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Immigration : « On ne peut pas continuer à ce rythme-là », insiste le patron de la Banque nationale

Le président de la Banque nationale salue les récentes mesures gouvernementales visant à réduire l’immigration dans le pays, mais prévient qu’il faudra du temps avant que les effets ne se fassent sentir.

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« Il y a une prise de conscience, donc c’est une bonne chose. Mais est-ce que ça a eu un impact ? Pas encore. On sent que la croissance démographique est encore très, très forte. Les mesures qu’on va mettre en place en 2025 vont sûrement avoir un impact, mais elles ont aussi accéléré la croissance cette année. Donc ça met plus de pression, pour le moment, sur le système », a déclaré Laurent Ferreira lors d’un entretien téléphonique avec Le Journal, à l’occasion de l’inauguration du nouveau siège social de l’institution à Montréal.

« Nous ne pouvons pas continuer à ce rythme », a-t-il ajouté.

Près de 485 000 immigrants en six mois

L’année dernière, 1,27 million de personnes ont augmenté la population du Canada, soit une augmentation de 3,2 %, la plus élevée depuis 1957. Au cours du premier semestre de 2024, la population du pays a augmenté de près de 485 000 personnes pour dépasser les 41 millions.

Au Québec, la population a franchi le seuil des neuf millions de personnes au printemps, mais la croissance y a été moins marquée qu’ailleurs au pays.

Devant les inquiétudes grandissantes, notamment en matière de logement, Ottawa et Québec ont tous deux annoncé des restrictions à l’immigration temporaire au cours des dernières semaines. De plus, le ministre fédéral de l’Immigration, Marc Miller, n’a pas exclu d’abaisser l’objectif de 500 000 nouveaux résidents permanents prévu pour l’an prochain.

M. Ferreira a souligné qu’une étude publiée en janvier par l’économiste en chef de la Banque Nationale, Stéphane Marion, avait contribué au « réveil » des gouvernements. Elle concluait que le Canada était « pris dans un piège démographique » qui menaçait « notre bien-être économique ».

« Le document a certainement eu un impact et a suscité, je pense, des discussions sur notre position sur la croissance démographique en tant que pays », a déclaré Ferreira.

Laurent Ferreira sur…

Fraude en ligne

La Banque nationale en fait assez pour combattre les nombreuses fraudes en ligne, soutient le dirigeant. L’an dernier, l’institution a été secouée par une série de cas d’hameçonnage touchant des PME. «Je pense que nous faisons beaucoup pour nos clients et nous allons continuer à les aider», insiste-t-il.

« Chaque fois que nous voyons des menaces, nous rappelons à nos clients (…) l’importance de ce sujet et la méfiance que nous devons avoir car les fraudeurs tentent d’imiter les services d’une banque », explique-t-il. « Ils sont très sophistiqués ».

Le risque de récession

«Je ne crois pas à un atterrissage en douceur (ralentissement économique sans récession), je pense que ce sera un peu plus ferme. Le marché du travail montre de plus en plus de faiblesse», prévient Laurent Ferreira lorsqu’on lui demande s’il prévoit une récession au Québec.

« Nous avons encore de l’incertitude concernant l’inflation et l’impact des baisses de taux ne se fera pas sentir cet automne. Il faudra attendre encore 12 bons mois », a-t-il dit, tout en prédisant que le Québec, avec son économie diversifiée et son marché immobilier relativement abordable, sera « plus résilient » que les autres provinces.

Le choc hypothécaire

« Je ne vois pas de crise », insiste Ferreira. « Environ 60 % de nos clients ont déjà renouvelé leur prêt hypothécaire. Nous avons souvent parlé de la capacité de nos clients à s’adapter à la nouvelle réalité et je pense que cela va continuer. Je n’ai pas de grandes inquiétudes concernant le marché immobilier et la capacité de nos clients à supporter des taux plus élevés en ce moment. »

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