SÉRIE (6/6). Voilà une voiture que l’on n’a plus l’habitude de voir. Et pour cause, la Peugeot 605 n’est plus produite depuis 25 ans. Celle du Toulousain d’adoption Nenko, une 2.1 D, roule toujours malgré son presque million de kilomètres au compteur. Réunion.
Ne lui parlez pas de la vendre, il a encore plein de projets pour elle. Chauffeur de poids lourd à Toulouse, Nenko, 58 ans, a acheté sa Peugeot 605 en 2010 à un employé d’Airbus pour quelques centaines d’euros. Il faut dire qu’à l’époque elle avait déjà 15 ans et 350 000 km au compteur. Mais cela n’a pas découragé le routier bulgare, bien au contraire. Avec un Bac + 6, il s’y connait en mécanique et adore mettre les mains dans le cambouis. Quant à la carrosserie, en revanche, il n’a rien touché pour l’instant. « C’est la peinture d’origine. Je n’ai jamais eu d’accident avec. Il y a des petits accrocs, des rayures, un peu de rouille par endroits, mais je la laisse comme ça. Je la préfère naturelle. »
Nenko n’utilise sa 605 blanche que pendant les vacances et les week-ends. Il a voyagé avec elle en Allemagne, en Suède et en Italie. En semaine, d’autres personnes l’utilisent, car du lundi matin au vendredi soir, le chauffeur est sur la route au volant de sa 44 tonnes. Il laisse donc sa berline au dépôt, ne la ferme jamais à clé et laisse les clés sur le contact. Ses collègues et amis peuvent l’utiliser à leur guise. L’un d’eux l’utilise régulièrement pour se rendre au Luxembourg. Cela représente 2 000 kilomètres de plus à chaque aller-retour. Mais Nenko s’en fiche.
Près d’un million de kilomètres au compteur
Aujourd’hui, sa Peugeot a dépassé les 965 000 kilomètres et elle roule toujours grâce à un entretien constant. Deux règles auxquelles Nenko ne déroge pas : il ne met que du gasoil Excellium dans son réservoir et n’hésite pas à prendre la batterie la plus chère du marché. C’est celle utilisée dans les véhicules équipés du Start & Stop. « Elles sont beaucoup plus puissantes et tiennent parfaitement le coup. Je pense que la batterie coûte plus cher que la voiture ! », rigole-t-il.
Selon lui, la maintenir en état de marche ne lui coûte pas grand-chose. « Je fais absolument tout dessus. Comme il n’y a pas d’électronique dans cette voiture, ce n’est vraiment pas compliqué. Je fais 3 à 4 vidanges par an et s’il y a le moindre problème avec une pièce, je la remplace par une neuve. Pour les pièces, je les récupère chez un ami en Bulgarie qui travaille dans un centre de distribution automobile. Cela ne me coûte presque rien, juste les frais de port. » Reste que pour un modèle de voiture dont la production s’est arrêtée en 1999, trouver des pièces constructeur n’est pas toujours évident. Mais Nenko y parvient, presque à chaque fois. « La seule pièce que je n’ai pas trouvée d’origine, c’est le radiateur. J’ai donc acheté un radiateur qui convient. On trouve toujours de tout. J’achète souvent des pièces en double ou en triple exemplaire pour avoir tout ce dont j’ai besoin. Dans mon garage, j’ai trois pompes à injection par exemple. » (Rires)
Quelques « réglages » avant le contrôle technique
Le chauffeur du camion ne trouve que deux défauts à cette voiture : son système de climatisation qui ne dure pas plus de quatre ans et son compteur kilométrique. Le câble s’use trop vite selon Nenko qui l’a déjà changé trois fois. « A chaque fois que je dois passer le contrôle technique, je le démonte pour en mettre un avec un faible kilométrage, seulement 226 000 km, pour ne pas effrayer le technicien (rires). » Et cela peut surprendre mais le contrôle technique n’est, à chaque fois, qu’une formalité. « Je le passe sans problème, sans jamais avoir à faire un deuxième contrôle. Juste avant, je resserre un peu la vis du carburateur et comme ça, niveau pollution c’est parfait », explique-t-il.
Son seul souci du moment, c’est la Zone à faibles émissions (ZFE) de Toulouse. Comme sa voiture a presque 30 ans, elle n’a pas de vignette Crit’Air. Pour pouvoir continuer à rouler, il va l’adapter aux nouvelles normes. Il a contacté une entreprise française agréée qui va installer un système bicarburant qui fonctionnera à 40 % d’essence et 60 % de diesel. « Il s’installe dans le coffre, à la place de la roue de secours, explique-t-il. Comme ça, j’aurai la Crit’Air 1 et je pourrai continuer à l’utiliser. » Le routier a aussi un autre projet. Lorsqu’il sera à la retraite dans trois ans, il compte la ramener à Rousse en Bulgarie et refaire « toute la carrosserie pour qu’elle soit impeccable ». La 605 de 1995 vivra ses jours heureux sur les bords du Danube.