Imam de Toulouse expulsé : qui est Mohamed Tataïat, condamné pour provocation à la haine envers les juifs ?
Il a été définitivement condamné pour incitation à la haine et à la violence contre la communauté juive en décembre. Un imam de nationalité algérienne, Mohamed Tataïat, qui officiait à Toulouse (Haute-Garonne), a été expulsé vendredi soir vers l’Algérie, a annoncé Gérald Darmanin.
Dans un message posté sur X (anciennement Twitter), le ministre de l’Intérieur a soutenu qu’« une fois de plus, la loi sur l’immigration (avait permis) d’expulser vers son pays d’origine en moins de 24 heures imam de Toulouse, prêcheur de haine et condamné par la justice.
Mohamed Tataïat est arrivé en France en 1985 comme imam algérien détaché. Il s’installe à Toulouse deux ans plus tard pour travailler à la mosquée du quartier d’Empalot. Il est père de quatre enfants, selon La Dépêche du Midi.
L’accès à la nationalité française lui avait été refusé à deux reprises, en 2002, puis en 2007. Les services de l’État avaient motivé leur décision par « l’absence d’effort d’intégration, caractérisé par sa maîtrise insuffisante de la langue française, tous ses prêches étant prononcés en arabe », précise le ministère de l’Intérieur.
Commentaires antisémites signalés en 2018
En juin 2018, le préfet de Haute-Garonne faisait état de propos tenus lors d’un prêche le 15 décembre 2017 à la mosquée En Nour, caractérisant, selon le préfet, « une provocation à la haine et à la discrimination à l’égard des juifs ». Plusieurs associations de lutte contre le racisme et l’antisémitisme avaient également porté plainte.
Le 31 août 2022, il est condamné par la cour d’appel de Toulouse à 4 mois de prison pour ce prêche. Les propos « incitant à la haine ou à la violence contre un groupe de personnes, tous juifs » avaient été tenus par « un homme cultivé et expérimenté qui a préparé lui-même son discours », indique le ministère de l’Intérieur. La Cour a estimé « qu’il connaissait le sens des mots qu’il utilisait et leur portée, de par sa formation et son niveau de connaissances ».
Le 19 décembre 2023, la Cour de cassation a rejeté le pourvoi de Mohamed Tataïat, rendant ainsi définitive sa condamnation.
Le 5 avril, Gérald Darmanin signait son arrêté d’expulsion. Il a été interpellé à son domicile ce vendredi avec autorisation du juge des libertés et de la détention et immédiatement expulsé.
« Une expulsion manu militari » selon son avocat
« Il n’y a pas eu d’urgence, cela fait 40 ans qu’il est sur le territoire français, il a des enfants, il travaille, on ne parle plus de lui depuis sept ans, et là il se retrouve dans un avion vers l’Algérie », a réagi auprès de l’AFP l’un des ses avocats, Jean Iglesis, dénoncent une expulsion « manu militari pour éviter la suspension de l’ordre (expulsion) ».
Une audience pour examiner une demande de référé des avocats de l’imam contre cet arrêté d’expulsion est prévue lundi au tribunal administratif de Paris, a ajouté Me Iglesis.
« Ce qui se passe est d’une certaine gravité (…). C’est une méfiance à l’égard de la défense et de l’autorité judiciaire», a poursuivi l’avocat de l’imam, affirmant notamment qu’il n’avait pas pu avoir accès à son client lorsqu’il était en attente. Expulsion à l’aéroport de Toulouse. Il a en outre assuré que Mohamed Tataïat n’avait pas reçu d’avis d’expulsion.