livre Dire vrai a fait couler beaucoup d’encre. Juliette Binoche participe à ce combat, elle qui a marché sur les traces de la libération de la parole. Actrice mais aussi coréalisatrice d’un documentaire sur l’inceste, fléau dont elle a elle-même été victime, Emmanuelle Béart figure dans la liste, comme Vahina Giocante, également frappée par la violence de l’inceste.
Isabelle Adjani, Charlotte Arnould – la première à accuser ouvertement Gérard Depardieu, Emma de Caunes, Marilou Berry – premier soutien de sa cousine Coline Berry accusant son père Richard – Marie Portolano, journaliste qui dénonçait le sexisme dans le sport, Muriel Robin, Julie Gayet, la les auteurs Leïla Slimani, Christine Angot, Vanessa Springora ou encore Philippe Torreton – un des rares hommes – comptent parmi les signataires.
« Depuis sept ans, nous parlons pour nous-mêmes et pour toutes les femmes, hommes et enfants qui ne peuvent pas le faire.« , écrivent ces artistes. »Nous ne sommes pas des chiffres : des femmes et des hommes de tous horizons professionnels, nous nous rassemblons pour réclamer une loi globale contre les violences sexuelles et sexistes, ambitieuse et dotée de moyens. Car malgré le courage des victimes, l’impunité s’accroît.«
Les signataires jugent notamment «inacceptable«que le rejet des plaintes pour violences sexuelles»atteint le taux fou de 94% en 2022″ et préviennent qu’ils n’acceptent plus « les effets d’annonce sans suite« . »Ajouter simplement le mot consentement à la loi ne rattrapera pas le retard catastrophique de la France dans ce domaine.« , croient ces femmes et ces hommes, en référence à l’engagement pris en mars par Emmanuel Macron.
Que demandent exactement les signataires ?
Les signataires réclament « une loi globale qui clarifiera, entre autres, la définition du viol et du consentement, introduira celle de l’inceste, jugera les violeurs en série pour tous les viols connus, étendra les ordonnances de protection aux victimes de viol, facilitera le recueil des preuves, créera des brigades spécialisées, interdire les enquêtes sur le passé sexuel des victimes« .
Cette loi doit également permettre « un accès immédiat et gratuit aux soins psychotraumatisés, pour enfin donner les moyens financiers à cette politique publique et aux associations qui la mettent en œuvre« .
« Depuis 2017, peu de choses ont changé dans la lutte contre les violences sexuelles« , estime Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des Femmes, à l’AFP. « L’augmentation des plaintes s’est accompagnée d’une augmentation parallèle des classements sans suite, #Metoo est envoyé à la poubelle« .
« Si on ne résout pas le problème des moyens pour les enquêtes, pour les tribunaux, l’intégration de la notion de consentement dans la définition du viol n’y changera rien, il faut la volonté politique pour vraiment résoudre le problème de l’impunité. Elle ajoute. « Mais pour le moment, il n’existe pas de telle volonté politique.« .