Divertissement

« Ils veulent nous privatiser », syndicats et intermittents du spectacle craignent pour leur avenir

Le grand rendez-vous théâtral se déroule cette année en partie en même temps que les élections législatives. Samedi, veille du premier tour, les principaux syndicats du spectacle vivant se sont réunis à Avignon pour exprimer leurs inquiétudes.

France Télévisions – Culture Edito

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La façade du Palais des Papes à Avignon, samedi 29 juin 2024 au moment de l'ouverture du Festival, après une manifestation. (FRANCEINFO Yemcel Sadou)

L’ouverture de ce 78ème Le samedi 29 juin, le Festival d’Avignon s’annonce plus morose que les autres. A la veille du premier tour des élections législatives, les intermittents du spectacle sont débordés et inquiets de la possibilité de voir l’extrême droite gagner une majorité à l’Assemblée nationale. Après un rassemblement au Palais des Papes en début d’après-midi, les principaux syndicats du spectacle vivant se sont réunis au Cloître Saint-Louis avec le directeur du Festival, Tiago Rodriguez.

Cette « agora » ouverte à tous, intervient en pleine période de « réserve électorale ». Il est impossible pour ces acteurs du spectacle vivant d’appeler à voter pour un parti politique. La prudence et les circonlocutions sont donc de mise dans leurs discours, mais pas pour le public.

Tiago Rodriguez insiste sur le «« portée citoyenne » de cette édition « atypique« . « Ces élections sont cruciales pour la démocratie en France, mais pas seulement, aussi en Europe et dans le monde », dit-il sérieusement. Ghislain Gauthier, secrétaire général de la CGT Spectacles, rappelle que les services publics dont fait partie le spectacle vivant, sont mis à mal avec un «politique de casse, de réductions de ressources et de sentiment d’abandon ». Tous ces syndicats pointent des difficultés croissantes pour organiser des spectacles en raison de réductions de subventions, qui ne datent pas de la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron, dimanche 9 juin au soir des élections européennes.

« Une entreprise a pris des positions très claires sur la situation à Sainte-Soline. Elle a été pointée du doigt comme ne respectant pas les valeurs républicaines et a été privée de subventions.témoigne Emmanuelle Gourvitch, présidente du Syndicat national des arts vivants (SYNAVI). « Si demain ce genre de comportement était encouragé et légitimé par de hauts responsables, ce serait catastrophique pour la liberté de création et d’expression », Elle ajoute. « Je ne pense pas que ces gens veulent nous faire disparaître, ils veulent nous privatiser. ».

Les intermittents soulignent la nécessité de se rassembler pour trouver des solutions concrètes afin de mener à bien une «« Refonte de modèles à bout de souffle ». « Nous savons à quel point l’assurance-chômage est importante dans nos vies. Il peut être attaqué à tout moment, rien ne les arrête, majorité absolue ou pas. », fustige fermement un intermittent. « Les théâtres devront devenir des foyers de résistance ».

« L’éducation populaire tente de combler des gouffres qu’elle n’a pas les moyens de comblerr », souligne Franck, un intermittent qui travaille dans les quartiers populaires face à des publics qu’il qualifie de « résigné« . Côme, un autre intermittent, interroge directement Tiago Rodriguez sur la position du festival en cas de victoire de l’extrême droite. Devoir de réserve oblige, le directeur a du mal à trouver ses mots. »Ce sera une fête de la résistance qui ne collabore pas »il a finalement répondu.

Cathy, responsable de production, s’interroge sur ceux qui ne voteront pas. « Nous sommes tous convaincus ici, nous sommes dans un très bel endroit à côté d’un hôtel 4 étoiles, mais si le festival entre vraiment en résistance, comment allons-nous convaincre ceux qui ne nous voient pas ?. « Le public du Festival d’Avignon est très diversifié et vient d’horizons de vie différents. Nous allons essayer de le mobiliser au maximum. »répond Tiago Rodriguez.

C’est surtout l’intervention de Jade, une étudiante engagée d’Avignon, qui a fait sensation. « Nous sommes un peu déçus que les jeunes ne se mobilisent pas assez. Je vous invite à aller faire du remorquage dans les quartiers populaires où la culture n’est pas suffisamment accessible »elle dit. « Les jeunes sont très réceptifs et n’attendent qu’une chose : qu’on aille les voir. Beaucoup trop de gens ont des stéréotypes, se disant : « les quartiers sont nuls, on va se défoncer ». Ce n’est pas vrai, si tu as un peu de temps, va les rencontrer, ils seront les premiers touchés. »elle a déclaré sous les applaudissements.

Un grand rassemblement interprofessionnel est prévu mercredi 3 juillet place de l’Horloge, et d’autres devraient être organisés après les résultats du premier tour.

Malagigi Boutot

A final year student studying sports and local and world sports news and a good supporter of all sports and Olympic activities and events.
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