Le magasin a « poussé » quai de Brazza à Bordeaux il y a tout juste un mois. Et déjà, le panier à emporter via l’appli anti-gaspillage Too Good To Go est quasi quotidien. « Même si nous avons encore une petite clientèle, elle trouve presque toujours preneur », constate Pauline Pilard, la gérante de ce Carrefour City. Sur place, Anthony, salarié du magasin, consacre chaque matin une grande partie de ses 35 heures à trier les fruits et légumes, en mettant ceux qui sont « …
Le magasin a « surgi » quai de Brazza à Bordeaux il y a à peine un mois. Et déjà, le panier à emporter via l’appli anti-gaspillage Too Good To Go est quasi quotidien. « Même si on a encore une petite clientèle, elle trouve quasiment toujours preneur », constate Pauline Pilard, la gérante de ce Carrefour City. Sur place, Anthony, salarié du magasin, consacre une grande partie de ses 35 heures à trier les fruits et légumes chaque matin, mettant ceux qui sont « un peu abîmés » de côté pour une association d’aide alimentaire qui vient les récupérer. Même bataille pour les produits frais, yaourts, fromages, charcuteries, plats préparés. On regarde la DLC (date limite de consommation) et quand c’est le jour même, le produit est en rupture. « Sortie et mise en package le jour même pour Too Good To Go. L’idée étant de composer, dans la mesure du possible, un vrai menu, autrement dit, avec entrée, plat et dessert, pour une valeur initiale de 15 euros et que nous proposerons à 4,99 euros sur l’appli », explique Pauline.
10 millions de tonnes
Le Carrefour City de Brazza n’a pas été piqué au vif par un élan soudain de solidarité et de générosité, même si ceux qui le dirigent apprécient l’esprit de la démarche. Les différentes lois françaises Garot, EGalim et AGEC ont imposé aux acteurs de l’agroalimentaire de lutter contre le gaspillage alimentaire. Il faut dire que les chiffres avancés sur ce gaspillage ont de quoi couper quelque peu l’appétit et nous faire piquer du nez dans nos assiettes. En France, on jette 10 millions de tonnes de nourriture par an. Et ce, à tous les niveaux de la chaîne alimentaire depuis la production, en passant par la transformation et la distribution, jusqu’aux ordures ménagères. Pour la phase de consommation, cela représente 30 kg par an et par personne de pertes et de gaspillages dans le foyer (dont 7 kg de déchets alimentaires non consommés encore emballés !).
Aujourd’hui, les magasins d’alimentation, mais aussi les grossistes et la restauration, ont l’obligation de « ne pas jeter » tout et n’importe quoi. Ils doivent nouer des partenariats avec des associations caritatives mais aussi veiller à ce que les produits encore comestibles soient consommés par le plus grand nombre, notamment en les vendant à prix cassés.
« Gagnant-gagnant »
À Langon, l’enseigne So.bio n’a pas attendu les textes pour se lancer. « Je tiens ce magasin depuis huit ans, et je pratique l’anti-gaspillage depuis huit ans », raconte Sébastien Charbonnier. Chaque matin, comme ailleurs, on trie les fruits et légumes et ainsi, chaque jour, le magasin propose des cageots de 3 à 5 kilos chacun, pour 5 euros pièce. « L’abricot piqué n’a pas le panier, car on sait qu’il va vite se détériorer. Ces fruits et légumes trop abîmés vont dans le bac à compost d’une école d’une commune voisine qui a aménagé son potager. La pêche un peu moisie sera coupée. La partie comestible sera proposée en smoothie dans la journée pour dégustation aux clients du magasin. Pas question de jeter des aliments qui peuvent être consommés, c’est une culture qui m’a été inculquée par mes grands-parents », poursuit le commerçant.
Elle propose également des paniers de produits frais avec une DLC courte sur Too Good To Go, ainsi qu’un rayon épicerie à prix coûtant, installé à l’arrière du magasin. « La loi autorise la vente de ces produits d’épicerie avec une DLC de trois mois. En juillet, on vendra un paquet de biscuits qui expire en septembre. » Et lorsque cette DLC est réduite à moins de trois mois, les gâteaux, « effectivement consommables encore six mois » sont donnés à la Croix-Rouge à proximité du magasin. « Avec ces différents systèmes, on récupère 40 à 50 % de ce qui aurait été des pertes, tout en proposant des produits jusqu’à 30 % moins chers. Une situation gagnant-gagnant », conclut Sébastien Charbonnier. Une situation gagnant-gagnant que les consommateurs ne laissent pas passer. Les paniers s’envolent des rayons et les applications multiplient leur nombre d’utilisateurs.
Applications anti-gaspillage
Trop beau pour partirCette application mobile met en relation ses utilisateurs avec des commerces alimentaires (restaurants, boulangeries, épiceries, mais aussi grande distribution) pour accéder à des produits invendus à DLC courte, à prix cassés. Elle compte 16 millions d’utilisateurs et 43 000 magasins partenaires en France. Phénixc’est aussi une application qui propose des paniers d’invendus à petits prix. Zero gaspillage permet de géolocaliser les magasins qui ont un rayon éponyme avec des bonnes affaires et Geevcréée à Bordeaux, met en relation des particuliers souhaitant se séparer d’objets et ceux prêts à s’en débarrasser.