Immobilier : que change le déménagement de Saint-Brieuc en « zone tendue » ?

Saint-Brieuc a été classée, comme 46 autres communes bretonnes, en « zone tendue » par l’Etat en raison de la crise du logement dans la région. Ce classement offrira un large panel d’outils aux collectivités, promoteurs ou investisseurs et personnes à la recherche d’un logement.

« C’est une bonne nouvelle », se réjouit Aline Le Boëdec, adjointe en charge de l’urbanisme à la Ville de Saint-Brieuc. « Il va maintenant falloir prendre le temps de bien digérer les choses, notamment pour les services, pour pouvoir ensuite mieux informer les habitants et les porteurs de projets. »

Parmi les possibilités de ce classement en « zone tendue B », on retrouve notamment des facilités pour construire des logements locatifs intermédiaires (LLI). « Les logements locatifs intermédiaires sont destinés aux classes moyennes et vont nous permettre de ramener de la diversité dans la ville », explique Martine Hubert, adjointe en charge du logement.

Le LLI, que l’État souhaite voir se développer massivement, permet aux ménages dont les revenus sont trop élevés pour prétendre à un logement social de trouver un toit avec des loyers plafonnés. « Il y avait clairement un manque, les agents immobiliers nous le disent chaque année, insiste Aline Le Boëdec. Cela permettra de loger des jeunes ménages, des familles monoparentales, etc. »

Le classement en « zone tendue B1 » facilitera aussi l’accès aux prêts à taux zéro. « Mais seulement sur les immeubles neufs et collectifs », rappelle Martine Hubert. « Malgré tout, cela pourrait être utilisé sur des immeubles très fatigués, en centre-ville par exemple, qui pourraient être déconstruits et reconstruits de toutes pièces. »

Autre piste envisageable : la mise en place du bail réel solidaire. Ce dispositif d’accès à la propriété permet aux ménages modestes d’acquérir un logement à un prix abordable sans être propriétaire du terrain. « Terres d’Armor Habitat est en cours d’agrément et devrait l’obtenir à l’automne, précise Martine Hubert, vice-présidente du bailleur social. Ce dispositif permettra notamment d’équilibrer les coûts de fonctionnement de certains programmes qui étaient en veille. »

C’est aussi sur cette question d’équilibre financier des opérations que le classement en zone tendue apparaît comme une très bonne nouvelle. « Ce classement va nous permettre de travailler sur Balzac où l’équilibre était compliqué à trouver pour les promoteurs », prend comme exemple Martine Hubert. « Il peut nous permettre d’accélérer les opérations et d’encourager les promoteurs qui étaient encore dans l’attente en raison du coût des matériaux et de la hausse des tarifs », appuie Aline Le Boëdec.

Et le constat s’applique aussi aux plus petites structures. Notamment dans le centre-ville de Saint-Brieuc. « Aujourd’hui, les transporteurs privés n’arrivaient pas à dégager la rentabilité locative qui leur permettrait de couvrir leurs mensualités. »

A côté de cette bonne nouvelle, Aline Le Boëdec a exprimé une légère déception. « Le dispositif Pinel s’arrête le 31 décembre. C’est dommage car c’était un outil qui permettait de sortir des projets. Si Pinel avait été maintenu, avec cette nouvelle classification, nous aurions pu sortir des projets en 18 mois en moyenne. »