« Ils étaient trop confiants » : les faillites d’agents immobiliers ont presque doublé en un an
« Too big to fail ». Ce principe, mis à mal par la faillite de la banque américaine Lehman Brothers en 2008, est aussi remis en cause par la crise immobilière qui touche la France. L’envolée des taux de crédit, qui ont quadruplé en moins de deux ans, a fait des ravages dans les agences immobilières. Près de 700 structures ont baissé pavillon au premier semestre, selon une étude du cabinet Altares, expert des défaillances d’entreprises. C’est presque deux fois plus qu’il y a un an, à la même période.
Autre chiffre glaçant : plus d’un quart (27%) des agences ayant fait faillite existent depuis plus de 15 ans. C’est presque autant que les structures les plus touchées (entre 6 et 10 ans d’activité). Le taux de faillite est deux fois plus élevé que pour les jeunes agences (entre 3 et 5 ans). Cela montre la force d’une crise qui ne touche plus seulement les petites agences.La masse salariale pèse de plus en plus sur les grandes agences qui ont fait preuve d’un excès de confiance en pensant que la situation allait s’améliorerdécrypte Thierry Millon, directeur d’études chez Altares. Il aurait été plus sage de se séparer de 2-3 personnes pour éviter la faillite.»
Un ralentissement en deuxième mi-temps ?
La vitesse des faillites est d’autant plus grande dans l’immobilier que le marché peine à redémarrer malgré la baisse des taux de crédit, même si les Français aiment toujours l’immobilier. La crise politique n’a fait qu’amplifier l’inaction des particuliers. Reste à savoir si le prochain gouvernement prendra des mesures, notamment pour relancer la construction de nouveaux logements. Car les agents immobiliers ne sont pas les seuls en difficulté.
Les promoteurs et constructeurs de maisons, stars pendant le Covid et qui ne trouvent désormais plus d’acheteurs, sont eux aussi en difficulté. Pour les premiers, le nombre de faillites a presque doublé en un an (de 56 à 103), selon Altares. Pour les seconds, elles ont grimpé de plus de 41% entre les premiers semestres 2023 et 2024. La Fédération du bâtiment, qui s’attend à la perte de 150.000 emplois dans le secteur de la construction d’ici 2025, en a déjà recensé 25.000 au premier trimestre.Malheureusement, ce n’est encore qu’un début et nous nous dirigeons vers une chute vertigineuse d’ici la fin de l’année.« , a prévenu son président Olivier Salleron. Pour les agents immobiliers, le pic de faillites atteint en 2009 (plus de 1200), ne sera pas dépassé, selon Altares qui anticipe une « Ralentissement des défaillances au second semestre« Un moindre mal que de tenter de redonner un peu confiance aux individus.