Imilchil, une saga d’amour, de paix et d’union

Niché au cœur des majestueuses montagnes de Haut Atlasla municipalité deImilchil (province de Midelt) vibre ces jours-ci au rythme des mariages collectifs aux nobles significations sociales, culturelles et spirituelles. S’il y a une tradition bien ancrée depuis des lustres dans cette partie du territoire national, c’est celle des cérémonies de mariages de masse qui continuent à préserver au fil du temps le caractère authentique de la région et à captiver tout le monde avec ce mélange équilibré d’ambiance festive et joyeuse, de richesse de L’héritage amazigh et la magnificence des paysages montagneux. Ce recueil kaléidoscopique de coutumes, de traditions, de couleurs, de chants et de danses est devenu, au fil des ans, la marque de fabrique de cette région qui renferme un patrimoine socioculturel exubérant, riche et diversifié.

Célébré avec joie et allégresse, cet événement social majeur trouve sa genèse dans une légende des plus émouvantes selon laquelle un jeune homme de la tribu des Aït Brahim aurait succombé au charme d’une jeune femme deAït Yaazasauf que leurs tribus, en querelle constante, refusèrent l’union sacrée des deux amants.

Le chagrin du couple fut si profond que leurs larmes, qui coulèrent à torrents, donnèrent naissance à deux lacs aux eaux cristallines. Le lac Isli et le lac Tislit jaillirent ainsi, témoignant d’un amour noble, sincère et éternel. Et pour remédier au mal infligé au couple et pour immortaliser cette histoire d’amour, les tribus, touchées par la tragédie, mirent fin à leurs conflits et commencèrent à célébrer l’amour, la communion et la paix.

Ainsi, le festival des fiançailles d’Imilchil a été créé pour encourager les couples à se marier librement, transformant la tristesse d’Isli et de Tislit en une grand-messe annuelle de paix, de joie et d’échanges multiformes entre les tribus locales.

Selon Hssain Ouazni, président de l’association Akhiam, organisatrice de cet événement, la Moussem d’Imilchil se fixe comme objectifs de promouvoir le patrimoine culturel immatériel de cette région du Royaume, de le sauvegarder et de le perpétuer, ainsi que de valoriser les traditions et les coutumes de la culture amazighe.

Le Moussem, a-t-il poursuivi, offre également une plate-forme d’échanges entre les tribus locales, et permet d’attirer un grand nombre de touristes marocains et étrangers désireux de découvrir les traditions locales et d’assister à des festivités riches en musique, danses populaires, fêtes et événements hauts en couleurs.

Au programme, des soirées artistiques animées par des groupes folkloriques, une foire d’artisanat et de produits du terroir au profit des coopératives locales, un concours local de chant et de récitation du Saint Coran, ainsi qu’une course sur route de 15 km autour des deux célèbres lacs d’Isli et de Tislit, a précisé M. Ouazni.

Il en va de même pour Mohamed Ikken, chercheur en patrimoine culturel, qui a noté que la région d’Imilchil se drape de joie et d’enchantement lors du Moussem des Fiançailles qui se veut une vitrine multiculturelle offrant un aperçu des aspects culturels et religieux caractérisant notamment la tribu des Aït Hdiddou.

Le Moussem des Fiançailles a connu un nouveau souffle ces dernières années avec le lancement du Festival des Musiques des Cimes, qui a permis de mettre davantage en valeur le patrimoine immatériel de la région et de promouvoir le tourisme en attirant des flux de visiteurs marocains et étrangers, ajoute M. Ikken, également président de l’association d’amitié, d’échanges culturels et touristiques de Midelt.

Ce conclave à vocation économique et socioculturelle fait de la région, souligne M. Ikken, un carrefour majeur où commerçants, artisans, agriculteurs, éleveurs, coopératives et simples visiteurs se retrouvent pour des échanges commerciaux dans les domaines de l’artisanat, des produits du terroir, des produits agricoles, des ventes de bétail… Ce rendez-vous annuel qui vise à préserver l’authenticité de la civilisation marocaine dans ses dimensions amazighe et islamique, illustre éminemment l’identité ancestrale et plurielle, l’une des plus grandes richesses du Royaume, a-t-il conclu.

Placée sous le Haut Patronage de SM le Roi Mohammed VI, l’édition 2024 du Moussem des engagements et du Festival des musiques des cimes, qui se tient du 19 au 21 septembre sur le thème « Notre patrimoine immatériel, locomotive du développement local », est organisée en coordination avec la préfecture de la province de Midelt et en partenariat avec les communes territoriales de Bouzmou et Imilchil.

*Par Driss HACHIMI