« Ils jouent selon ma vision des choses, c’est donc ma faute », pointe Ronan O’Gara
TSauf omniprésent en conférence de presse cette saison, le Rochelais Ronan O’Gara ne fait jamais le déplacement à vide devant les micros. Mesuré ce samedi à Dublin, avec un recul aussi grand que le score (40-13) du quart de Coupe des Champions perdu face au Leinster – « J’ai été obligé de gérer mes émotions, compte tenu de mon bilan d’indiscipline (sourire) » –, l’Irlandais C’était bien plus cash ce jeudi, à deux jours d’aller défier Castres à Pierre-Fabre (samedi, à 15 heures).
TSauf omniprésent en conférence de presse cette saison, le Rochelais Ronan O’Gara ne fait jamais le déplacement à vide devant les micros. Mesuré ce samedi à Dublin, avec un recul aussi grand que le score (40-13) du quart de Coupe des Champions perdu face au Leinster – « J’ai été obligé de gérer mes émotions, compte tenu de mon bilan d’indiscipline (sourire) » –, l’Irlandais C’était bien plus cash ce jeudi, à deux jours d’aller défier Castres à Pierre-Fabre (samedi, à 15 heures).
« Dans un autre monde », il a des messages à faire passer. Au grand public et à ses joueurs, même s’ils en ont eu un avant-goût au début d’une semaine durant laquelle, selon Will Skelton, le manager était plutôt en retrait. « C’est beaucoup plus dur aujourd’hui, on est encore en train de digérer mais c’est de pire en pire, de jour en jour », confie O’Gara. Je ne supporte pas mes adjoints, je suis complètement dépassé par la défaite… Non. D’ailleurs, honteux. Je suis très perturbé. C’est une journée sombre et je dois en assumer la responsabilité. Quand on joue comme ça, il faut se poser les bonnes questions. Nous n’avons pas respecté le maillot. »
« Peut-être que c’était nous »
Et le technicien fait le rapprochement avec les quarts de finale de la Ligue des champions de football, mardi et mercredi. Le PSG puis le Real se sont qualifiés à l’extérieur, à Barcelone et Manchester, et « j’ai fait une énorme erreur en les regardant, en voyant l’état d’esprit d’une équipe de France qui se battait, puis en voyant un grand manager, Carlo Ancelotti. Nous l’avons fait… Je suis dans une situation difficile. Quand on tombe, il faut se relever. Ce n’était pas nous samedi. Ou peut-être que c’était nous. »
« On n’est plus double champions d’Europe, c’est fini, on est un club qui n’a pas gagné de Bouclier »
Cette remarque n’est pas anodine. Cette saison, les Rochelais pensent trop que s’ils jouent à leur niveau, ils seront dans le match. Sauf que « ROG », qui pointe le manque de précision à l’Aviva Stadium, avoue ne pas savoir quel est le véritable visage actuel de son équipe. « Les opportunités manquées ne sont pas possibles. Oui, certains ne sont pas confiants mais penser que les dirigeants vont tout arranger… Ils sont là depuis trois semaines et nous n’avons pas changé. C’est un peu l’histoire de cette saison. C’est à moi, dans les jours ou semaines à venir, de montrer que nous pouvons faire quelque chose. Pour l’instant, on ne peut pas dire qu’il y ait quoi que ce soit. »
Ronan O’Gara vante le caractère de son groupe. « Mais l’état d’esprit fonctionne s’il y a un travail sans ballon, une bonne forme physique, une capacité à scanner, à communiquer en courant, à indiquer les espaces, l’envie d’avoir le ballon, l’envie de prendre des décisions, des responsabilités, énumère-t-il en énumérant les défauts de Dublin. Nous n’avons pas testé la « défense précipitée » du Leinster, nous n’avons dépassé le ballon qu’une fois toutes les quatre-vingts minutes. Mais ce ne sont pas les joueurs, c’est moi. Ils jouent selon ma vision des choses, donc c’est de ma faute, et ça me pèse énormément. Je dois me regarder dans le miroir et revenir plus fort. »
« Arrêter maintenant! » »
Selon lui, il n’a pas été suffisamment alerté par la défaite des Bleus contre l’Irlande en ouverture du Tournoi (17-38). Et ici, pas question de se désolidariser de son équipe, contrairement à ce qu’il a fait après la défaite à Lyon. « J’aurais dû anticiper comme un bon entraîneur, en disant aux joueurs : ‘plus vite, plus précis, plus en forme, un meilleur plan de jeu, ça nous donne ça… Où en sommes-nous ? Sommes-nous différents ? Non, si nous ne travaillons pas, nous ne le faisons pas. » Quel est notre jeu ? Qui a pris la décision ? il demande. J’adore mes joueurs, je ne vais pas en cibler un mais d’un point de vue général, qui a pris la décision ? On est trop lisible si on joue comme ça (il cache un œil). Maintenant, en ce moment, on joue comme ça (il cache le second). Ils ont changé ma vie d’entraîneur, j’espère qu’ils ont changé la leur de joueur, mais arrêtez maintenant ! »
« On ne peut pas tout gâcher avec une défaite comme celle-là. Je n’aurais jamais imaginé un 40 à 13 en faisant du jogging le samedi matin. Quand on est double champion d’Europe, on perd beaucoup de respect en perdant comme ça. Je n’ai pas reçu une seule gifle, mais cinq gifles à l’arrière de la tête. On ne s’en remet pas comme ça, glisse-t-il. Il y a trop de « mais » et de « si ». Mais ce qui est bien c’est qu’on n’est plus double champions d’Europe, c’est fini, on est un club qui n’a pas gagné de Bouclier. Ce sera peut-être super facile de se concentrer là-dessus, mais j’ai besoin d’un match pour confirmer notre volonté de faire quelque chose. » Donc cette semaine, les entraînements ont été plus intenses, plus intenses, avec plus d’efforts sans ballon qu’à Dublin. C’est désormais à ses joueurs de donner des réponses à Ronan O’Gara à Castres.