Non content d’envoyer, comme lors de sa conférence de presse du 12 juin, la gauche et le Rassemblement national dos à dos, Emmanuel Macron reprend les termes de l’extrême droite et reprend ses combats. Désormais, après l’« ensauvagement » cher à son ministre de l’Intérieur, voire la « décivilisation », en déplacement mardi à l’Île-de-Sein (Finistère) pour commémorer le 84e anniversaire de l’Appel du 18 juin, le président de la République , pour alimenter sa stratégie désastreuse, a repris un autre mot directement de ce registre pour taxer le programme du Nouveau Front Populaire « immigrationniste ». Le soi-disant rempart continue de dérouler le tapis rouge en direction de Matignon dans le RN, attisant les craintes.
Et le chef de l’Etat ne s’est pas arrêté là. Alors que l’extrême droite a fait de la transidentité – comme, hier, l’homosexualité – l’une de ses cibles privilégiées, l’animateur de l’Élysée a dénoncé « des choses complètement grotesques comme aller changer de sexe à la mairie » dans le programme de la gauche qui propose« autoriser librement et gratuitement le changement d’état civil devant un officier de l’état civil ».
« Un barrage… toutes les vannes ouvertes »
De quoi susciter la plus vive indignation. « Diviser, diviser, stigmatiser, susciter la haine. Ce Président, élu pour faire barrage au RN, en devient le pathétique perroquet. a réagi sur X le porte-parole du PCF, Ian Brossat. « Le président de la République perd son sang-froid en attaquant là-dessus le programme du Front populaire »a également critiqué le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, sur franceinfo, mercredi 19 juin, rappelant que l’argument présidentiel est celui utilisé par l’extrême droite. « Un barrage… toutes les vannes sont ouvertes. Les mots finissent par échouer face à tant d’incohérences et de cynisme. »a ajouté le premier secrétaire du PS, Olivier Faure.
« Les commentaires du président sur le changement officiel de genre sont indignes » a également fustigé l’insoumis Jean-Luc Mélenchon, estimant que « le président ignore l’ampleur des souffrances que cela implique pour les personnes concernées » et en me rappelant que « cette possibilité existe déjà dans la loi ». « Il n’est pas nécessaire d’avoir suivi un traitement médical ni d’avoir été opéré. Vous devez démontrer que le sexe indiqué sur votre état civil ne correspond pas à celui de votre vie sociale (identité de genre) »précise ainsi le site service-public.fr où sont enregistrées les démarches qui doivent, pour l’instant, être effectuées « au tribunal ».
« Ne caricaturez pas les choses, nous ne voulons pas changer de sexe à la mairie, mais changer la désignation du genre sur nos papiers pour pouvoir vivre en paix, sans être discriminés et agressés »invite, de son côté, la maire transgenre de Tilloy-lez-Marchiennes (Nord), Marie Cau, ajoutant que « se présenter devant un tribunal, pour obtenir la clémence des juges qui projettent sur nous leurs stéréotypes pour déterminer qui nous sommes, est humiliant et dégradant ».
« Pour lui, l’autoritaire national vaut mieux que le Front populaire »
Toujours sur X, l’écologiste Mélanie Vogel interpelle aussi directement Emmanuel Macron : « L’autodétermination des personnes trans, si c’est de cela que vous parlez – mais vu les termes, vous ne comprenez rien – ce n’est pas « horrible » et ce n’est pas « d’extrême gauche ». C’est la condition de la liberté, de l’égalité et de l’absence de discrimination. écrit le sénateur.
Les déclarations présidentielles ont également été vivement dénoncées par Julia Torlet, présidente et porte-parole de SOS homophobie : « Emmanuel Macron invoque la transphobie pour s’en prendre aux programmes de ses opposants politiques. La stratégie est donc claire : utiliser les minorités dans la course au pouvoir. » Un point de vue partagé par François Ruffin : « Macron a choisi son camp. Pour lui, l’autoritaire national vaut mieux que le Front populaire”, estime le député sortant de la Somme. Ou encore par la secrétaire nationale des Écologistes, Marine Tondelier, qui juge « insupportable » « cette façon de flatter les réactionnaires ».
Même dans le camp macroniste, ces déclarations suscitent des tensions. « Pour les personnes trans, pour les personnes LGBT, pour tout le monde… nous devons rejeter toute stigmatisation dans le discours politique et faire progresser les droits. » a tweeté l’ancien ministre des Transports et candidat à sa réélection député Renaissance à Paris, Clément Beaune.
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