Ils ont séduit Louis Vuitton, Netflix, Yves Saint Laurent et même l’ONU avec leurs créations en réalité augmentée
Netflix, Louis Vuitton, Yves Saint Laurent, Puma, McDonald’s, Starbucks, Nespresso… Alors quel est le point commun entre ces entreprises de renommée mondiale ? C’est simple, ils ont été « phishing » le plus légalement possible par la société rochelaise Filter Maker. Co-fondée en 2020 par Jean-Baptiste Manson et Romain Cochard, tous deux âgés de 30 ans, cette start-up surfe depuis sur une vague de succès impressionnante. Spécialisée dans la création d’effets de réalité augmentée et de filtres numériques, elle aide les plus grandes marques mondiales à réinventer leur communication digitale.
« Nous créons des univers graphiques très ludiques qui permettent aux marques de s’adresser à leurs clients principalement depuis les réseaux sociaux, leurs propres applications, ou encore celles de consommateurs ordinaires ou d’influenceurs ». Vous n’avez pas encore tout compris ? « L’ère de la communication à grande échelle, diffusée dans les grands médias, grâce à des campagnes d’affichage ou des films diffusés en salles, n’a pas disparu, mais aujourd’hui, les marques souhaitent aussi entrer en contact avec leurs clients de manière moins intrusive, plus indirecte, de manière moins martelée », explique Jean-Baptiste Manson.
Pouvoir doux commercial
Cette communication suggérée, sorte de soft power commercial néanmoins invasif car moins détectable, se manifeste désormais via de courtes vidéos ou des applications dotées de filtres et de bibliothèques d’outils permettant d’interagir avec une marque depuis son smartphone. « La gamification (technique de marketing ludique, NDLR) est très présente. Il favorise la promotion d’une marque sans que le message soit vraiment essentiel. Nous avons donc créé pour Lindt un filtre avec lequel on peut s’amuser en avalant virtuellement des chocolats volants. Juste amusant. Pour Barilla, on nous en a demandé un qui transpose le visage du client d’après la scène du dessin animé « La Dame au Clochard », où ils mangent des spaghettis avant de s’embrasser. Cela relie sans problème les pâtes à une madeleine emblématique de Proust. Mais en fin de compte, cela mène à la marque qui héberge notre filtre.
Au-delà du plaisir, il existe également des effets pratiques indissociables de nos modes de consommation actuels. « Nos créations donnent la possibilité d’intégrer un poêle à bois dans votre intérieur via votre téléphone, ou de tester les couleurs d’un rouge à lèvres. Même chose chez Castorama pour qui nous avons développé un outil avec lequel vous pouvez évaluer graphiquement et en volumétrie la pose d’une clôture dans votre jardin », poursuit Jean-Baptiste Manson.
Coolitude
Plus surprenant, Filter Maker a également travaillé pour l’ONU. « Présenter, via un quiz, l’importance des ressources en eau de la planète, pour les préserver contre la consommation excessive et contre la pollution » ou créer du lien façon RH 3.0 dans les équipes de McDonald’s via des séquences ludiques et légères où il s’agit de montrer qu’on y travaille dans la « coolitude ». Un savoir-faire qui permet à la petite entreprise rochelaise, qui s’est efforcée d’être la référence sur Google dans son secteur d’activité, d’afficher un chiffre d’affaires de 300 000 euros. Une assise financière encore modeste, mais une clientèle impressionnante (plus de 500). « À nous de continuer à innover, prévient Jean-Baptiste Manson, car les usages et les modes évoluent rapidement dans ce secteur.